Autour de l'ornement. Produire des fleurs pour leurs seules senteurs
En pays grassois (06), la famille Mul perpétue la grande tradition des cultures de plantesà parfums. Le fruit d'un long partenariat avec la maison Chanel.
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ÀPégomas, au sud de Grasse (06), s'étendent les champs de fleurs de la famille Mul. La production est réservée en exclusivité à la maison Chanel depuis trente ans. Une collaboration nouée à l'époque pour préserver le savoir-faire de l'exploitation et ainsi assurer un approvisionnement de qualité à la marque, avec une usine de transformation dans les champs.
Les fleurs de roses de mai (Rosa centifolia), de jasmins, de tubéreuses simples ou les rhizomes d'iris de Florence cultivés sur 20 ha du domaine sont distillés sur place. Chaque cueillette d'une espèce est traitée dans l'heure grâce à 4 extracteurs recevant 250 kg de fleurs chacun. Après injection du solvant (un hexane) puis trempage, on extrait la « concrète » (cire végétale) par procédé de chauffage. Très stable, l'hexane permet d'obtenir une qualité uniforme des lots jusqu'à la fin de la saison. Le stock final de concrète est alors porté à ébullition puis doucement refroidi pour former la communelle, distillée ensuite en un absolu au bouquet olfactif stable.
400 kg de fleurspour 600 g d'absolu
Première production de l'entreprise, la rose de mai réclame 400 kg de fleurs pour faire 1 kg de concrète puis 600 g d'absolu. Obtenus par greffage de latifolia sur indica 'Major' à partir d'un sujet sélectionné, très florifère, les rosiers centifolia à fleurs simples plantés en 2012 sont semi-persistants. L'homogénéité des plants permet de doubler les rendements par rapport à l'ancienne culture des rosiers francs de pied. Taillés au sécateur en janvier-février, les rosiers légèrement stressés par la greffe produisent plus de pousses et donnent 30 à 40 tonnes de fleurs par an. Si la rose de mai tient la vedette en quantité, c'est néanmoins le jasmin de Grasse qui fait toute la différence. À l'origine, c'est le jasmin grandiflorum officinale, non gélif, qui était cultivé. Sensible au pourridié, il a été remplacé par des pieds greffés notamment sur Jasminum polyanthum. Plantés sur 3 ha, en sol fin très drainant, ils fleurissent dès la deuxième année et produisent 7 à 10 t de fleurs par an. Elles s'enrichissent en indole sous l'effet de la chaleur, ce qui leur confère une note animale très forte. Leur bouquet olfactif si particulier est le résultat du terroir et du microclimat de Grasse : une température stable à 30 °C en été, agrémentée de brises marines avec des nuits relativement fraîches. En revanche, ces jasmins gèlent l'hiver et doivent être buttés, rebuttés, retaillés puis repalissés en juillet pour une récolte d'août à fin octobre.
L'entreprise produit aussi Iris pallida, tubéreuses simples, et s'apprête à planter des géraniums rosa pour compléter sa gamme
Isabelle Cordier
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