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Environnement La biodiversité menacée

L'urbanisation croissante agit comme un filtre sélectionnant les quelques espèces capables de s'y adapter, le plus souvent des espèces dites généralistes, au détriment des espèces spécialistes d'une unique ressource.

Malgré sa popularité, jusque dans l'Hémicycle, la biodiversité continue de s'éroder, comme le soulignent des études francilienne et nationale.

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En Île-de-France, le constat est sans appel : la diversité des espèces franciliennes et leurs effectifs ont subi une régression importante. La région a, par exemple, perdu un cinquième de ses oiseaux (nombre total d'individus) en treize ans. Cet état de santé de la biodiversité, dressé par Natureparif - l'Agence pour la nature et la biodiversité en Île-de-France - a porté sur trois grands groupes d'espèces : les oiseaux, les papillons et les plantes. Les analyses se sont appuyées sur des données récoltées par près de 200 observateurs volontaires de 2002 à 2014, dans le cadre du programme Vigie-Nature porté par le Muséum national d'histoire naturelle.

Des différences selon les milieux

Cette régression est surtout visible dans les milieux agricoles, avec une diminution du nombre d'espèces différentes (= richesse) de 30 % pour les oiseaux en onze ans, de 20 % pour les plantes (de 2009 à 2015) et de 18 % pour les papillons (de 2006 à 2014), précise l'étude. Ces milieux se banalisent avec un remplacement des espèces spécialistes des milieux agricoles par d'autres dites généralistes, c'est-à-dire qui se nourrissent sur plusieurs espèces de plantes. Les papillons connaissent un déclin trois fois moins important dans les parcelles entourées de haies par rapport à des parcelles dépourvues de lisières.

Homogénéisation des communautés d'insectes

Dans les milieux urbains, le constat est plus nuancé. L'abondance en papillons et en oiseaux a chuté de plus de 20 % sur les dix dernières années dans les parcs et jardins franciliens. Leur diversité baisse également. En revanche, la richesse en plantes observées dans les interstices urbains (trottoirs, pieds d'arbre, murs, toits...) a augmenté de plus de 90 % en l'espace de sept ans seulement. Cette réponse positive et rapide de la diversité en plantes est liée aux pratiques de gestion écologiques. Les milieux forestiers présentent une relative bonne santé de la biodiversité, conséquence de la conservation de grands massifs forestiers dans la région et d'une gestion sylvicole intégrant des objectifs écologiques. Les résultats de Natureparif rejoignent ceux d'une récente étude du Centre d'étude de la conservation (MNHN, CNRS, UPMC) et de l'Office pour les insectes et leur environnement (Opie) qui montre que l'urbanisation réduit la diversité des pollinisateurs, en particulier pour les papillons, les syrphes et autres mouches, ainsi que pour les coléoptères (scarabées, longicornes, coccinelles...). Les hyménoptères sembleraient mieux tolérer la situation. L'urbanisation conduit également à leur homogénéisation à l'échelle de la France, favorisant les généralistes au détriment des spécialistes. Ces études mettent en lumière l'importance de changer les pratiques, tant au niveau privé qu'au niveau des politiques publiques.

Le projet de loi Biodiversité, adopté le 12 mai en deuxième lecture au Sénat, prévoit des dispositions, comme la création de l'Agence française pour la biodiversité ou le renforcement des inventaires du patrimoine naturel, et introduit la notion de services écosystémiques... Le gouvernement souhaite une adoption définitive du texte cet été.

Valérie Vidril

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