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Aéroponie : des plantes aromatiques qui ne manquent pas d'air

Le module GHE Dutch pot Aéro de 1 m², testé dans la première phase expérimentale de l'Arexhor Grand Est, est composé de douze bacs comportant cinq paniers amovibles, soit 60 plantes/m².AREXHOR GRAND EST

Lors du Salon du végétal à Angers (49), l'Astredhor a présenté quelques-uns de ses travaux de recherche sur l'agriculture urbaine, dont une expérimentation de culture en aéroponie.

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La fameuse expression « Vivre d'amour et d'eau fraîche » pourrait dans le cas de quelques cultures végétales se transformer en « Vivre d'air pur et d'eau fertilisée ». En effet, dans certaines conditions, point n'est besoin de substrat et la plante peut très bien se développer « les racines à l'air ».

1 AVEC OU SANS SUBSTRAT. La station Arexhor Grand Est a mené, à partir de 2014, une expérimentation visant à comparer, pour une gamme de plantes aromatiques, la production en pot avec une production aéroponique. « En aéroponie, les plantes sont maintenues en suspension dans une enceinte, et alimentées par pulvérisation sur les racines d'une solution nutritive », explique Marie-Anne Joussemet, directrice de la station. Cette technique se distingue de l'hydroponie, qui offre un support neutre et inerte (sable, pouzzolane, billes d'argile, laine de roche...). Persil, ciboulette, basilic, thym, romarin, sauge ananas, verveine citronnelle ou encore mélisse ont été cultivés selon deux schémas, l'un conventionnel avec du substrat et l'autre uniquement avec de l'eau fertilisée. Les performances agronomiques comme la masse fraîche, les vitesses de croissance, mais aussi les qualités gustatives avec l'aide d'un critique gastronomique, ont été étudiées.

2 UN CIRCUIT FERMÉ. Les procédés aéroponiques fonctionnent en circuit fermé, ce qui permet de limiter les pertes en eau et en éléments minéraux. La station Arexhor Grand Est a utilisé, pour sa première phase d'essai, le module GHE Dutch pot Aéro de 1 m² : il est composé de douze bacs indépendants comportant deux gicleurs et cinq paniers amovibles dans lesquels sont déposés les jeunes plants, soit 60 plantes/m². Si ce module, vendu dans les 500 euros sur Internet, convient pour une culture à petite échelle, il n'est pas adapté à une grande surface de production. Il est possible d'assembler une installation à moindres frais en utilisant des plaques percées munies de paniers, de simples bâches plastique et un circuit d'irrigation. C'est ce qu'a réalisé la station Scradh pour ses essais de culture de Lisianthus en aéroponie, pour un coût de 8 €/m2. Pour sa deuxième phase expérimentale, l'Arexhor Grand Est a mené ses essais sur une superficie plus grande (15 m2) avec du matériel moins coûteux que le module GHE, afin de pouvoir fournir une étude économique.

3 PRIVILÉGIER LES BOUTURES. Les essais de semis directs sur morceaux de pain de laine de roche ou de mousse Oasis n'ont pas donné de résultats satisfaisants. La station préconise donc un semis préalable en plaque alvéolée. Le bouturage, direct sans support ou dans un carré de laine de roche (les résultats sont similaires), reste à privilégier. Concernant la brumisation des racines, elle peut être continue, ce qui implique un fonctionnement constant de la pompe, donc une usure plus rapide et des frais d'électricité. Un arrosage séquentiel, à adapter selon les cultures, permet de limiter ces frais. Toujours dans une optique d'économie d'énergie, l'eau d'arrosage chauffée en hiver permet de diminuer la consigne de température de la serre (par exemple, dans le cas du basilic, 7 °C au lieu de 17 °C en consigne de chauffage, avec une eau de brumisation chauffée à 22 °C).

4 UNE CROISSANCE RAPIDE. En aéroponie, les racines des plantes cultivées sont plus longilignes et moins ramifiées. La technique augmente aussi considérablement la vitesse de croissance et la quantité de masse fraîche produite. Le gain de développement est de quatre à cinq semaines selon les aromatiques ! Concernant les qualités gustatives, dans les deux tiers des cas, les plantes ont le même goût, qu'elles soient cultivées en aéroponie ou en conventionnel. La station a réalisé seize fiches techniques à destination des producteurs. Elles résument les résultats obtenus en aéroponie et en conventionnel, les programmes de fertilisation, la température et la consommation d'eau (10 à 30 l d'eau par semaine en moyenne pour 60 plantes), les problèmes phytosanitaires éventuellement rencontrés, et apportent des recommandations. Un débouché envisagé par l'Arexhor serait la fourniture de plants à destination des restaurateurs munis d'Urban Cultivator : équivalent d'une chambre climatique gérant l'humidité, l'éclairage et la température, cet équipement permet de stocker les plantes pendant un mois sans intervention du restaurateur. « Reste à évaluer les implications réglementaires, car il s'agit de produits alimentaires », conclut Marie-Anne Joussemet. La même problématique existe avec les fleurs comestibles : il faut pouvoir garantir une production zéro phyto (sans utiliser le label AB car il n'est pas autorisé en production hors-sol), et une importante traçabilité (date de récolte, numéro de série...).

Valérie Vidril

Les fichiers PowerPoint des interventions sont disponibles sur www.astredhor.fr

L'Urban Cultivator permet de stocker les plantes pendant un mois sans intervention du restaurateur.

AREXHOR GRAND EST

L'aéroponie augmente fortement la vitesse de croissance et la quantité de masse fraîche produite par rapport à une culture conventionnelle.

AREXHOR GRAND EST

Les racines des plantes cultivées en aéroponie sont plus longilignes et moins ramifiées que celles des plantes cultivées en pot.

AREXHOR GRAND EST

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