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Épidémiovigilance Pyrale du buis : l'été ravageur

Les broderies de buis de Vaux-le-Vicomte (77) sont sérieusement ravagées par la pyrale Cydalima perspectalis.PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Les pullulations de Cydalima perspectalis occasionnent des dommages dans les parcs, jardins et espaces verts, autant que dans les sous-bois. La chenille vorace s'attaque à l'écorce des Buxus, teste d'autres essences et colonise les abords des demeures.

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Cette année, la pyrale du buis (Cydalima perspectalis) a confirmé sa nuisance considérable sur les buis des parcs et jardins de France métropolitaine, spécialement ceux situés dans le voisinage de buxaies. L'intensité des infestations relevées cet été dans de nombreux départements, du Jura à la Dordogne en passant par la Seine-et-Marne, est sans précédent.

2017 confirme la tendance

Comme beaucoup de chenilles défoliatrices aux moeurs grégaires (processionnaire du pin, bombyx disparate...), la gradation de la pyrale du buis semble culminer depuis 2015-2016 dans plusieurs régions et a confirmé cette tendance en 2017. En général, une diminution des populations de lépidoptères a lieu après deux ou trois ans d'apogée sous l'effet régulateur d'auxiliaires naturels et/ou de phénomènes climatiques. Mais reste à savoir si pour la pyrale du buis, parasite émergent dans notre pays depuis 2008, les prédateurs, parasitoïdes et autres mycoses d'insectes, seront assez nombreux et efficaces pour venir à bout des myriades de chenilles qui s'abattent sur les buis cultivés ou sauvages.

Une impressionnante voracité

À la suite d'un fort niveau de population larvaire en 2016 et d'une avance de végétation de quinze jours environ lors du premier trimestre 2017 à cause de températures plus élevées que la normale, les chenilles hivernantes sont sorties très tôt de leur diapause (cocon formé entre les feuilles) pour commettre leurs premiers dégâts. En Loire-Atlantique, zone précoce sous influence océanique, des observations réalisées pour le bulletin de santé du végétal (BSV) en JEVI (jardins, espaces verts et infrastructures) ont permis de détecter des chenilles (stades L2-L3) en reprise d'activité dès le 17 février, plutôt que mars habituellement. À ces stades, les larves déjà évoluées sont gloutonnes. Mais c'est la génération suivante (la deuxième du cycle multivoltin) qui s'est montrée la plus dévastatrice en juillet, animée par une impressionnante voracité. En témoignent les attaques fulgurantes constatées dans plusieurs espaces verts publics ou privés, dont des domaines historiques comme celui du château de Vaux-le-Vicomte (77) où des milliers de buis d'ornement (broderies, topiaires, haies taillées) ou subspontanées en sous-bois ont été défoliés, avec de graves répercussions écologiques, patrimoniales, touristiques et économiques. Rappelons que la pyrale du buis effectue un cycle complet (papillon, oeuf, chenille L1 à L5 ou L7, chrysalide) de deux à quatre générations en Europe selon les biotopes, contre trois à cinq en Asie orientale, son aire d'origine.

Coloniser jusque dans les maisons

Summum de la pullulation, les chenilles insatiables ayant consommé toutes les feuilles des buis ont ensuite rongé les écorces des rameaux et des tiges avant de coloniser par milliers les façades et les terrasses de certaines maisons ! Selon Jean-Claude Martin, chercheur en entomologie à l'Inra d'Avignon (84), ce comportement semble provenir d'une quête accrue de nourriture. Preuve en est dans le département de la Dordogne, où la Fredon (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) a constaté ce phénomène en juillet au grand dam des élus et riverains de buxaies. Les arbustes totalement desséchés sont apparus non seulement condamnés, mais ont augmenté les risques d'incendie en forêts. De plus, les larves affamées ont goûté d'autres végétaux (charme, chêne, figuier, lierre, lilas, noisetier, orme, rosier) en contact ou à proximité directe des buis attaqués. Sans défoliation, ces plantes affichaient cependant des morsures foliaires par endroits. Face à ces situations, seule une lutte intégrée et collective s'avère aujourd'hui en capacité de maîtriser la pyrale du buis.

Jérôme Jullien

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Les larves affamées vont jusqu'à ronger les écorces.

PHOTO : ANNA LABARRE, FREDON LIMOUSIN

Les défoliations en sous-bois augmentent les risques d'incendie.

PHOTO : ANNA LABARRE, FREDON LIMOUSIN

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