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Fleurissement Soleil de plomb sur la ville verte

Les Assises régionales du cadre de vie et de l'embellissement des communes de la région Centre sont en train de devenir un mini-salon que les acteurs de la filière plébiscitent aujourd'hui.

À Bourges (18), les dernières Assises régionales de la région Centre ont eu pour thème la place des espaces verts dans la ville du futur. La demande sociale se renforçant, le rôle des services espaces verts va évoluer.

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Comme la plupart des événements d'automne cette année, les Assises régionales de la région Centre, organisées le 29 septembre dernier par l'Association régionale de fleurissement, ont profité d'un temps estival. Avec 70 exposants et quelque 500 participants, elles s'imposent de plus en plus comme une manifestation incontournable. Leur rayonnement est supposé régional, mais les participants viennent volontiers d'horizons plus lointains. Et le nombre d'inscrits n'a rien à envier aux Assises nationales qui se déroulent en théorie tous les deux ans (les prochaines devaient avoir lieu en novembre prochain à Troyes (10), mais ont finalement été reportées d'un an).

Réussissant plutôt bien l'équilibre entre le temps passé en conférences à échanger sur des sujets techniques et celui consacré à la rencontre entre exposants et visiteurs, elles deviennent un mini-salon régional, du gabarit de ceux qui semblent de plus en plus appréciés par les producteurs et de nombreux distributeurs locaux de fournitures pour l'horticulture ou le paysage, sans compter quelques grands acteurs nationaux qui n'hésitent pas à faire le déplacement, quelle que soit la ville choisie par les organisateurs. Enfin, la dernière caractéristique de ce rendez-vous est sans conteste la convivialité.

Faire bien avec moins et intégrer le citoyen

Le thème pour les conférences s'inscrivait dans l'air du temps : « La ville en vert, enjeux sociaux, et patrimoniaux ». En introduction, Roland-Marie Marceron, ancien directeur du service des espaces verts et de l'environnement de Bourges, a rappelé les enjeux concernant les espaces verts : faire aussi bien avec moins, et différemment, pour mieux respecter l'environnement et intégrer davantage les citoyens dans les projets qui, malgré les difficultés budgétaires, devront être réalisés pour que la ville de demain reste vivable. Et pour atteindre cet objectif, le végétal a un rôle incontournable à jouer.

Sur la forme, les organisateurs ont clairement joué la carte de l'originalité, avec des exposés classiques entrecoupés de débats entre Emmanuel Bajard, directeur des espaces verts, de la propreté urbaine et de l'écologie de Bourges, et Jean-Marc Bouillon, président de la Fédération française du paysage (FFP). Ce tandem a permis d'aborder le sujet de manière dynamique, rappelant comment les réseaux sociaux et la demande sociale sont en train de générer une sorte de cocréation des espaces verts entre les professionnels experts et les citoyens usagers. Plutôt que de consacrer des sommes importantes à un nombre limité de chantiers, la tendance est plutôt à travailler à moindre coût un plus grand nombre d'espaces en s'assurant que la manière dont ils sont conduits permettra une meilleure adaptabilité dans le temps, selon les attentes des usagers.

Des espaces évolutifs dans le temps

L'usager devrait aussi faire bouger la manière dont les dossiers sont traités : « Le code des marchés publics fait que, lorsque l'on veut réaliser un chantier, entre la décision et la réalisation, il se passe facilement deux ans, explique Jean-Marc Bouillon. Aujourd'hui, le citoyen attend plus de réactivité. » Et s'il restera, certes, des lieux emblématiques menés avec grand soin dans les quartiers, l'heure est à la réalisation d'espaces pour des usages qui vont devoir évoluer dans le temps. Voire devenir des rendez-vous éphémères, comme Paris Plage.

À noter que la capitale a réservé une partie de son budget d'investissement à des aménagements proposés par les habitants. Présentés sur les réseaux sociaux, s'ils obtiennent une forte adhésion (comprenez des « like »), ils seront mis en oeuvre. Selon Jean-Marc Bouillon, une enveloppe de 70 millions d'euros y a été réservée. Quel sera dans ce contexte le rôle des services techniques ? Pour le concepteur, il s'agira de bâtir les programmes : ce ne sera pas « open bar », il faudra définir des cahiers des charges et donner des limites à ce qui est possible et à ce qui ne l'est pas. Le tout avec une grande agilité pour répondre aux innovations spontanées. Jean-Marc Bouillon y voit une inversion de la temporalité : « Avant, le paysage devait s'effacer devant le bâti, construit pour une plus grande durabilité. Excepté pour ce qui relève du patrimoine, destiné à durer, aujourd'hui, on construit de manière plus éphémère. On se demande à la construction comment on pourra démonter le projet. C'est un processus de construction-déconstruction dont des pays comme la Corée sont champions. Ils reconstruisent sans cesse la ville sur la ville. Et dans ce contexte, l'espace vert et surtout l'arbre deviennent plus facilement l'élément durable. » La revanche de l'arbre sur le mur, en quelque sorte. Une excellente nouvelle pour la filière.

Pascal Fayolle

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