Les arbres Quand ils trouvent leur place dans un rôle plus technique qu'esthétique
Le 7 février dernier, Val'Hor a organisé un colloque sur le génie végétal à Paris. L'occasion d'explorer de nouveaux horizons, en particulier liés à l'arbre, thème retenu pour ce rendez-vous.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Le 7 février dernier, Val'Hor a organisé un colloque sur le génie végétal à Paris. L'occasion d'explorer de nouveaux horizons, en particulier liés à l'arbre, thème retenu pour ce rendez-vous.
Val'Hor s'intéresse naturellement à la place de l'arbre dans la ville avec, en particulier, la parution il y a quelques années de l'ouvrage « L'arbre dans la ville » écrit par la paysagiste Caroline Mollie. Son rôle est aussi la valorisation des métiers, d'où des rendez-vous professionnels comme le 3e colloque Génie végétal-génie écologique, organisé début février 2017 à Paris, sous le parrainage du botaniste Francis Hallé et en collaboration avec l'Assemblée des départements de France. En plaçant cette manifestation sous le thème de l'arbre, l'interprofession a assuré la jonction entre deux thématiques importantes. Retour sur quelques-uns des sujets qui ont été abordés lors de ce rendez-vous. Freddy Rey, président de l'Agébio (Association française pour le génie biologique ou le génie végétal), a rappelé qu'une nouvelle compétence, GEMAPI, pour Milieux aquatiques et prévention des inondations, entrera en vigueur en début d'année prochaine. Pour ce chercheur à l'Irstea (ex Cemagref), il n'est pas toujours simple de concilier Gema et Pi, c'est-à-dire la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations. Pour lui, chercher à concilier ces deux types de bénéfices induits « des besoins nouveaux en ingénierie végétale, qui concernent essentiellement la quantification des interventions et les bénéfices induits ». De nouveaux enjeux en découlent, en termes de dimensionnement d'ouvrages ayant différentes fonctions : stockage de l'eau, couverture végétale... Le tout alors que le climat change, entraînant des contraintes nouvelles.
Le végétal, allié incontournable de l'aménagement urbainPour Louis-Philippe Bervacque, président de l'A-IGEco, Association des acteurs de l'ingénierie et du génie écologique, la ville durable sera verte. Car le végétal permet de limiter les effets du réchauffement climatique. Puisque le changement climatique est une réalité et que son rythme s'accélère, « il faut adapter l'environnement et le milieu urbain au climat ». Entre 2006 et 2014, 591 600 ha supplémentaires ont été urbanisé en France, soit 5 fois la surface de Paris. Il faut rendre ces surfaces urbaines sobres, et utiliser le végétal pour limiter les ruissellements et inondations. Et réduire l'impact des fameux « ilots de chaleur ». Et attention aux choix de végétaux : le pollen est devenu un problème, d'autant qu'il peut véhiculer des polluants. Mais toitures et murs végétalisés, dalles engazonnées, noues paysagères et plantations traditionnelles ont tous un rôle à jouer dans la ville de demain. Jean-Marc L'Anton, paysagiste, a mis en avant une technique assez novatrice de bosquets linéaires préférés aux traditionnels alignements d'arbres. Des choix de végétaux adaptés à la ville (Sophora, Gleditsia...) de différentes tailles et parfois recépés lorsqu'ils deviennent trop encombrants, peuvent jouer un rôle d'assainissement, de noue, de rideau végétal... Une manière d'introduire le bocage en ville que le concepteur estime avoir sa place le long de pénétrantes urbaines très fréquentées, mais aussi le long des tramways...
Rendre à la ville des sols perméablesElodie Brelot, directrice du GRAIE, Groupe de recherche Rhône-Alpes sur les infrastructures et l'eau, a défendu l'idée que l'eau ne soit plus considérée comme un déchet à évacuer, dans la ville, mais au contraire une ressource à valoriser, dans des noues, des tranchées drainantes, des jardins de pluie. Ainsi, la ville devient perméable, et si la problématique des moustiques a été abordée, il suffit, semble-t-il, que l'eau ne puisse pas stagner plus de 4 ou 5 jours pour réduire les nuisances à zéro. Il faut donc que l'eau soit infiltrée suffisamment rapidement. Ghislain Huygues, du bureau d'études Biotec, a pour sa part insisté sur le fait que nombre de mélanges de graines utilisés aujourd'hui pour la réhabilitation de berges, par exemple, sont souvent mal adaptés au contexte. Il faut absolument prendre en compte la vocation du projet, le contexte et la disponibilité des végétaux avant d'arrêter un choix d'essences et éviter la banalisation des paysages. Les projets exigent de bonnes connaissances botaniques : si le saule blanc reprend bien, le saule marsault, par contre, pose souvent plus de difficultés... Biotec a récemment travaillé avec les paysagistes Florence Mercier et Frédéric Boeuf sur les bords de Marne à Noisy-le-Grand. Le but étant de rendre les abords de la rivière accessibles au public. Des séquences végétales à base de Carex, menthes aquatiques, ou saules quand le talus est raide ont permis d'atteindre l'objectif, à savoir utiliser le végétal pour mieux gérer l'eau en ville... Bien d'autres aspects de l'utilisation du végétal en général, et de l'arbre en particulier, pour gérer les eaux en ville ont été abordées lors du colloque. Ils seront déclinés dans de prochaines éditions...
P.F.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :