Royaume-Uni Brexit : quelles conséquences pour la filière horticole ?
La sortie du pays de l'Union européenne va avoir des effets dans tous les secteurs mais leur ampleur est difficile à prévoir.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
À la suite du Brexit et si elle perdure, la variation du taux de change entre la livre et l'euro peut entraîner une baisse des volumes de plantes exportées au Royaume-Uni. Ce pays est le premier importateur de végétaux d'extérieur d'ornement pour la France (26 % des exportations françaises en valeur en 2015) et le troisième (après les Pays-Bas et l'Italie) pour les fleurs coupées fraîches (17 % des exportations françaises) (1).
« La baisse de la livre sterling va renchérir de 10 à 15 % le prix de plantes finies importées - principalement des Pays-Bas -, sans compter les éventuels nouveaux règlements, les droits et les taxes que cela pourrait engendrer », affirme Brand Wagenaar, de Medioflor. Le consultant rappelle que le Royaume-Uni est le deuxième marché des produits finis néerlandais pour près de 925 millions d'euros, après l'Allemagne. « La baisse brutale attendue de la demande du Royaume-Uni en produits finis va obliger les Néerlandais à se retourner très rapidement vers ses autres marchés fiables. La France, troisième marché des Pays-Bas, va subir une vague d'offres à bas prix, le temps que les producteurs néerlandais réajustent les quantités programmées et mises en culture. Cette évolution brutale va donner de l'air aux productions locales britanniques qui vont être à la recherche d'intrants végétaux pour augmenter leurs productions locales. »
Beaucoup d'incertitudes
Sur son site Internet (2), l'Association internationale des producteurs en horticulture (AIPH) nuance toutefois : « D'autres facteurs, tels que le coût de l'énergie et celui du travail rendent peu probable l'augmentation de la production horticole ornementale sous serre [au Royaume-Uni]. » L'AIPH relève par ailleurs que l'accès à la main-d'oeuvre étrangère (Pologne, Bulgarie, Roumanie...) est devenu essentiel pour la réussite des entreprises britanniques. « Toute réduction de l'accès à cette offre de travail va certainement augmenter les coûts de main-d'oeuvre pour les producteurs et réduire la productivité. »
D'autres conséquences seraient que le Royaume-Uni s'affranchisse des règles européennes en ce qui concerne les produits phytopharmaceutiques, notamment pour les néonicotinoïdes, ou renforce les mesures de contrôle sanitaire des végétaux à ses frontières. Quant à la protection communautaire des obtentions végétales, accordée par l'Office communautaire des variétés végétales (OCVV), elle cessera d'avoir effet au Royaume-Uni. Par conséquent, il sera nécessaire de demander une protection au niveau national.
Valérie Vidril
(1) Source : « Bilan annuel 2015 - Commerce extérieur français des produits de l'horticulture », France-AgriMer. (2) http://aiph.org/aiph_new/implications-of-brexit-for-ornamental-horticulture
Pour accéder à l'ensembles nos offres :