Quel est votre diagnostic ? C'est l'alternariose de la cinéraire
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DÉTECTION
L'alternariose de la cinéraire est une maladie cryptogamique due au champignon parasite Alternaria senecionis (= Alternaria cinerariae). Cet organisme nuisible est rattaché à la classe des dothideomycètes et à l'embranchement des ascomycètes. Une autre espèce, Alternaria alternata (= Alternaria tenuis), pathogène de très nombreuses espèces végétales, également saprophyte et parasite de faiblesse, est susceptible de contaminer ou de surinfecter la cinéraire, mais plus rarement. Les deux champignons produisent à peu près les mêmes symptômes. Ils ne se distinguent vraiment, lors d'une observation microscopique, que par leurs conidies, dont les chaînes de spores sont plus ou moins longues.
CONFUSIONS POSSIBLES
Lors d'un diagnostic visuel, il est possible de confondre l'alternariose avec l'ascochytose de la cinéraire (Ascochyta cinerariae), bien que cette dernière maladie fongique soit moins fréquente. Comme l'alternariose, elle provoque des macules arrondies brun grisâtre à brun foncé, à l'intérieur desquelles on observe des cercles concentriques ponctués de fructifications en présence d'humidité. Mais, à la différence de l'alternariose de la cinéraire qui se cantonne généralement aux feuilles, l'ascochytose infecte souvent diverses parties aériennes de la plante hôte, en particulier les feuilles, les tiges et le collet. De plus, les taches qu'elle provoque sont généralement cernées d'une marge brun rougeâtre, tandis que celles de l'alternariose sont bordées de noir foncé. En cas de doute lors d'un examen visuel, il est possible de prélever un échantillon en vue d'une analyse mycologique en laboratoire de diagnostic phytosanitaire. Dans ce cas, il faut prélever des morceaux de tissus au front de progression de la maladie, c'est-à-dire des portions de feuilles où l'on distingue des parties symptomatiques et des zones saines. Ainsi, l'isolement du champignon sera facilité, avec un faible risque de contaminations secondaires par des moisissures saprophytes.
TRANSMISSION ET DÉVELOPPEMENT
L'alternariose de la cinéraire hybride est assez commune. Elle apparaît dès la fin d'hiver sur les feuilles basses des variétés sensibles cultivées en serre, puis progresse sur les différents étages foliaires au fur et à mesure du développement végétatif, mais également des irrigations qui assurent les contaminations successives. L'inoculum primaire de la maladie provient rarement de périthèces. Il se maintient le plus souvent sous forme de spores de conservation très résistantes à la sécheresse sur les débris végétaux ou plus difficilement dans le sol. Douées d'une grande longévité, ces spores peuvent demeurer viables plus d'un an à l'état sec. En revanche, une seule irrigation par aspersion ou une pluie de cinq millimètres suffit à déclencher une attaque. Les conidiophores, issus de la prolifération du mycélium qui circule entre les cellules végétales, sont seuls, simples ou légèrement courbés. Ils émettent des conidies sombres en forme de mûre ou de massue, plus ou moins pyriformes, généralement regroupées en chaînes. La sporulation intervient en présence d'eau, puis la fructification a lieu à partir d'une lésion à une température comprise entre 16 et 36 °C (croissance optimale entre 25 et 29 °C), lorsque les tissus infectés sont illuminés par le soleil. Les premières taches brunes sont irrégulières et mesurent de 0,5 à 1 cm. Puis, les lésions s'élargissent et fusionnent pour former des plages noirâtres plus étendues. Les spores apparaissent alors en masse sur les macules foliaires. Dès leur formation, celles-ci sont capables de germer et de déclencher de nouvelles infections. Chaque loge de la conidie émet un filament cylindrique qui s'oriente par tropisme vers la cuticule foliaire et pénètre dans un stomate. L'hyphe du mycélium s'allonge rapidement. La propagation de la maladie est généralement lente en période hivernale, mais lorsque que les conditions d'humidité sont suivies de périodes ensoleillées, avec une augmentation significative des températures, elle s'étend constamment. Dans ces situations, les dégâts peuvent être relativement importants.
Par Jérôme Jullien, expert horticole
Des taches brun foncé au centre clair En février, dans une serre de cinéraires hybrides, un chef de culture observe sur le feuillage de certaines potées des taches brun foncé au centre clair, réparties irrégulièrement sur le limbe. Ces symptômes inesthétiques risquent de dévaloriser le lot avant son expédition pour la fête des Rameaux. PHOTO : GILLES WUSTER - SRAL PAYS DE LA LOIRE
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