Fiche expert Des jeunes plants de cyclamen bien enracinés

La culture du cyclamen peut se décomposer en trois phases différenciées : l'enracinement, la croissance et la floraison. Le succès de cette dernière dépend de la performance des deux étapes précédentes. Le but de l'enracinement est de préparer les meilleures conditions afin que les racines puissent coloniser correctement le pot. Différentes conditions environnementales et culturales interviennent sur la performance de ce stade décisif.

Qualité des jeunes plants

Pour une motte saine et bien enracinée, assurez-vous que les plaques de jeunes plants n'ont subi aucun manque d'arrosage et ne présentent pas de blessures des racines. Un jeune plant prêt à être rempoté doit avoir des racines saines et abondantes pour une reprise réussie dans le nouveau substrat. Pour un meilleur résultat, utilisez des plaques d'extraction, souvent disponibles auprès de vos fournisseurs. Lors du rempotage, la moitié ou bien un tiers du bulbe doit être visible, avec un bon contact avec le substrat et une bonne fixation dans la motte. Souvent la pression trop importante des arrosages fait sauter ou bien enterrer le jeune plant. Les plaques peuvent être gardées dans la chambre climatique autour de 10-12 °C durant quelques jours. Avec des températures plus basses, et sur de plus longues durées, le risque est de ralentir la reprise et l'enracinement. Un jeune plant qui a longtemps été déshydraté avant d'être rempoté ne produira jamais des racines de la qualité d'un sujet bien entretenu.

Taille de motte et de pot

La première règle, très importante pour le rempotage, est de respecter la taille de la motte par rapport à celle du pot afin d'éviter l'asphyxie lors des arrosages de la petite motte fraîchement rempotée. Ainsi, pour une taille de pot voulue de 6-9 cm de diamètre, préférez des mottes de 16-17 mm (4-5 cm3) ; pour des pots de 12 cm, des mottes de 22-28 mm (10-20 cm3) ; pour des pots de 17 cm, des mottes de 30-40 mm (25-40 cm3)... Pour des diamètres de pots supérieurs à 19 cm, il faut prévoir un rempotage intermédiaire. À diamètre égal, certains modèles de mottes, plus profonds, offrent un volume supérieur. Ils permettent d'obtenir des racines plus nombreuses grâce un meilleur effet tampon et garantissent une bonne reprise.

Emplacement des pots

Il devrait toujours y avoir une zone aménagée dédiée à l'enracinement, différenciée de celle de la culture. Une désinfection de l'emplacement s'impose pour garantir une culture saine. En été (ADT - Average Daily Temperature ou température moyenne journalière - > 25 °C), il est conseillé de placer les pots par terre lors de l'enracinement pour maintenir la température et l'humidité du substrat. Cependant, un petit espace entre le sol et les pots doit être impérativement respecté afin d'éviter les flaques d'arrosage qui créent un refroidissement en s'évaporant, notamment si le sol n'est pas plat. Pour cela, on peut utiliser des pots surélevés ou des plaques de transport au fond surélevé. Certaines surfaces, comme le béton, peuvent provoquer de fortes chutes d'humidité qui font perdre l'effet tampon du substrat et freinent l'enracinement. Des tablettes ouvertes avec un grillage constituent un emplacement souvent trop ventilé ; elles nécessitent l'emploi de plaques, ou autres moyens de protection, pour couper l'excès de ventilation. La température idéale conseillée pour l'enracinement est autour de 18-20 °C d'ADT avec une intensité de lumière maximale de 400 W/m² de radiation.

Irrigation et fertilisation

Lors de l'enracinement, un système performant d'arrosage par le dessus doit comprendre deux caractéristiques de base : l'homogénéité et un débit suffisamment modulable afin d'ajuster les quantités d'eau selon les tailles de pots. Les rampes d'arrosage incluent ces caractéristiques. Il faut impérativement adapter un ombrage de la culture en fonction des ADT. L'objectif est de créer un environnement de culture stable et de maintenir l'humidité du substrat. Il est important d'éviter une trop forte déshydratation du pot qui obligerait à remouiller avec des arrosages profonds et abondants.

Une fois rempoté, le premier des arrosages doit être important afin d'homogénéiser l'humidité du substrat. Les suivants doivent être plutôt modérés, mais fréquents. En pratique, il ne faut pas arroser la totalité du pot, mais permettre à l'humidité d'atteindre le fond du pot par diffusion. La réalisation d'arrosages à la main, légers, rapides et fréquents lors des périodes de chaleur pour refroidir le feuillage, est une pratique déconseillée, puisqu'elle ramollit le cyclamen et ralentit l'enracinement. De plus, cela augmente aussi le risque de développement de plusieurs maladies, comme l'anthracnose ou l'Erwinia.

Fertilisation et nanifiant

Pour la plupart des variétés et conditions de culture, un engrais de fond autour de 1 kg/m3 suffit lors de l'enracinement. Il est déconseillé de fertiliser si les racines n'ont pas atteint le pourtour de la motte, car les sels minéraux des engrais peuvent s'accumuler et bloquer la croissance, notamment sous des climats chauds. Arroser à l'eau claire, sans engrais ni acide, même si le pH de l'eau doit être corrigé. Dans des régions au climat frais, avec des formules libérées très lentement et à doses très faibles, les engrais classiques à libération lente pourraient être utilisés avec précaution. Il faut noter que la plupart de ces formules contiennent des quantités d'azote ammoniacal (NH4) trop élevées pour la culture de cyclamen. En cas de traitements avec des nanifiants lors de la reprise des jeunes plants, l'enracinement et la croissance peuvent être bloqués. La période la plus conseillée pour pulvériser, si besoin, serait à la fin de l'enracinement, juste avant le desserrage.

Par Joan Vergès, ingénieur horticole cyclamen Morel (83).