Un printemps pluvieux, au final plu tôt heureux !
Notre indicateur Médioflor-Lien horticole portant sur la saison de printemps 2018 et la fête des Mères dresse le portrait d'une saison compliquée mais finalement plutôt bonne, qu'il faudra confirmer jusqu'en juillet. Les difficultés logistiques amènent par contre de nouvelles interrogations.
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Chaque année, trois facteurs déterminants influencent fortement les résultats d'une saison de printemps et ceux de ses acteurs : la météo, le calendrier et ses conséquences logistiques, les modes et les tendances.
Météo, une année vraimentparticulière
La température a été exceptionnellement douce en janvier puis très froide en février, le tout ponctué par une pointe hivernale du 26 au 28. Après un mois de mars plutôt frais et très pluvieux, avril s'est classé au 3e rang des mois d'avril les plus chauds depuis 1900, avec un pic de chaleur précoce qui a concerné l'ensemble du pays du 18 au 22 avril. Le mois de mai a été contrasté : le quart nord-est a bénéficié d'une grande douceur alors que les températures sont souvent restées assez fraîches au sud. Dans l'ensemble, la luminosité a été déficitaire sur les 5 premiers mois (- 10 % comparativement à 2017).
Les conséquences de ces variations ont été importantes pour la production et le commerce horticole : la douceur de janvier n'a pas permis de bien terminer la saison des bisannuelles. Le coup de froid fin février a nettoyé les jardins, balcons et terrasses des plantes gélives, laissant un bon espoir pour les ventes à venir, mais la pluviosité et la fraîcheur du mois de mars ont retardé le début de la saison provoquant des embouteillages dans les serres de production. Les séries précoces de plants de légumes et de plantes à massif en ont souffert, gênant souvent le bon développement des séries à suivre. Puis, à compter de mi-avril, ça a été de la folie. La demande est arrivée brutalement et l'essentiel de la saisons'est déroulé sur six semaines.
La fête des Mères est intervenue dans la période météo faste de la fin de mai, favorisant les cadeaux de végétaux d'extérieur pour les jardins, terrasses et balcons.
Le calendrier et sesconséquences logistiques
Les fêtes de Pâques, qui étaient très tôt en saison cette année, les 1er et 2 avril, dans un contexte gris et humide, n'ont pas permis de donner le coup d'envoi. Mais dès le 15 avril, en raison de l'embellie météo, tout s'est accéléré, demandant aux acteurs de la production et de la logistique des trésors d'imagination pour louvoyer entre les obstacles posés par les jours fériés en pleine semaine et les quelques perturbations sociales. Mardi 1er mai, mardi 8 mai, jeudi de l'Ascension le 10 mai et lundi de Pentecôte le 21 mai : pas assez de jours ouvrables, pas assez de camions, pas assez de chariots, pas assez de bras. Le mois a été très éprouvant pour tous les acteurs de la filière. Par contre, ce calendrier a dopé les ventes de mai et de la fête des Mères.
Modes et tendances :primes aux plantes double effet
Le facteur des modes et des tendances a été particulièrement influencé par les deux facteurs ci-dessus. Les ventes de plantes annuelles conditionnées en barquettes régressent depuis les années 2000 au profit de celles de plantes prêtes à poser qui offrent un résultat immédiat. La configuration météorologique a encore amplifié cette évolution pour la courte période des ventes de ce printemps. La commercialisation de géraniums a été bonne, un peu grâce au pic de froid de fin février, mais peut être aussi grâce à l'action promotionnelle générique entreprise pour cette plante. La période de vente a été courte mais suffisante pour absorber les productions. Les dipladénias s'écoulent toujours bien mais ils ont souffert d'une période de vente trop courte. La concurrence est forte et cette star montante de la dernière décennie a recours aux prix réduits, aux promotions et aux remises pour garder sa place.
Pour la fête des Mères, le commerce des végétaux d'extérieur prêts à poser a progressé en moyenne de 20 % au détriment des végétaux fleuris d'intérieur. Pour les végétaux d'intérieur, ce sont sans aucun doute les plantes vertes, les succulentes, les cactées et les bonzaïs qui ont occupé le podium, reléguant les Phalaenopsis et autres orchidées au rôle de figurantes des prix cassés.
Les plants de légumes font exception cette année, les ventes de début de saison ont été poussives. Ils ont toujours la cote, mais se doivent d'être de plus en plus biologiques, voire labellisés AB. Dès les premières semaines d'avril, les plants de ces catégories ont été tous vendus rapidement et difficiles à réapprovisionneralors que les ventes des plants de légumes classiques ont été plus difficiles et ont traîné en longueur.
En pépinière ornementale d'extérieur, la tendance est nettement aux plantes double effet : ornementales et parfumées, ornementales et utilisables en cuisine, ornementales et fonctionnelles (attirantes ou répulsives) selon l'usage que l'on en attend. Une plante à double effet, une belle histoire en accompagnement, voilà des pistes intéressantes à exploiter pour les vendeurs de végétaux.
De justesse pourles horticulteurs producteurs
Les fleuristes ont bien travaillé pour la fête des Mères, particulièrement ceux qui avaient chargé en plantes prêtes à poser. Leurs ventes de fleurs coupées et compositions ont légèrement dépassé celles de l'an dernier. Les horticulteurs détaillants sont également satisfaits. Les horticulteurs producteurs « se sont arrachés les cheveux » en jonglant avec la météo, la place disponible, et les moyens logistiques. Ils y sont parvenus mais de justesse. Les grossistes ont du faire preuve d'une grande réactivité, d'une agilité. La distribution s'est vraiment fait peur en début de saison, mais s'est rassurée progressivement en ayant encore pour objectif d'atteindre les bons scores de 2017, selon le déroulement du mois de juin et de la première quinzaine de juillet.
Le prêt-à-poser proposeune nouvelle équation
La saison 2017 était une référence, l'une des meilleures depuis longtemps. Cette année, malgré les obstacles météorologiques, calendaires ou logistiques, beaucoup d'acteurs ne sont toutefois pas loin des scores réalisés l'année précédente, en un temps très concentré, ce qui est une véritable performance. C'est le mois de juin qui va permettre de rattraper le retard ou de l'accentuer selon son bon ou son mauvais déroulement météorologique. En 2017, il avait été très bon et la saison s'était étendue jusqu'à la mi-juillet.
L'évolution croissante de la demande de prêt-à-poser sur une période calendaire courte lance un défi à tous les acteurs. Ce défi va remettre en cause les modèles économiques, les rapports entre production et distribution, les habitudes logistiques. Le volume disponible sur un roll CC ou sur une palette et le nombre de rolls ou de palettes dans un camion n'a pas changé. Ce qui a changé, c'est la valeur transportée par roll CC, palettes et camions. Il y avait plus de valeur marchande sur un roll avec les barquettes de plantes qu'avec les produits prêts à poser. Cette nouvelle équation (prix du transport/volume par roll/livrer moins de rolls plus souvent) va probablement obliger les acteurs à imaginer de nouvelles alliances. Le système a bien failli craquer, à cause de la configuration difficile de la météo, de l'influence calendaire et du déficit en moyens logistiques disponibles. Pour répondre à cette croissance de la demande de prêt-à-poser sur une courte période, il faudra probablement rapprocher la production du lieu de vente et mettre en place des moyens logistiques qui présupposent de nouvelles alliances et de nouveaux modèles économiques.
Production, logistique, distribution, les jeux ne sont pas encore faits et peuvent prendre une toute nouvelle orientation.
Brand Wagenaar, Medioflor
L'enquête auprès des acteurs de la filière s'est déroulée du 28 mai au 8 juin derniers par appel téléphonique et entretienen vis-à-vis avec des fleuristes indépendants, fleuristes franchisés, horticulteurs détaillants, horticulteurs vendantà la distribution, grossistes et acteursde la distribution spécialisée.
Casse-tête logistiquePas assez de jours ouvrables, pas assez de camions, pas assez de chariots,pas assez de bras : le mois de mai a été éprouvant pourla filière.
Au potager,du bio ou rien Le début des ventesa été poussif pour les plants de légumes. Biologiques, voire labellisés AB, ils sont toutefois vite partis lorsque les ventes ont décollé.
La star actuelle marque le pasLa commercialisationdes dipladénias est toujours importante mais ils ont souffert d'une période trop courte.
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