Épidémiovigilance Premier signalement en France du tigre du chêne

Originaire de l'est de l'Amérique du Nord, la punaise réticulée du chêne ou tigre du chêne, Corythucha arcuata, était attendue en France depuis plusieurs années. Son identification en région toulousaine a été confirmée par Jean-Claude Streito, de l'Unité d'entomologie du Laboratoire de la santé des végétaux (Anses) de Montferrier-sur-Lez (34). Cet insecte a été observé pour la première fois en Europe en Italie (2000) puis signalé par la suite en Suisse (2002), en Turquie (2003), en Bulgarie (2012), en Hongrie, en Croatie et en Slovénie (2013).

Corythucha arcuata a été repéré sur un groupe de cinq chênes de Hongrie implantés depuis deux décennies environ dans le petit square paysager d'un quartier résidentiel. Cet espace vert peu fréquenté est éloigné des grandes voies de circulation. Au début de l'été, le niveau des populations de l'insecte était déjà assez élevé. Ce premier constat permet d'envisager que sa présence sur le site remonte à quelques années. De rapides observations réalisées dans les environs ont également révélé sa présence sur des chênes pédonculés (Quercus robur) et des chênes à glands sessiles (Q. petraea). Les prospections en cours permettront certainement de découvrir d'autres foyers et probablement en dehors de la région toulousaine.

Éléments de biologie

Corythucha arcuata est très proche morphologiquement du tigre du platane (Corythucha ciliata). Sa taille est légèrement inférieure (3 à 3,5 mm) et ses hémélytres foliacées de couleur blanc-crème sont marquées de quatre taches brunes (deux pour le tigre du platane). L'insecte vit au revers des feuilles où les différents stades larvaires ainsi que les oeufs noirs, disposés verticalement, s'observent. Les larves comme les oeufs apparaissent généralement groupés. Trois générations par an semblent possibles dans nos régions. L'insecte passe l'hiver au stade adulte, probablement dans les anfractuosités du rhytidome cortical.

Symptomatologie

Le tigre du chêne est un insecte piqueur-suceur opophage. En vidant les contenus cellulaires, il provoque une décoloration des feuilles qui apparaît sous la forme de taches s'amplifiant au cours de la saison. Une zone nécrotique se forme ensuite dans les parties les plus atteintes. Les feuilles les plus touchées peuvent tomber prématurément. Au revers, les colonies de l'insecte sont visibles au milieu des exuvies larvaires et des multiples ponctuations noires luisantes correspondant aux déjections qu'il a laissées.

Hôtes possibles

En Europe, ce tigre colonise de nombreux chênes à feuilles caduques : le chêne pubescent (Q. pubescent), le chêne pédonculé (Q. robur), le chêne à glands sessiles (Q. petraea), le chêne chevelu (Q. cerris) et le chêne de Hongrie (Q. frainetto). Il épargne ceux à feuilles persistantes, le chêne vert (Q. ilex), le chêne liège (Q. suber) et curieusement le chêne rouge (Q. rubra), hôte reconnu de l'insecte en Amérique du Nord. Il se rencontre également sur la ronce à feuilles d'ormes (Rubus ulmifolius).

Pierre Aversenq