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Printemps horticole 2016 : un cumul d'obstacles

La pluie a trop fréquemment perturbé la saison de printemps 2016. Les clients ont boudé les points de vente, même si ceux des producteurs détaillants ont mieux tiré leur épingle du jeu que les jardineries.PHOTO : ODILE MAILLARD

La saison va marquer durablement la filière, qui ne peut traverser cette épreuve qu'au coude à coude pour soutenir ses professionnels auprès des pouvoirs publics et acteurs financiers : tels sont les enseignements de notre indicateur Médioflor/Lien horticole.

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Autant la saison de printemps 2015 avait été satisfaisante et rassurante pour bon nombre d'acteurs, autant celle de 2016 a été une course d'obstacles rapprochés. À l'occasion des principales fêtes calendaires favorables aux plantes et fleurs (Saint-Valentin, 1er mai et fête des Mères), les ventes n'ont pas émergé de manière significative pour sauver la saison. Certains producteurs et distributeurs la qualifient de « pire jamais connue... »

Temps déplorable

TROP ARROSÉ, PLUTÔT FRAIS ET PEU ENSOLEILLÉ

La pluie et le froid ont souvent dominé ce printemps. La fin du mois d'avril et le début du mois de mai ont connu un net rafraîchissement avec de nombreuses gelées tardives. Les précipitations ont été trop fréquentes sur une grande partie de l'Hexagone et la fin mai a été marquée par un passage anormalement pluvieux avec des cumuls exceptionnels dans le Centre, l'Île-de-France, la Picardie et la Bourgogne, provoquant crues et inondations, plaçant ce printemps parmi les plus arrosés des 100 dernières années, avec, dans ces régions un excédent de précipitations de plus de 70 %. L'ensoleillement a quant à lui fait défaut. Toutes les cultures ont donc accusé un retard de croissance et d'arrivée à maturité, particulièrement chez les producteurs ayant peu ou pas chauffé.

Accumulation de faits

MOINS DE JOURS FÉRIÉS ET CLIMAT SOCIAL DÉGRADÉ

Alors que le mois de mai 2015 comptait 4 jours fériés situés en semaine, permettant d'organiser 4 week-ends prolongés favorables aux ventes en jardinerie, mai 2016 n'offrait que 2 jours en semaine, le jeudi de l'Ascension et le lundi de la Pentecôte. Et comme si cela n'était pas suffisant, le climat social s'est dégradé de mi-mai à mi-juin : pénurie de carburant, blocages divers et variés, qui ont nettement pénalisé le commerce en général et celui des plantes et fleurs en particulier. Résultat : la diminution moyenne des ventes est de l'ordre de 20 %, variable selon les circuits de distribution.

Production en retard

NOMBREUSES PERTES ET IMPORTATIONS AU RALENTI

Beaucoup de producteurs ont fait le choix de ne pas ou peu chauffer. Par manque de chaleur et de lumière, les végétaux ont pris du retard. Les quantités mises en culture étaient déjà en diminution d'année en année, par prudence pour beaucoup mais aussi à cause de nombreuses cessations d'activité. Cette année, elles étaient identiques voire moindres que l'an passé mais, selon les exploitations, de 5 à 30 % de ces quantités cultivées, depuis les bisannuelles jusqu'à la fin des annuelles et parfois les plants potagers, ont pris le chemin de la benne. Les pertes ont été plus importantes dans la moitié nord de la France que dans la moitié sud.

Pour les exportateurs néerlandais, principaux fournisseurs du marché français, le commerce s'est également révélé difficile sur tous les segments (grossistes, grandes surfaces, fleuristes et jardineries pour les ventes de fleurs et de plantes), bien qu'ils enregistrent quand même une progression de 2 % par rapport à 2015 qui avait déjà affiché une hausse de 12,5 % sur l'année précédente.

Consommation en berne

LES DÉTAILLANTS ONT MOINS SOUFFERT QUE LES JARDINERIES

Les producteurs détaillants ont qualifié la saison d'un peu compliquée, mais ont clairement renforcé leur image de spécialistes des végétaux d'ornement et végétaux pour le potager. Ils commencent à bénéficier de l'attention des consommateurs animés par le « retour vers le local » et l'intérêt pour les productions de proximité. Ces entreprises de petite taille font preuve d'une très bonne capacité d'adaptation dans ces situations climatiquement et socialement incertaines. Elles s'adaptent aux changements, pour peu qu'elles prennent en compte les évolutions et utilisent les moyens de communication actuellement disponibles. Leur adhésion à un réseau de producteurs détaillants renforce ces avantages. Elles ont souvent pu recycler les invendus de plants et pots de 10 cm en gros pots, coupes ou jardinières prêtes à poser. En comparaison de la saison 2015, la progression se situe entre étale et - 5 % en fonction des régions.

En jardineries, selon la taille, le besoin d'anticipation et d'organisation ne permet pas la même souplesse que chez les producteurs détaillants. Que ce soit dans les jardineries d'enseigne ou indépendantes, cette saison a été « compliquée à très difficile ». Les plants potagers et condimentaires, qui d'habitude lancent la saison après les plantes printanières, sont restés en rayon à cause de la pluie, qui a redoublé tous les week-ends, et le manque de carburant pendant la plus grosse semaine de ventes attendues a découragé les quelques acheteurs motivés. Le retard n'a pas été rattrapé. Dans les grandes zones urbaines, les consommateurs se tournent maintenant vers leurs vacances estivales. Les jardineries qui ont cependant pris le risque de réapprovisionner des plantes prêtes à poser pour le mois de juin et la fête des Pères ont réalisé quelques bonnes journées, remontant du coup une petite partie du handicap. La perte de chiffre d'affaires annoncé se situe en moyenne entre 10 et 20 % pour l'ensemble des rayons. Quant aux périodes d'animations, comme celle de la fête des Mères, elles n'ont pas occasionné de sursaut dynamique.

Adaptation difficile

UNE DEMANDE ERRATIQUE DE PETITES QUANTITÉS

Les fleuristes indépendants ou sous enseignes ont vécu une fête des Mères « moyenne à bonne ». Les achats destinés aux cadeaux se sont surtout dirigés vers les fleurs coupées, préférées aux plantes en pots ou petites plantes de pépinière. Les prix des fleurs coupées et des Phalaenopsis, principal choix pour cet événement, étaient en hausse. Les approvisionnements ont eu lieu au compte-gouttes par très petites quantités, car en dehors des journées calendaires dédiées aux fleurs et plantes, le marché de printemps s'est révélé assez triste pour ce segment. Les grossistes et producteurs grossistes ont eu beaucoup de mal à suivre cette demande erratique de petites quantités à livrer dans l'urgence. Le niveau des prix d'achat des fleurs et plantes était assez élevé en mai pour la fête des Mères. Les GSA (grandes surfaces agricoles) et GSB (grandes surfaces de bricolage) ont écoulé au mieux les végétaux selon leurs principales dates d'opérations. Mais pour ces circuits, la saison a également été compliquée.

Situation générale

TOUTES LES FAMILLES DE PRODUITS À LA PEINE

Les plants potagers et condimentaires n'ont pas fait recette cette année. Les rayons n'ont pas été renouvelés comme lors des saisons précédentes, ce qui a provoqué un engorgement chez les producteurs avec des conséquences visibles sur la qualité moyenne des végétaux.

Les potagères et condimentaires en pots, bacs ou jardinières, vendues au stade de prématurité, ont mieux tiré leur épingle du jeu, surtout fin mai début juin.

Pour les traditionnelles plantes à massif en barquettes ou pots de 10 cm, les acteurs parlent d'un effondrement, surtout au sein des zones urbaines, alors qu'elles représentaient auparavant une bonne partie du chiffre d'affaires. Dans les zones rurales ou semi-urbaines, la vente est toutefois un peu moins mauvaise.

Les potées prêtes à poser, en pots, coupes, bacs ou jardinières ont également été victimes du cumul d'obstacles, bien que dans une moindre mesure. Dans les courtes périodes ensoleillées, ce type de produits remplissait les Caddies. Les compositions de plantes ont, dans la mesure du possible, trouvé leur marché. Par contre, les suspensions montrent un fléchissement plus marqué. Et le temps gris n'a pas inspiré les consommateurs à acheter des plantes méditerranéennes qui avaient enregistré une forte progression les saisons précédentes. En ce qui concerne les sujets en pots classiques, les bégonias et les hortensias affichent un recul conséquent mais les belles potées de géraniums résistent. La fête des Mères n'y a rien changé. Le marché des dipladénias, en forte croissance depuis des années, est arrivé à maturité. On constate une stagnation de la demande et une très forte concurrence sur les prix, quelle que soit la présentation : petits ou gros pots, plantes palissées, jardinières, coupes. Les ventes des Phalaenopsis, très importantes au moment de la fête des Mères, ne se sont pas emballées au fil de cette saison. Et ce malgré une forte concurrence sur les prix et une augmentation significative du niveau qualitatif des arrivages.

Brand Wagenaar

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