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Filière « Plante locale » : un défi sans frontière

Mode ou vrai phénomène de fond, pour des marchés de niche ou non, si le label « Végétal local » interroge, il n'occulte pas la préoccupation majeure des pépiniéristes : vendre leurs productions.

L'expression recèle différents enjeux que les pépiniéristes du Pôle paysage de la FNPHP ont évoqué lors d'une table ronde, à Paris le 18 janvier dernier.

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Préservation de la biodiversité, survie de la profession : les enjeux de la thématique « Plante locale » ont alimenté les échanges entre la trentaine de participants à la table ronde organisée par le Pôle paysage de la Fédération nationale des producteurs de l'horticulture et du paysage (FNPHP). Le débat était riche et les interrogations nombreuses ce 18 janvier à Paris. La journée a traité deux approches possibles : l'origine génétique de la plante, mise en exergue avec le lancement en 2015 des labels « Végétal local » et « Vraies messicoles », et la production de proximité.

Comme Michel Le Borgne, pépiniériste et animateur du Pôle paysage, l'a souligné, les échanges auraient pu être encore plus fructueux si paysagistes-concepteurs et entrepreneurs du paysage avaient répondu plus nombreux à l'appel. Car l'objectif de ces journées pour les pépiniéristes consiste à mieux cerner les attentes de leurs clients. L'engouement pour le « local » est réel, en témoigne la multiplication des projets d'aménagements requérant des plantes indigènes. Or, si le label « Végétal local » se justifie pour certains espaces naturels ou semi-naturels ou dans le cas de travaux de génie écologique, « une telle exigence écosystémique n'a pas d'intérêt pour un square urbain », précise Gérard Largier, de la Fédération des conservatoires botaniques nationaux, porteur du label en partenariat avec Afac-Agroforesteries et Plante & Cité.

Une typologie d'usages

Les producteurs se sont accordés sur l'appropriation du label, à mauvais escient, par des élus soucieux de communiquer sur le durable. Il manque une typologie des espaces pour lesquels « Végétal local » a sa raison d'être. Fort de ce constat, le Pôle a résolu de proposer des modifications du Cahier des clauses techniques particulières (CCTP) type visant à faciliter des achats « durables » de végétaux sauvages d'origine locale, rédigé dans le cadre de l'animation du label, et dont la parution interviendra sous peu. Malgré tout, « il y a urgence à ne pas se presser, surtout en ce qui concerne les arbres », prévient le pépiniériste Daniel Soupe : au risque de susciter une demande à laquelle la profession n'est pas encore capable de répondre à cause des délais de production des grands ligneux.

Le terme « local » recèle un autre enjeu important pour la production : celui de produire et vendre localement des végétaux adaptés aux conditions pédoclimatiques régionales. En Allemagne, l'achat territorial, voire dans les lands, est privilégié. Comment inciter les collectivités françaises à soutenir l'économie locale en se fournissant auprès des producteurs de proximité ? « Nous nous différencions sur des gammes non produites à l'étranger et nous travaillons sur les spécificités techniques de nos produits », indique Guilhem Bost, des pépinières Lepage. De l'autre côté, certaines collectivités parviennent très bien à rédiger un appel d'offres de façon à faciliter l'accès aux fournisseurs locaux. Le décret de mars 2016 relatif aux marchés publics apporte de nouvelles armes aux décisionnaires pour aller dans ce sens. Reste aux pépiniéristes à faire valoir leurs atouts et aux élus à n'oblitérer aucun des trois piliers du développement durable.

Valérie Vidril

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