Génétique Petunia non grata

Une liste de pétunias à radier de l'offre commerciale : c'est ce qui a été demandé ces mois de mai et juin 2017 aux horticulteurs et à leurs fournisseurs. La raison : une preuve ou des soupçons de gène étranger au genre Petunia dans certains cultivars.

Depuis mi-mai 2017, cinq procédures de retrait de mise en marché de pétunias génétiquement modifiés (OGM) se sont succédées. Le ministère de l'agriculture a demandé de détruire près de 120 variétés ou appellations commerciales de pétunias, et la liste est encore susceptible de s'étoffer*.La procédure de retrait concerne certains pétunias "principalement orange ou de couleur proche", et d'autres à fleurs étoilées, certains étant "d'ores et déjà identifiés OGM", tandis qu'une incertitude reste pour d'autres cultivars.Le ministère précise d'emblée que "les pétunias portant l'appellation Cascadias 'Indian Summer', 'Sanguna' Patio Salmon et Red Ray ne sont pas OGM. Par contre, les cultivars orange dont l'identité n'est pas connue sont considérés comme suspects".

Aux obtenteurs et leurs diffuseurs de prendre leurs responsabilités !Pour la fédération de producteurs de l'horticulture et des pépinières, la position est des plus claire : "Preuve ou soupçons... qui est à l'origine ou pas... peu importe, assure François Félix, président de la FNPHP. Nous avons aussitôt transmis à nos adhérents le plan de retrait exigé par le Ministère de l'agriculture et les listes successives. Les producteurs ont reçu pour consigne de détruire les plants... et de se retourner vers leurs fournisseurs (obtenteurs et diffuseurs) pour obtenir une prise en charge des coûts de destruction. Nous voulons qu'aucun doute ne circule auprès de nos consommateurs et du grand public : pour nous, il n'y a pas de débat, l'introduction de semences et plants OGM est illégale, leur production et leur commercialisation est interdite en France ! C'est tout. Aux obtenteurs, qui eux seuls savent quels cultivars "sont OGM" (ou non), et à leur diffuseurs de prendre leurs responsabilités et les mesures pour commercialiser des cultivars autorisés, et de retirer les pétunias interdits. Notre marché n'a pas besoin du moindre soupçon sur nos productions".De leur côté, les organismes horticoles référents comme les stations de développement et d'expérimentation du réseau Astredhor ont diffusé deux directives (listes de pétunias interdis avec consignes de destruction des végétaux incriminés) à leurs adhérents. Celles qui font des tests de comportement variétaux ont éliminé les pétunias douteux.Et les obtenteurs - via leur organisation internationale Fleuroselect - assurent avoir retiré du marché les cultivars susceptibles de contenir de la génétique OGM.

Quid de la saison à venir ?Le plan ministériel de retrait est intervenu essentiellement en fin de saison commerciale majeure pour 2017, même si des ventes de pétunias peuvent se poursuivre durant l'été. A ce jour, nul ne sait (faute de statistiques fondées) quelles quantités de pétunias étaient concernées en juin dernier.Les fleurs à coloris originaux représentent généralement une part marginale des ventes. Par contre, la couleur orange étant très tendance, et recherchée car elle n'existait pas naturellement dans le genre Petunia, le potentiel de développement commercial est stoppé.Pour les prochaines commandes (généralement courant de l'automne), la FNPHP - en réunion de bureau exécutif début juillet 2017 - prépare une alerte auprès de son réseau d'adhérents. "Nous allons insister auprès des producteurs pour qu'ils exigent de leurs fournisseurs de semences et plants une attestation de semences et plants "non OGM" avec toutes les commandes livrées. Les obtenteurs doivent s'engager" annonce François Félix.

Danger, pas danger ?Les pétunias n'étant pas référencés dans les plantes à destination de la nutrition humaine, il n'y a pas de danger immédiat à leur présence dans nos massifs.Par contre, attention, certains sites Internet et certaines personnes préconisent les fleurs de pétunias dans leur liste de fleurs comestibles, ou au minimum en tant que fleurs décoratives dans la cuisine. La prudence est à conseiller car, le plus souvent, les fleurs de pétunias sont plutôt incluses dans les listes de fleurs toxiques.Et tant que l'origine des pétunias OGM n'est pas définitivement prouvée, mieux vaut conseiller la prudence car on ne maîtrise probablement pas encore complètement la non diffusion de gènes OGM entre genres végétaux.Reste un paradoxe dans la directive ministérielle : les producteurs et les fournisseurs doivent retirer et détruire tous les cultivars mentionnés. Mais "cette procédure ne concerne pas les particuliers, ni les collectivités qui ont acheté des pétunias pour leur propre usage"."L'impact semble réduit pour 2017. Pour 2018, reste à voir l'évolution des directives et les solutions proposées par les obtenteurs", conclut un conseiller en développement horticole.

*Cette liste est actualisée différemment en nombre et en fréquence pour chaque pays européen. Télécharger ici en PDF la plus récente des procédures de retrait pour la France.

O.M.