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Protection des plantes Vigilance sur les thrips en ce début de printemps

La douceur hivernale explique probablement les émergences de thrips constatées sous abris. Ici, des mouchetures causées par le ravageur sur des pétales d'Impatiens.PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Des attaques de ces insectes parasites ont été détectées ces dernières semaines en pépinière et sur cultures florales.

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La douceur exceptionnelle de l'hiver 2015-2016 est la cause, selon Météo France, du flux de sud-ouest à ouest océanique dominant. La France n'a pas connu de vague de froid, ni de véritables conditions hivernales. Ainsi, sur l'ensemble de la saison, la température moyenne a atteint 8 °C, soit 2,6 °C de plus que la normale. Cette valeur explique probablement les émergences de thrips constatées depuis février-mars sous abris.

Les niveaux de populations, localement élevés, varient selon la sensibilité des plantes, leur stade phénologique (la floraison est la plus exposée), les températures moyennes et le potentiel d'infestation lié aux précédents culturaux, ainsi qu'aux mesures prophylactiques réalisées (vide sanitaire, désherbage, traitement du sol où se conservent les pronymphes et nymphes, suppression des débris végétaux où demeurent les larves et adultes). Les réseaux d'épidémiosurveillance ont relevé des attaques d'Heliothrips haemorrhoidalis sur des Viburnum tinus en tunnels. Déjà l'année dernière, ce ravageur polyphage avait fait des dégâts en pépinières et en espaces verts.

Frankliniella occidentalis, principal vecteur de TSWV

Mais le thrips le plus préoccupant reste Frankliniella occidentalis, principal vecteur des tospovirus TSWV et INSV. Il a été détecté ces dernières semaines sur des cultures florales, dont des Bidens, Calibrachoa, Dianthus, Fuchsia, Helichrysum, Lisianthus, Osteospermum, Pelargonium et Verbena. Cet insecte oblong de 0,9 à 1,2 mm a un corps brun clair avec deux paires d'ailes étroites et pointues frangées de soie sur la partie dorsale. Il possède huit articles antennaires. Les larves sont plus petites, translucides à jaune doré. Chaque femelle pond une quarantaine d'oeufs, à raison de 5 à 6 par jour à 20 °C, qu'elle dépose dans le parenchyme des végétaux grâce à sa tarière. On compte 5 à 7 générations par an pour des cycles de développement de 9 jours à 26 °C, 19 jours à 20 °C ou 24 jours à 15 °C.

La surveillance est facilitée par la pose de plaques bleues engluées associées à un diffuseur de kairomone olfactive sous abris. En complément, frapper des fleurs sur une feuille blanche pour dénombrer les individus et identifier le stade mobile dominant (larve ou adulte). A minima, scruter les dépigmentations des tissus foliaires et floraux. Dès la détection du premier foyer en serre, fermer les portes et limiter le déplacement des plantes hôtes. Grâce aux observations, effectuer un ou plusieurs lâchers d'auxiliaires prédateurs (acariens Neoseiulus cucumeris, Amblyseius degenerans, A. swirskii, Macrocheles robustulus, Stratiolaelaps scimitus ; punaises Orius laevigatus, O. majusculus ; thrips Franklinothrips vespiformis) ou un traitement dirigé sur les foyers, en préférant une solution respectueuse des auxiliaires, par exemple à base de nématodes entomopathogènes Steinernema feltiae. Précisons que l'abamectine est toxique pour les punaises et acariens prédateurs. Mais cette substance peut être appliquée avant les lâchers d'auxiliaires, dès l'observation des premiers thrips.

Jérôme Jullien

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