Génie végétal Tous les espaces verts urbains ont du génie
Le colloque du 7 février, organisé à Paris par Val'hor (*), a été l'occasion d'aborder de grandes problématiques liées à l'arbre, thème retenu cette année.
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Lorsque l'on pense génie végétal ou biologique, on pense immédiatement aménagements de bords de rivières pour prévenir les inondations, réhabilitations d'anciennes carrières ou autres sites industriels, utilisation de plantes pour dépolluer des sols, etc.
Mais si l'on s'en tient à la définition rappelée par Freddy Rey, chercheur à l'Irstéa (ex-Cemagref) et ancien président de l'Association française pour le génie biologique ou le génie végétal (AGébio), « c'est la mise en oeuvre de techniques utilisant les végétaux (végétalisation) et leurs propriétés mécaniques et/ou biologiques pour trois objectifs. Le premier : contrôler, stabiliser et gérer les sols érodés. Le second : restaurer et réhabiliter les milieux dégradés, et enfin dépolluer, c'est-à-dire faire appel à la phytoremédiation ». Remis dans ce contexte, ce concept est beaucoup plus large qu'imaginé au départ : si l'on tient compte des capacités dépolluantes des arbres, leur seule présence dans la ville tient déjà du génie végétal !
Quand Alphand défendait le budget des arbres
Le thème retenu par Val'hor pour son troisième colloque sur le sujet, le 7 février dernier dans les locaux du Cese à Paris, « L'arbre, solution durable pour les territoires », était parfaitement cohérent, malgré l'aspect un peu « fourre-tout » que pouvait avoir le contenu des interventions de prime abord. Il a été question de gestion des inondations et de réaménagements de berges, mais aussi de charte de l'arbre en ville, en l'occurrence à Lyon (69), ou du rôle de la végétation dans la climatisation de la ville. Les mauvaises langues trouveront que toutes les opérations d'aménagements paysagers urbains relèvent du génie végétal, mais n'est-ce pas la réalité ?
Les principaux aspects techniques liés à ces interventions ont été présentés dans notre édition électronique de la semaine passée (www.lienhorticole.fr). Au-delà, les quelque 200 participants ont, au travers des interventions et échanges, abordé des problématiques actuelles qu'il convient de noter. Des notions de coût, par exemple : Frédéric Ségur, responsable du service arbres et paysage de la métropole de Lyon, a rappelé que, certes, planter des arbres en ville représente un investissement, mais que c'est déjà ce qui avait été opposé à l'ingénieur Jean-Charles-Adolphe Alphand au XIXe siècle, quand il poussait à planter des arbres dans Paris. Certains lui reprochaient les dépenses engagées ; lui leur répondait que cela n'avait rien d'excessif mis en regard des services rendus par ces végétaux, qui renouvellent l'air vicié, produisent de l'ombre et décorent la cité. Et l'intervenant de rappeler que, sur un registre plus technique, le baron Georges Eugène Haussmann se préoccupait déjà de fertilité des sols. Les sujets de débats que l'on croit nouveaux sont souvent éternels !
Autre sujet abordé : les plantes locales. Le souci de se tourner vers cette flore a plusieurs fois été évoqué au cours des interventions. Francis Hallé, botaniste et parrain de la manifestation, s'est dit en désaccord avec cette notion : « Alphand utilisait des platanes et des marronniers », a-t-il rappelé, ajoutant que l'on « se bat avec des solutions très partielles ». Claude Guinaudeau, autre professionnel, qui a été président de la Société française d'arboriculture, a lui aussi estimé que parler de « plantes adaptées est plus intéressant que de parler de plantes locales ». Puis Francis Hallé s'est inquiété du sort réservé aux arbres sur la planète, soulignant l'intérêt de les respecter, de ne pas tailler de grosses branches, simplement « parce qu'on a toujours taillé »...
Enfin, Benoît Ganem, président de Val'hor, a conclu la journée en indiquant que « dans un environnement économique parfois compliqué, il est plus que jamais nécessaire de rassembler autour d'un projet fédérateur. S'il y a bien un message à porter qui peut être un socle commun pour notre filière, c'est celui des bienfaits des plantes ». La route pour défendre la Cité verte : tout se tient, là aussi...
Pascal Fayolle
(*) Actes disponibles prochainement sur www.genie-vegetal-ecologique.fr
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