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Fleurissement : mieux connaître les attentes des acheteurs

De gauche à droite : Dominique Peyrard, responsable technique du parc de la Tête d'or et du fleurissement, à Lyon (69), Bernard Darfeuille, responsable technique et opérationnel de la station Ratho, à Brindas (69), et Philippe Eyraud, multiplicateur, producteur et adhérent du Ratho.

Présenter au public les nouvelles variétés végétales et recueillir les avis des consommateurs. C'est l'action menée par Bernard Darfeuille, responsable technique et opérationnel de la station Ratho, à Brindas (69), et Dominique Peyrard, responsable technique du parc de la Tête d'or, à Lyon (69).

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« Beaucoup de personnes me demandent où trouver ces plantes ! » Le propos du jardinier du parc de la Tête d'or, à Lyon, est à la fois critique et bienvenu. Critique car il souligne un manque de communication autour des 66 Mini-jardins® installés à l'entrée du parc. Et bienvenu, car quel professionnel du végétal n'aimerait pas entendre que les consommateurs souhaitent trouver ses produits ? C'est là un des objectifs de Bernard Darfeuille, responsable technique de la station d'expérimentation Astredhor Auvergne-Rhône-Alpes Ratho : faire connaître au grand public les variétés proposées par les horticulteurs régionaux. « Depuis 12 années, la station effectue des essais sur les nouvelles variétés végétales en vue de les tester tant en termes de conduites culturales que de comportement et d'esthétisme pour le fleurissement. À Brindas, elles sont présentées lors des journées techniques en juin et en septembre », explique Bernard Darfeuille. « Les producteurs connaissent parfaitement les genres et espèces retenues. Mais ils n'ont pas la réponse à une question essentielle : est-ce que ces plantes attirent le consommateur ? »

Chaque année, un jury composé de jardiniers amateurs volontaires suit cette expérimentation sur le site de Brindas, juge et note les végétaux étudiés. En 2016, Bernard Darfeuille a voulu l'externaliser et s'est tout naturellement tourné vers le parc lyonnais : quel meilleur endroit que ce prestigieux espace vert visité par des milliers de promeneurs chaque semaine pour leur faire découvrir des plantes et recueillir leurs impressions ? « L'idée est de présenter ces innovations végétales à un large public, comme au début du XIXe siècle où de nombreuses variétés étaient élaborées au parc. Nous souhaitons ainsi créer une passerelle entre l'histoire du parc et le végétal du XXIe siècle. »

1. DES MINI-JARDINS EN SCÈNE. Soixante-six bacs d'un mètre par un mètre, selon le concept Mini-Jardins®, plantés de 250 variétés, sont alignés depuis mai 2016 à l'une des entrées du parc de la Tête d'or, de part et d'autre de l'allée centrale. Leur disposition rectiligne, pourtant simple, est l'aboutissement d'une longue réflexion débutée en janvier. Différentes contraintes se sont posées : paysagères, pour respecter la perspective à cet endroit du jardin historique ; d'accessibilité, afin d'assurer une circulation sans danger des personnes handicapées. À l'issue d'échanges avec Daniel Boulens, directeur des espaces verts de Lyon, et Dominique Peyrard, responsable technique du parc, un partenariat a pu être signé. Les jardinières ne resteront cependant pas plus de deux ans dans l'allée centrale, afin de restituer à cette dernière son ambiance d'origine ; elles devraient à terme déménager dans le jardin botanique.

Les agents techniques de la ville de Lyon et le personnel de la station ont réalisé la mise en place des Mini-Jardins®, avec la contribution des obtenteurs et fournisseurs de jeunes plants et de matériels (Dumona, ICL, Netafim). Cultivées en protection biologique intégrée, les plantes ne subiront aucun traitement chimique, en accord avec la politique environnementale adoptée par le parc.

2. COMMUNIQUER SUR LES PLANTES et connaître les goûts du public. En tête d'allée, un panneau explique depuis cet été la démarche engagée conjointement par le parc de la Tête d'or et l'association Ratho. Chaque variété est identifiée grâce à un panneau descriptif indiquant ses caractéristiques, ses exigences, son histoire et son obtenteur.

« La station organisera des journées découvertes avec ses partenaires, au cours desquelles seront restituées des informations techniques sur les variétés : consommation en eau, couleurs, senteurs... », précise Bernard Darfeuille. « Cette opération permettra d'aider le public à comprendre comment fonctionne une plante, comment l'entretenir, comment est créée une variété... Le principal objectif est d'amener les visiteurs à noter les végétaux qu'ils préfèrent par un moyen ou un autre (QR-code, SMS, mail...). C'est une demande des professionnels, obtenteurs et producteurs, qui souhaitent se rapprocher des clients. »

Pour promouvoir cette démarche, une rencontre réunissant le conseil régional Auvergne Rhône-Alpes, le conseil général, la métropole de Lyon, les responsables administratifs régionaux et départementaux des organismes de l'agriculture (chambres d'agriculture, Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt), l'Union régionale des horticulteurs et pépiniéristes Rhône-Alpes, la filière du paysage et de l'environnement (Union nationale des entrepreneurs du paysage, Echos-Paysage, Conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement) est prévue en septembre sur le site.

3. RÉHABILITER LE FLEURISSEMENT. L'explosion de couleurs attire l'oeil des visiteurs. Pour cette première plantation, plantes annuelles, condimentaires et potagères particulièrement adaptées au fleurissement des petits jardins, balcons et terrasses ont été installées. « Il faut défendre le fleurissement », insiste Dominique Peyrard. « L'annuelle a sa place. Elle doit être réservée à certains espaces (entrées de ville, sites de prestige...) dans le cadre d'une gestion fleurie qui dévoile le savoir-faire du jardinier. Deux autres types d'espaces viennent en complément : les espaces ouverts au public et les espaces naturels. » Bernard Darfeuille ajoute : « Ces nouveautés colorées peuvent parfaitement s'associer aux graminées et aux plantes indigènes, qui font dorénavant partie intégrante du fleurissement des villes dans le cadre de la politique d'environnement durable. Le public réagit positivement à la vue des Mini-Jardins®. »

4. UN PARTENARIAT À FAIRE PERDURER. « C'est une belle trilogie qui se met en place : le parc, les consommateurs, les professionnels de l'horticulture », se félicite le responsable technique de la station régionale. « Nous souhaitons pérenniser cette action et la faire vivre en fonction des saisons : bisannuelles à l'automne, gammes hivernales, variétés printanières... Pour nous, c'est une première de travailler ainsi avec les services des espaces verts de la ville de Lyon et d'associer nos efforts pour la promotion du fleurissement. Cette initiative vise à recréer un vrai dynamisme pour répondre à la demande de nature des habitants des zones urbaine et péri-urbaine. »

« Ce type d'expérimentation pourrait aussi permettre de montrer les usages des plantes au fil des différentes saisons par exemple, indique Philippe Eyraud, multiplicateur, producteur et par ailleurs adhérent de l'association Ratho. « Nous ne sommes pas là dans une démarche commerciale : c'est le végétal qui parle... »

Pour le parc, « les carrés fleuris apportent de la couleur et permettent de sensibiliser le public au végétal en mettant en lumière sa diversité », précise Dominique Peyrard. « Ils complètent également la formation des 400 agents lyonnais : les personnels sont invités à venir observer les plantes, leur comportement, comme ils le font déjà dans le parc de Gerland. »

Valérie Vidril

L'intérêt des visiteurs face à cette explosion de couleurs renforce la conviction des partenaires sur l'intérêt des annuelles, qu'il ne faut pas opposer aux plantes indigènes.

Les 3 millions de visiteurs annuels du parc offrent à la filière horticole régionale une opportunité unique de communiquer sur son savoir-faire et de recueillir les attentes du public.

Le Ratho a décentralisé une partie de ses essais au parc de la Tête d'or. L'objectif, à la demande des obtenteurs internationaux, est de faire découvrir au grand public des nouveautés végétales en étude sur le site de Brindas.

Toutes les variétés sont identifiées. Ici, Petunia x hybrida Success® 'Coral'.

Les plantes sont laissées en place toute la saison afin que les visiteurs puissent les observer en conditions réelles... même si leur développement laisse parfois à désirer.

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