CHRISTIAN GAURRAT, GÉRANT DES PÉPINIÈRES GAURRAT À BUROS (64) ET ACTIONNAIRE DE LA SAS PLANTES D'AQUITAINE, L'ALLIANCE VÉGÉTALE « Ensemble, nous sommes plus forts »
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Plantes d'Aquitaine est née il y a quelques mois. En quoi consiste cette nouvelle structure et dans quel objectif ?
Avec deux collègues installés comme moi dans le sud-ouest de la France, Antoine Scrive (SARL Lagerstroemia, 40) et Isabelle Faizon-Betbeder (pépinières Lafitte, 64), nous avons créé Plantes d'Aquitaine le 1er octobre dernier. Nous avions l'habitude de travailler ensemble. Nous avons profité d'une réunion organisée par Val'hor en février 2015 pour consolider cette collaboration, avec l'aide des conseils d'un cabinet spécialisé, Cohesium (75). Plantes d'Aquitaine nous permet de nous structurer, en proposant ce que nous fournissions séparément en petites quantités et en lots disparates... De sorte que nos clients sautaient de l'un à l'autre quand ils n'avaient pas la quantité désirée. Nous avons ciblé certains marchés et certaines plantes que nous nous sommes réparties en augmentant les volumes produits. Chaque entreprise travaille ainsi une culture donnée (y compris des cycles courts en quantité modeste), excepté pour le Lagerstroemia dont la gamme de tailles autorise une production par deux entreprises. Le pot commun est constitué de dix genres, une trentaine d'espèces et environ trois cents variétés : Lagerstroemia, Viburnum, Prunus à fleurs, Abelia, cornouillers, Hydrangea...
Comment avez-vous choisi les variétés proposées en commun ?
La sélection s'est réalisée « au nez », selon le ressenti du marché et l'observation de la concurrence. Nous avons ciblé des plantes cultivées en pleine terre qui poussent généreusement et sans problème majeur dans le Sud-Ouest, mais difficilement ailleurs. Et qui n'ont pas de concurrence en conteneur, notamment parce que nous les proposons en grandes tailles. Dans ce cas, la pleine terre permet d'offrir des sujets plus généreux et plus vigoureux que le conteneur qui convient tant qu'on ne dépasse pas deux cycles de production. Notre objectif est de devenir la référence en production pour ces plantes.
Comment fonctionne Plantes d'Aquitaine ?
La structure juridique est une SAS (société par actions simplifiée) au capital de 6 000 euros. Outre les frais de démarrage (création d'un site internet, documents commerciaux...), l'entreprise emploie une personne à plein temps pour s'occuper de la réception des commandes, de leur ventilation, des offres commerciales, de la logistique... À terme, elle prévoit d'embaucher un second salarié. En fin d'année, la SAS facture aux trois entreprises une prestation de service. Nous avons dû nous fixer des rôles clés : je suis chargé de juger de la qualité des productions proposées par Plantes d'Aquitaine, Isabelle s'occupe du volet administratif, et Antoine de la partie commerciale. Les premières plaquettes ont été envoyées avant le salon Paysalia (*). Nous avons obtenu une quinzaine de demandes lors de la manifestation. Pour l'instant, nous travaillons sur le disponible actuel.
Quelles sont les conditions de réussite d'une telle collaboration, et pourquoi l'avoir mise en place maintenant ?
Il faut un minimum d'habitude de travail en commun pour envisager une alliance. Nous nous connaissons depuis longtemps, avons la même approche du marché. Une deuxième condition est de fournir un niveau de qualité à peu près commun. Dans le contexte actuel, travailler avec les collègues locaux favorise l'entraide. Nous avons tout intérêt à créer une dynamique. Par ailleurs, je souhaite asseoir une partie du chiffre d'affaires des pépinières Gaurrat sur autre chose que les érables, qui représentent 25 % du chiffre d'affaires. Or, lorsqu'on est spécialisé sur un genre, si un problème se présente (maladie, ravageur...), ça peut aller très vite et signer la fin d'une entreprise. C'est la raison pour laquelle je ne souhaite pas augmenter la production d'Acer. Ou alors ce serait en accompagnant l'augmentation d'autres productions. Enfin, grâce à l'appartenance des pépinières à la SAS, mon fils qui va reprendre l'établissement bénéficiera à la fois de l'expérience et du soutien d'autres collaborateurs, il ne sera pas seul. Ensemble, nous sommes plus forts.
Comment envisagez-vous l'avenir ?
C'est facile de créer une alliance, maintenant il faut la faire vivre. Plantes d'Aquitaine représente une nouvelle aventure pour l'entreprise, qui nous oblige à avancer, à construire des choses, et à rencontrer des gens. Derrière,il y a une belle histoire humaine ! Concernant les pépinières Gaurrat, spécialisées dans la production d'érables de pleine terre (de 1 m à 4 m), nous avons récemment intégré le groupement Pépinières de France (**) pour proposer notre gamme à l'export. Nous avons augmenté en conséquence notre production pour passer de 400 érables transplantés à 1 500 : nous avons tout vendu... Je pense que le marché du bel érable va se développer. Selon moi, le marché tel qu'on le connaît et la place qu'y occupe le végétal n'a plus que quinze à vingt ans à vivre. Les producteurs passeront beaucoup moins de volume : il faudra faire moins, plus gros et mieux. Les gens s'achèteront des belles pièces. Ce qui m'inquiète, c'est la politique d'achat des particuliers dans le futur : l'intérêt pour les plantes diminue, les générations à venir me semblent moins attentives à la nature. En outre, la taille des jardins diminue et laisse peu de place aux végétaux.
Propos recueillis par Valérie Vidril
(*) Salon professionnel du paysage, qui a eu lieu du 1er au 3 décembre 2015, à Lyon (69) Eurexpo. (**) Voir le Lien horticole n° 959 du 10 février 2016 « S'unir pour mieux s'exporter », p. 4.
De gauche à droite : Christian Gaurrat, Isabelle Faizon-Betbeder et Antoine Scrive. PHOTO : PLANTES D'AQUITAINE
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