La stimulation mécanique transférable en production

Comment maîtriser la croissance des plantes en limitant au mieux la régulation dite « chimique » en horticulture - les régulateurs de croissance, tout comme les produits phytosanitaires étant en voie de restriction - et en réduisant les opérations de taille en pépinière ? La technique de stimulation mécanique a été testée dans cette optique, notamment à la station de développement et d'expérimentation Astredhor Sud-Ouest GIE Fleurs & Plantes (1), à Villenave-d'Ornon (33).

1. AVEC LA SOCIÉTÉ PYRÈNE AUTOMATION (1), différentes options et matériels ont permis d'automatiser la technique de stimulation mécanique grâce à des solutions relativement polyvalentes permettant d'assurer de multiples passages quotidiens. Ainsi, à partir d'un chariot, aérien ou terrestre (même déjà existant sur place), il est possible :

- de porter divers modes d'arrosage (jets pinceaux, rideau d'eau ou cannes), et une option pot à pot (contenants alignés) ;

- d'embarquer un système Dosatron, pour la gestion de la fertilisation, et/ou un système de traitement ;

- d'accrocher des bandes engluées pour le piégeage de masse des éventuels insectes ravageurs, dont les bandes jaunes pour détecter et surtout piéger les adultes ailés de thrips, pucerons et aleurodes ;

- de « caresser » le dessus des plantes (effet de thigmomorphogénèse) avec des bandes plastique (de type P30, 200 µm ou 1 mm), découpées ou non en franges, disposées en simple ou double rang chevauché... Le choix varie selon la fragilité de la culture ou le besoin de résistance au vent ; les bandes peuvent être lestées avec une barre horizontale (en PVC ou acier)...

2. GLOBALEMENT, LES RÉSULTATS ONT MONTRÉ qu'il faut au minimum un mois de stimulation pour commencer à obtenir des résultats probants. Ils ont été plus positifs sur les plantes vigoureuses et plus avantageux sur cultures longues. La réduction de hauteur atteint de 10 à 25 % par rapport aux plantes témoins, et + 20 % en diamètre (grâce à une meilleure ramification). Il n'y a quasiment pas eu de casse de boutons floraux ni de fleurs lors des essais.

Les chrysanthèmes grosses fleurs répondent positivement à cette stimulation mécanique dont l'intensité dépend des variétés, avec une production très homogène. Les interventions sont réalisées jusqu'à l'apparition des boutons floraux.

Sur Dipladenia Sundaville® Red en pots, entre 1 à 5 allers-retours par jour, la stimulation mécanique n'influe pas beaucoup sur la hauteur (- 10 % par rapport au témoin), mais très positivement en provoquant une meilleure ramification et un port plus fourni. Par ailleurs, la présence des lianes est nettement moins importante en nombre (- 60 % par rapport au témoin) et en longueur. L'effet seuil reste à trouver, avec des essais allant de 12 jusqu'à 48 passages par jour (Dephy Expe Hortipot). La culture semble réagir davantage si les stimulations sont réalisées le matin ; elles sont plus efficaces en jour court.

Sur Perovskia atriplicifolia 'Blue Spire', entre 3 à 10 allers-retours par jour permettent d'obtenir une réduction de hauteur de 15 %, bien que certaines tiges restent rebelles si la fréquence d'intervention n'est pas assez forte. Des doubles bandes en plastique, frangées et se chevauchant, stimulent mieux les apex latéraux avec un gain important sur la ramification de 30 % minimum. Il faut donc travailler la fréquence d'intervention. Sur Perovskia et plantes de pépinière, il est maintenant préconisé d'intervenir juste après l'enracinement et jusqu'à l'arrivée des fleurs.

Sur Photinia fraseri 'Red Robin', la réduction de croissance atteint entre - 4 et - 8 % en extérieur, et de 0 à - 7 % sous tunnel, dans les conditions de l'essai. Avec pour corollaire un meilleur aspect commercial.

D'autres cultures ont également été testées dans d'autres stations (2) : Hydrangea paniculata 'Kyushu', Lagerstromia indica 'Bergerac', basilic, bégonia, fuchsia, hibiscus, pensées, rosier, sauge, pin maritime, poinsettia... Des essais sur Dipladenia et chrysanthèmes grosses fleurs sont aussi inscrits dans le programme d'expérimentations Déphy Expé. La synthèse des résultats sera disponible d'ici au mois d'avril 2017. L'effet secondaire que peut avoir la stimulation sur le piégeage de masse y est mis en évidence.

3. LES MÉTHODES ALTERNATIVES DE RÉGULATION de la croissance des plantes ont prouvé leur intérêt pour certaines productions. Les résultats sont très dépendants des conditions de conduite culturale. La solution présentée au GIE FPSO avec Pyrène Automation est transférable chez les producteurs. Son principal bénéfice : la présentation finale vraiment très homogène des lots issus d'une même planche de culture. Au-delà, elle apporte plusieurs avantages. Une relative simplicité d'installation et d'utilisation (pilotage sur écran tactile de l'automate + Pocket PC ou Tablet PC). L'automatisation amène un allègement des tâches, une simplification de la gestion des personnels (pas de contrainte pendant les congés des employés). Sachant que l'on peut associer à la stimulation mécanique des LEDs, la culture à froid, et ponctuellement des régulateurs de croissance...

Cette technique ne sert à rien si les plantes sont vraiment laissées sous stress hydrique. Par contre, deux atouts devraient lever des freins au transfert et à la diffusion de la thigmomorphogénèse : elle est abordable financièrement, d'autant plus que les outils sont polyvalents ; et la stimulation régulière ne casse pas les fleurs, même avec une barre horizontale sur le début de formation des boutons (par exemple sur chrysanthème).

Odile Maillard

(1) Basée à Malegoude (09). www.pyrene-automation.fr (2) Arexhor Pays de la Loire, Arexhor Grand Est, CREAT, STEPP Bretagne.