Paysage Produits phytosanitaires : que faire en 2017 ?
Alors que la loi qui vise à interdire l'utilisation des produits phytopharmaceutiques dans les espaces verts devrait bientôt entrer en vigueur, le débat subsiste autour de la manière d'agir sur le terrain.
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Si l'amendement 814 de l'article 18 bis de la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, portée par Ségolène Royal, ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, est adopté, l'usage des produits phytosanitaires sera définitivement interdit dans les espaces publics, notamment l'entretien des voiries,à partir du 31 décembre 2016.
Cet amendement vient renforcer les dispositions de la loi 2014-110, dite loi Labbé, qui prévoyait l'interdiction de l'usage des produits phytopharmaceutiques dans les jardins publics à l'horizon 2020. Quant aux usages par les particuliers, interdits à partir de 2022, ils risquent fort d'être retirés aussi beaucoup plus rapidement.
Personne n'a défini ce qu'est un produit dangereux !
Alors, que faire au 1er janvier 2017 ? Force est de constater que des délais si courts ne permettront pas de disposer de solutions de remplacement tant la mise au point de méthodes de biocontrôle s'avère longue et compliquée. C'est ce qui est ressorti d'une journée d'échanges entre l'Association des journalistes du jardin et de l'horticulture (AJJH) et l'Union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces publics (UPJ), à Bourth (27), lors de la visite de l'usine de Scotts qui fabrique des produits de synthèse et d'autres biologiques.
L'ambiguïté de ces lois tient au fait que les politiques ont une vision manichéenne : les produits de synthèse sont dangereux alors que les produits naturels sont sains ! Un principe parfois battu en brèche au regard du classement toxicologique : ceux de synthèse s'avèrent moins dangereux que certains pourtant biologiques ! Tout cela parce que personne n'a clairement défini ce qu'est un produit dangereux ! Surtout que, face à des risques grandissants, mieux vaut agir rapidement avec la pharmacopée disponible. Cela aurait évité, par exemple, le développement et l'extension du frelon asiatique aujourd'hui impossible à éradiquer !
D'autant que les solutions biologiques actuellement disponibles n'apportent pas toujours les réponses attendues. C'est notamment vrai en matière d'herbicides, la plus grosse utilisation de produits phytosanitaires. Les solutions mécaniques pures ne sont pas toutes satisfaisantes pour les opérateurs et l'environnement. Les acides acétique et pélargonique ont des efficacités relatives. Mais, note cet observateur, « si un herbicide biologique s'avère aussi efficace que le glyphosate, ce dernier va rapidement disparaître ! »
Allier méthodes conventionnelles et alternatives
Reste que l'usage, massif et souvent pas assez réfléchi, des produits de synthèse au cours des dernières décennies n'est pas défendable non plus. La facilité apparente et la « pression commerciale » ont entraîné des traitements pas toujours fondés. Ils ont néanmoins permis de juguler des maladies et des ravageurs, de limiter la concurrence des mauvaises herbes et d'améliorer la production, ce qui avait été demandé aux producteurs pour répondre aux besoins de la population. En fin de compte, tout excès est dommageable et finit par être contreproductif...
La raison voudrait, en attendant de trouver de nouvelles voies, de gérer celles dont nous disposons déjà. Nul doute que la solution passe par une alliance des méthodes conventionnelles et alternatives car chacune d'elles a ses limites. Parfois, aucune intervention n'est nécessaire, la nature se rééquilibrant d'elle-même. L'intelligence ne serait-elle pas à une approche pragmatique intégrant toutes les possibilités et les limites, avec les avantages et les inconvénients, pour trouver la « thérapie » adéquate et la moins préjudiciable ?
Patrick Glémas
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