SERGE TSVÉTOUKHINE, DIRECTEUR DU SALON DU VÉGÉTAL, À ANGERS (49) « Le Salon du végétal évolue pour tenir compte des mutations »
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
La prochaine édition du salon phare de la filière horticole aura lieu du 16 au 18 février 2016. Alors que la manifestation marque le pas, ses organisateurs ont choisi de la faire évoluer en profondeur pour qu'elle retrouve tout son lustre. Serge Tsvétoukhine dévoile en partie ce à quoi il faut s'attendre l'an prochain.
Vous avez réuni un groupe de travail pour réorganiser le Salon du végétal. Expliquez-nous cette démarche ?
Nous avons rassemblé, au mois d'avril dernier à Angers, vingt-quatre exposants producteurs, fournisseurs, professionnels du paysage ou des médias, afin qu'ils proposent des actions permettant d'améliorer l'efficacité et l'attractivité du Salon. Le marché évolue, les besoins des visiteurs et des exposants ne sont plus les mêmes qu'il y a dix ans. Nous devons nous adapter à cette nouvelle donne, sinon cet événement professionnel risque de voir son attrait s'éroder.
Quels sont les grands axes qui sont ressortis de ce travail ?
Pour ne retenir que les principaux, l'édition 2016 sera centrée sur un sujet fort, « Le jardin en ville », plutôt que sur une thématique générale comme nous avons pu en avoir auparavant, à l'instar d'« Osons le végétal » ou « Passez au vert ». Et nous allons fortement inciter les exposants à adapter leur stand à ce thème. Autre élément important, le renforcement des pôles. Beaucoup ont été créés au fil du développement de ce rendez-vous. Ils font désormais place à quatre grands secteurs, à savoir : Commerce et Distribution, Production, Paysage et Espaces verts et Fleuristerie. L'identité de chacun sera renforcée et les exposants vont devoir déterminer dans quel univers ils souhaitent être présents, sachant que certains ont déjà fait le choix d'exposer dans deux univers pour marquer leur présence dans le monde de la production et du paysage, par exemple. Les enquêtes l'ont bien montré et le comité de réflexion l'a confirmé : les visiteurs veulent du neuf, découvrir de nouvelles gammes, être surpris ! Un effort particulier sera donc fait pour élargir la palette végétale ainsi que les différents produits et services annexes.
Cela va-t-il se traduire, dans les allées, par une organisation différente ?
Oui, tout comme on revoit l'implantation dans un magasin ou la gestion des espaces verts d'une ville, le Salon du végétal évolue pour tenir compte des mutations du marché et des attentes des exposants et des visiteurs. L'espace Paysage et Espaces verts va, pour sa part, se situer dans le hall Amphitéa, qui accueillait jusqu'ici celui de la Fleuristerie. Au fond, 200 m2 de jardins conçus par un paysagiste connu permettront de présenter les tendances du jardin urbain dans ses différentes composantes. À côté, se trouvera un espace de conférences réservé à ce pôle : elles ne seront plus organisées dans des salles fermées mais au coeur de la manifestation. Le Grand Palais sera réservé aux producteurs et au pôle Distribution. La partie basse de Novaxia sera consacrée aux jeunes plants. La partie haute, après les escalators, accueillera l'agrofourniture. Enfin, les exposants étrangers sous pavillon et la fleuristerie seront installés dans Ardésia, le dernier hall construit. Un espace Innovation regroupera l'Espace inspiration® et le stand où sont exposées les nouveautés présentées au concours Innovert®. Là se trouvera aussi un espace de conférences ouvert pour les sessions courtes de 20 minutes consacrées à la Prospective.
Cette organisation ne risque-t-elle pas de déstabiliser des exposants « historiques » ?
Lorsque l'on change les choses, il est inévitable que certaines personnes se sentent heurtées. Mais nous avons déjà bien entamé la démarche de commercialisation du salon 2016, et les premiers retours sont positifs. Nous avons expliqué aux professionnels pourquoi ils ne pourront plus avoir leur stand au même endroit qu'avant, mais une fois que ce travail est fait, en général, les conséquences sont bien acceptées.
Faut-il s'attendre à des nouveautés autour du Salon ?
Oui, nous avons travaillé sur l'accessibilité. Nous essayons de mettre en place des bus pour acheminer les visiteurs des grandes villes les plus proches vers Angers, avec départ le matin, retour le soir. Des départs pourraient avoir lieu de villes comme Orléans (45), Rennes (35), Lorient (56), etc. Par ailleurs, des sessions de formation seront mises en place pour encourager les acheteurs professionnels à se rendre à Angers.
Revenons sur le thème de 2016. Pourquoi ce choix ?
La question du végétal et de la nature en ville n'a jamais été aussi importante. On le voit au travers des sujets du moment : agriculture urbaine, végétalisation des terrasses-toitures, immeubles « verts », réappropriation de l'espace public par les habitants... En Europe, 73 % de la population vit en zones urbaines. Au niveau mondial, cette proportion est de plus de 50 %, une part qui devrait atteindre 66 % en 2050. Plus qu'un thème, il s'agit d'un enjeu pour l'avenir. Face à ce développement, la ville se végétalise progressivement et de nombreux projets sortent du béton tous les mois. L'idée est de proposer aux visiteurs de découvrir des gammes spécifiques de végétaux, produits et services, en les organisant autour de ces éléments. Les bonnes pratiques et les solutions aux problématiques liées à cet univers seront aussi abordées.
Enfin, il est ressorti des enquêtes une forte demande de renforcement de la professionnalisation du Salon et d'éviter le grand public. Qu'en sera-t-il l'an prochain ?
Une part importante d'exposants nous a effectivement exprimé le besoin de se concentrer uniquement sur des contacts professionnels. La demande d'e-badges sur internet sera sécurisée et des contrôles aux entrées seront effectués afin d'interdire l'accès à la manifestation pour les particuliers.
Y aura-t-il d'autres changements pour 2017 et plus tard ?
Bien sûr, les idées qui ont été émises lors de la réunion d'avril et que nous avons choisi de creuser ne pourront pas toutes être mises en oeuvre l'an prochain. Mais au-delà de l'impulsion que nous avons choisi de donner cette année, il ne faut pas oublier que cet événement a toujours évolué en fonction du contexte économique, professionnel et technologique.
Propos recueillis par Pascal Fayolle
Pour accéder à l'ensembles nos offres :