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Une Toussaint passable malgré des conditions favorables

Il restait encore des plantes en rayon le 2 novembre chez de nombreux détaillants qui ont dû les écouler en promotion jusqu'au 11 novembre.

Météo clémente et jour férié bien positionné auraient dû faire de la Toussaint 2016 un bon cru. Il est finalement moyen. Fleurir les cimetières perd en attractivité au fur et à mesure que la population vieillit : tels sont les enseignements de notre dernier indicateur Lien horticole/Medioflor.

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La météo clémente du mois d'octobre a été ponctuée par un long week-end de Toussaint estival qui s'est étalé sur quatre jours du vendredi 28 octobre au mardi 1er novembre inclus. D'habitude cette configuration de week-end est très favorable aux ventes et la météo très ensoleillée aurait dû booster les achats. Malgré cette conjonction favorable, les ventes prévues se sont réalisées, mais sans plus, avec pas ou peu de réassorts le lundi 31 octobre de la part des points de vente. Il restait encore des plantes en rayon le mercredi 2 novembre chez de nombreux détaillants qui ont dû écouler en promotion les végétaux qui restaient jusqu'au 11 novembre. Ce constat général cache une multitude desituations particulières : les ventes ont été meilleures dans le sud que dans le nord de la France, chez les producteurs détaillants que dans les jardineries et les zones rurales affichent de meilleurs résultats que les zones urbaines.

Des angoisses provoquées par les pucerons et les thrips

Les quantités de chrysanthèmes mises en culture en France et au nord de l'Europe diminuent chaque année et le nombre de producteurs qui y consacrent de l'énergie et du temps se restreint également rapidement. La fourchette d'estimation est assez large mais elle cumule sur 5 ans une baisse des quantités située entre 30 et 50 %. Pendant ce temps, la culture de plantes variées pour assemblage et des contenants prêts à poser, tels que les balconnières et les coupes, ont régulièrement augmenté pour satisfaire la demande.

En ce qui concerne le stade de floraison, la météo très ensoleillée a provoqué quelques angoisses chez les producteurs, en raison d'une recrudescence de pucerons et de thrips et à cause d'une induction florale plus tardive. L'avancement de la maturité et de la coloration était parfois très juste. Cette situation a toutefois favorisé l'étalement de la vente qui a donc pu se poursuivre jusqu'au 11 novembre.

Les prix payés aux producteurs stagnent depuis plusieurs années en dépit de la baisse des quantités cultivées et malgré des innovations : pot en trois couleurs ou plus, forme de fleurs, contenants.

De multiples tendances chez les distributeurs

La grande distribution (27 % des volumes écoulés) a mis en place ses opérations en proposant bien souvent 3 plantes pour le prix de 2. Tout a été livré et presque tout a été liquidé, mais à quel prix ? Les offres hyper médiatisées de ce produit en promotion installent dans l'esprit des consommateurs un prix de référence très bas qui impacte le niveau des ventes des autres circuits de distribution quelle que soit la taille de plante ou la qualité.

Les achats effectués chez les producteurs détaillants (18 % des volumes) se sont très bien déroulés, principalement en zone rurale et dans la moitié sud de la France. La relation continue entre ces points de vente et une clientèle traditionnelle et fidèle a permis en amont d'ajuster l'offre à la demande en termes de quantité et de présentation, mais surtout de vendre à un prix encore rémunérateur.

Les fleuristes perdent régulièrement des parts de marché en volume (17 %), mais gardent encore la deuxième place en valeur. Les produits sont mieux travaillés et présentés que dans les autres circuits de distribution. Pour les fleuristes, la Toussaint est de plus en plus un marché de commande et non plus d'étalage.

Les points de vente en jardinerie spécialisée affichent une certaine déception. Entre 14 et 15 % des volumes passent par ce circuit, et malgré un effort de largeur de gamme et de présentation, la commercialisation a traîné en longueur, s'étalant du 29 octobre au 3 ou 4 novembre.

Cette année, les clients se sont principalement orientés vers les plus petits prix. Le panier moyen est en diminution comparativement à l'an passé.

De 23 à 25 % des quantités produites, transitent encore par d'autres circuits plus ou moins officiels, mais le nombre d'acteurs de ce marché toléré diminue rapidement.

Les chrysanthèmes d'exception, cascades, plantes de gros volume et autres spécialités représentaient un segment intéressant par le passé pour le fleurissement des villes et villages de France. Malheureusement, en raison de restrictions budgétaires, ce marché s'amenuise.

Les offres « produits » se diversifient toujours

Les chrysanthèmes représentent près de 75 % des ventes pour cette période, mais cette dénomination regroupe une grande diversité de plantes et de présentations.

Les chrysanthèmes traditionnels à grosse fleurs disparaissent progressivement des cimetières. Ce type de plante représente actuellement moins de 10 % de l'offre. Par contre, vu la rareté de l'offre, les prix n'étaient pas trop bataillés.

Ce sont les catégories de plantes dites multifleurs ou pomponettes qui composent la majeure partie de l'offre, cultivée en pots de 19 cm (3 l) et 17 cm (2 l). Les couleurs jaunes ou blanches ont été le plus demandées. Cependant, lorsqu'il y avait le choix, les clients se sont toujours orientés vers l'offre la moins chère.

La tendance de diversification consistant à cultiver 3 couleurs différentes au sein d'un même contenant avait gagné progressivement une part importante des productions, entre 25 et 33 % selon les producteurs, mais cette mode semble avoir trouvé ses limites.

Les cyclamens et principalement les mini-cyclamens (10 % des ventes) se sont très bien vendus. L'offre était présente en quantité suffisante, de très bonne qualité pour répondre à une demande soutenue.

Les bruyères globularis étaient trop fleuries, mais les bruyères calluna se sont, quant à elles, plutôt bien commercialisées.

Ce sont les assemblages de plantes en jardinières, coupes et autres contenants qui ont le plus séduit les clients pour cette Toussaint 2016. Ce qui explique en partie la bonne demande de cyclamen, bruyères calluna, chrysanthèmes en petits contenants et autre plantes à feuillage.

Pas ou peu de transfert vers d'autres usages

Le déclin que l'on constate d'année en année devient préoccupant pour tous les acteurs de la filière concernés par ce chrysanthème qui colore et égaye nos automnes d'une palette extraordinairement variée de formes et de couleurs. Les ventes de septembre et octobre, en dehors des ventes spécifiques de Toussaint, ne sont pas encourageantes en France.

En dessous d'un seuil de quantité et de rentabilité qui se rapproche, les obtenteurs, producteurs et distributeurs vont se désintéresser de cette culture relais qui permettait pourtant, dans un passé pas si lointain, de bien passer l'hiver.

Malgré les multiples utilisations possibles, en raison de toutes les qualités que présente cette espèce, le transfert vers différents usages autres que l'ornement mortuaire reste un voeu pieux porté par un trop petit nombre d'acteurs.

N'est-ce pas là un défi de filière que d'initier une concertation commune (obtenteurs, producteurs, distributeurs, consommateurs) et de mettre en oeuvre tous les moyens de promotion et de communication nécessaires et suffisants pour sortir cette espèce du cimetière où elle s'étiole doucement mais sûrement ?

Brand Wagenaar

Tendance L'association de 3 couleurs dans un contenant avait gagné une large part des productions, mais cette mode semble avoir trouvé ses limites.

Diversification Les chrysanthèmes peuvent prendre place dans le fleurissement des villes (ici à Deauville, 14). Mais les restrictions budgétaires limitent aussi cet usage.

Prix Les promotions très médiatisées installent dans l'esprit des consommateurs un prix de référence très bas, impactant les autres circuits de distribution.

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