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Plante locale Les incertitudes de la végétalisation durable

Le label Végétal local vise à garantir la traçabilité des semences et plants dans un marché en pleine structuration, demandeur de végétaux indigènes et locaux.(c)Valérie Vidril Le label Végétal local vise à garantir la traçabilité des semences et plants dans un marché en pleine structuration, demandeur de végétaux indigènes et locaux.(c)Valérie Vidril

Le 16 mars dernier, Florysage et le Parc naturel des boucles de la Seine normande ont organisé, à La Mailleraye-sur-Seine (76), une journée sur le label Végétal local et les opportunités qu'il représente pour la filière.

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Le 16 mars dernier, Florysage et le Parc naturel des boucles de la Seine normande ont organisé, à La Mailleraye-sur-Seine (76), une journée sur le label Végétal local et les opportunités qu'il représente pour la filière.

La journée organisée par l'association Florysage (Arexhor Seine-Manche) et le parc naturel régional abordait une thématique dans l'air du temps, déjà sujette à débats au sein de la profession (*) : le végétal local. Le début de saison avec les premiers beaux jours explique certainement le nombre relativement réduit de participants, une trentaine, alors que l'enjeu posé est de taille : comment végétaliser durablement ? La question ne concerne pas ici les squares, jardins et autres espaces verts urbains, mais plutôt les espaces naturels environnants, voire périurbains et chantiers de restauration ou revégétalisation. Y préserver la flore locale, c'est protéger la diversité des paysages et l'identité d'un terroir, mais aussi assurer une population végétale et son cortège faunistique adaptés aux contextes pédoclimatiques du site.

Un label pour une traçabilité Pour planter local, encore faut-il connaître l'origine des végétaux. « Le label Végétal local garantit une provenance des semences ou plants indigènes, leur diversité génétique et une conservation des ressources dans le milieu naturel », résume Vincent Lévy, correspondant régional du label, au Conservatoire botanique national (CBN) de Bailleul (59). Le label Vraies messicoles reprend les mêmes garanties pour la flore inféodée aux cultures.Le référentiel technique établit ainsi onze régions géographiques, des règles de collecte et de multiplication et des obligations de traçabilité. En ce début 2017, seuls 25 producteurs exploitent le label accordé pour 240 espèces différentes. En effet, la certification s'applique à une plante, pas à l'entreprise. La production actuelle est donc loin de couvrir toute la palette végétale - les plantes aquatiques et vivaces sont peu couvertes - et surtout aurait bien des difficultés à satisfaire une éventuelle explosion de la demande. « Le marché augmente », assure cependant Vincent Lévy, et les professionnels intéressés par la démarche peuvent s'adresser aux correspondants régionaux listés sur le site de la Fédération des conservatoires botaniques nationaux (FCBN, www.fcbn.fr/vegetallocal-vraiesmessicoles ).Marianne Hédont, chargée de mission Écologie et paysage à Plante & Cité, a présenté différents outils mis à disposition des professionnels pour les aider à utiliser le label. Un guide, en ligne d'ici fin mars, assiste les collectivités désireuses de recourir à des végétaux labellisés dans la rédaction de leur Cahier des clauses techniques particulières (CCTP). Une première partie comporte des recommandations aux différentes étapes du marché. Ainsi, la définition préalable du besoin « végétal local » doit forcément être liée à des enjeux environnementaux ou de fonctionnalité de l'écosystème. Des fiches apportent également des informations techniques sur la mise en place de parcs à boutures et vergers à graines dans le cadre de la labellisation. Le FCBN organise des journées de formation aux exigences techniques du label. Enfin, un kit média propose une série de visuels destinés à valoriser les chantiers utilisant des végétaux labellisés.

Des freins et des incertitudes Côté demande, « planter du végétal local répond avant tout à une volonté politique », affirme Pierre-Arnaud Prieur, coordinateur biodiversité à la Métropole Rouen (76) Normandie. Beaucoup d'élus demandent encore « de faire du beau », sans espèces envahissantes. Et si le marché se développe, résistera-t-il au surcoût probable du local labellisé ? Côté offre, si la situation a beaucoup évolué, il reste encore difficile d'implanter un milieu 100 % sauvage faute de disponibilité végétale, explique Raphaël Zumbiehl, géographe-écologue, agence Zoom. Les contrats de culture représentent une solution mais supposent une capacité d'anticipation des maîtres d'ouvrages.D'autres interrogations ont été soulevées durant les tables rondes de la journée : le manque de flexibilité du label, la justification du zonage géographique, les risques de favoriser un protectionnisme régional... Alors que les débats sont loin d'être clos, le projet mené par Valérie et Lionel Lardinais propose d'apporter quelques éléments de réponse. Les deux enseignants d'Horti-Pôle Évreux (27), développent depuis 2015 une approche de l'écoconception paysagère. Ils ont ainsi créé au sein de l'atelier technologique horticole de l'établissement des espaces évoluant avec un minimum d'interventions. Ils utilisent aussi bien des espèces horticoles que des essences sauvages, jouant sur leur complémentarité. Une promesse de réconciliation entre horticole et sauvage ?

(*) Voir le Lien horticole n° 1007, Plante locale : des défis à relever, pp. 12-13.

V.V.

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