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Recherche en horticulture : ayez une approche pluridisciplinaire

À l'unisson, les intervenants du colloque plaident pour intégrer des disciplines comme l'économie, la sociologie ou l'histoire dans les travaux de recherche horticole afin de renforcer leur caractère prospectif. Ici, des tests conduits au laboratoire de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail).

Les 5 et 6 avril, les membres de l'Académie d'agriculture de France se sont réunis à Angers (49) pour faire le point sur l'évolution des travaux d'investigation menés en horticulture ornementale.

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La recherche et ses évolutions étaient au coeur des échanges lors de la rencontre des membres de l'Académie, à Angers. Retour sur quelques points marquants de ces interventions.

1. GÉNIE GÉNÉTIQUE ET SÉLECTION GÉNOMIQUE

Récentes, ces disciplines scientifiques montent en puissance. « Elles offrent des opportunités, mais aujourd'hui la question est de savoir comment l'horticulture ornementale va-t-elle pouvoir en profiter ? », a commenté l'un des intervenants. Cette question est au coeur du travail de l'Institut de recherche en horticulture et semences. Né en 2012, l'IRHS rassemble aujourd'hui 90 chercheurs. Dans le domaine de l'horticulture, il a structuré ses efforts autour du rosier en mettant tout particulièrement l'accent sur les aspects de « floraison », d'« architecture » et de « maladies ». L'IRHS s'intéresse précisément aux phénomènes d'interaction : « Une stratégie que nous allons encore renforcer dans les années à venir en travaillant notamment sur les interactions entre caractères. Pour chercher à savoir, par exemple, ce qui relie les caractères de résistance à ceux de qualité, et comment la physiologie globale s'organise autour de cela », indique le directeur Jean-Pierre Renou. Une orientation qui n'occultera toutefois pas « quelques questions émergentes sur lesquelles il faut acquérir de la connaissance ». Comme celle des liens entre le changement climatique et la durabilité de la résistance.

2. DES BESOINS D'ORIGINE PROFESSIONNELLE

« Dans une entreprise horticole très spécialisée, il est relativement facile de choisir un thème de recherche qui va intéresser une équipe et pour lequel on trouvera le financement adéquat. C'est beaucoup plus difficile dans une société très diversifiée », pointe Philippe Morel, ingénieur à l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) et président du conseil scientifique de l'institut Astredhor, pour illustrer le fait qu'il y a parmi les enjeux professionnels qui peuvent impacter la recherche horticole, un facteur qui tient à la stratégie même de chaque établissement. D'autres enjeux concernent toutefois l'ensemble des entreprises. C'est le cas des travaux relatifs à l'usage de l'eau. Ils ont été nombreux, notamment pour approcher les besoins des plantes. Suscitant de facto le développement des capteurs et leur permanente évolution. Mais, aujourd'hui, « il est également intéressant de travailler sur lesrestrictions hydriques comme méthode alternative aux régulateurs de croissance », évoque Philippe Morel. Et les travaux sur la maîtrise du climat ainsi que les tests de degré de résistance aux bio-agresseurs « de manière à sélectionner des variétés plus résistantes » sont utiles (dans la même perspective d'une régulation de la croissance des plantes).

Les enjeux stratégiques et sociétaux ne sont pas les seuls à influer. Le contexte économique intervient lui aussi. En matière d'énergie, par exemple, la sélection variétale est une réponse au besoin de maîtriser les coûts. « Mais aujourd'hui, une recherche sur les besoins thermiques réels des plantes, en particulier par stade de croissance, est nécessaire. Les pratiques manquent trop souvent de bases scientifiques fiables », estime Philippe Morel. Tout comme il y a un besoin de travailler ou plus exactement de retravailler sur les flux thermiques sous serre.

3. S'INTÉRESSER AU CONSOMMATEUR

Partir de ce dernier et aller vers la recherche « est devenu une quasi-obligation ». Cette approche ouvre d'autres champs possibles. Face à des consommateurs urbains, qui disposent de peu d'espace, « pourquoi ne pas, par exemple, développer les analyses sensorielles pour trouver des gammes variétales adaptées ? ». Qu'il s'agisse de dépollution, d'épuration ou du rôle des plantes sur le comportement humain, « là aussi, il y a tout un champ d'investigation scientifique », argumente Philippe Morel. Sans oublier un travail spécifique auprès des jeunes générations. « Pour les intéresser et garder le contact avec eux, il faut choisir des plantes qui ne demandent pas ou peu d'entretien. Et travailler également sur les aspects ludiques en s'appuyant sur les outils de communication actuels. Cette recherche a déjà commencé », indique Philippe Morel, avant de citer l'exemple des outils mobiles d'aide au diagnostic et conseil en santé des végétaux comme l'application Di@gnoPlant (Inra) liée à la base Ephytia « qui permet d'identifier visuellement la quasi-totalité des maladies connues d'une plante donnée (actuellement la tomate, les salades, le melon, récemment la courgette, la vigne, et le tabac... disponible en français et en anglais) » ou encore celui du capteur Flower Power « capable de mesurer la teneur en eau d'un substrat ».

4. TRAVAILLER EN INTERDISCIPLINARITÉ

Les travaux de recherche à très court terme, pour répondre par exemple à une urgence sanitaire, sont indispensables en horticulture ornementale. « Mais nous avons également besoin d'une réflexion menée sur cinq à sept ans pour conduire des projets qui anticipent les problèmes de la filière », estime Philippe Morel, lequel plaide par ailleurs - à l'unisson d'autres intervenants de ce colloque -, pour une approche pluridisciplinaire des projets de recherche. « Avec l'intégration de disciplines comme l'économie, la sociologie ou l'histoire. »

Anne Mabire

En horticulture ornementale, la sélection variétale reste au coeur de nombreux enjeux professionnels. Parmi ceux-ci figurent le comportement face aux maladies, la maîtrise du climat, ou encore les degrés de résistance aux bioagresseurs.

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