Climat Les primevères, premières victimes d'un hiver doux ?
En avance, les bisannuelles peinent à être commercialisées.
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La primevère est littéralement la prima vera, la première fleur. Mais ce statut est parfois difficile à assumer et c'est particulièrement vrai cette année : elle est trop en avance en raison de la douceur hivernale. La plupart des producteurs disposent de nombreux lots alors que les consommateurs ne sont pas au rendez-vous.
« Depuis le 15 décembre, elles sont fleuries. Mais personne n'en veut alors on jette tout, confirme Pierre Carté, dans le Gers. Aucun effort n'est fait, ce n'est pas la saison, point barre. Elles finissent sur le tas de compost. Et toutes les semaines, nous effleurons les pensées, qui vont bientôt rejoindre les primevères... »
Le Sud-Ouest est particulièrement touché : « Les serres sont remplies et les ventes ne se font pas. C'est un drame, confirme Joël Ramon, producteur détaillant dans le Tarn et président du réseau HPF (Horticulteurs et pépi-niéristes de France). Et si on peut vendre les pensées en seconde fleur en les effleurant une fois, ce n'est pas le cas pour les primevères. »
Dans toutes les régions
Mais les producteurs du Sud-Ouest ne sont pas les seuls concernés. En Alsace, le même phénomène a été observé en raison d'un « automne trop chaud et d'un hiver trop doux ! » estime la chambre d'agriculture. Résultat : le 22 février dernier, un appel à la presse a été lancé par la quarantaine de membres de l'association Fleurs et Plantes d'Alsace pour relayer le fait que 600 000 primevères de qualité magnifique étaient disponibles pour les consommateurs.
Dans l'Ouest, Patrick Guihal, producteur détaillant en Loire-Atlantique, n'a pas ce souci car il cultive « des variétés très tardives ». Elles ont toutefois une quinzaine de jours d'avance et ses collègues de la région rencontrent des difficultés.
La situation reste exceptionnelle : « L'an dernier, nous avons vendu 100 % de notre production car elle est arrivée au bon moment, rappelle Joël Ramon. Il y a une part de jeu sur ce marché, parfois on gagne, parfois on perd... ». À chacun de calculer les risques. Mais Pierre Carté s'interroge pour l'avenir : « Plus de 30 °C dans un tunnel aéré, le 24 février dans le Gers, la saison est complètement folle, tout est accéléré, les plantes vont trop vite parce qu'il fait trop chaud. Après les primevères qui ont fleuri en décembre, les plants de légumes, les plantes annuelles, tout arrive à maturité bien plus vite que d'habitude. Et on ne peut pas freiner ça. Comment va-t-on faire ? »
Cécile Claveirole et Pascal Fayolle
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