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Le pin parasol

C'est la tordeuse des pousses terminales du pin, une chenille brune, qui est responsable de cette forme caractéristique des pousses de l'année.

Emblématique des régions méditerranéennes, il présente un grand développement et ses racines créent parfois des perturbations en ville. Mais grâce à son adaptabilité et un bon comportement face aux parasites, il reste largement planté comme arbre d'ornement.

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PORTRAIT DE L'ARBRE

C'est à sa forme en parasol ouvert très typique chez les vieux sujets qu'il doit son nom. Mais on l'appelle également pin pignon en raison de ses graines comestibles qui agrémentent plats et desserts. Le Pinus pinea est un conifère à feuillage persistant ; le cycle de vie de ses aiguilles vert glauque, assez longues (10 à 15 cm) et rigides, est en général de 3 ou 4 ans. Il possède une écorce profondément crevassée et grisâtre qui se décolle par plaques et révèle dessous un rhytidome plus jeune, de teinte ocre à rougeâtre. Son épaisseur protège l'arbre des feux. Les cônes très gros persistent plusieurs années sur ce pin ; ils sont matures au bout de 3 ans. En Espagne et en Turquie, les pignons qu'ils contiennent sont aujourd'hui récoltés mécaniquement sur des sujets soigneusement sélectionnés et conduits en vergers.Le pin parasol est doté d'une croissance rapide et peut atteindre 20 à 25 m de hauteur pour un étalement de couronne de même dimension (des sujets de plus de 6 m de circonférence sont répertoriés). Il présente également une grande longévité, supérieure à 200 ans (des arbres de 400 ans sont connus). Son tronc est droit et son architecture aérienne est très régulière. Au cours de sa croissance, ce conifère développe assez fréquemment des enfourchements à écorce incluse qui constituent des points de fragilité sur un sujet adulte. Ses racines sont superficielles, très étalées et fortement anastomosées. Leur superficialisation est très marquée en présence de revêtements de surface imperméable... d'où l'apparition de déformations et cloquages d'enrobés lorsque l'arbre est planté en bord de voirie. Élevé en conteneur, un jeune sujet a tendance à développer un chignon racinaire qui persiste durablement. Une fois planté, il subit alors une strangulation de son collet qui le fragilise.Les origines du pin pignon sont discutées : probablement l'Asie Mineure et le pourtour de la mer Noire... et les Romains l'auraient disséminé dans tout l'empire. Aujourd'hui, son aire naturelle est le pourtour méditerranéen. En forêt, il est associé au pin d'Alep (Pinus halepensis) et au chêne vert (Quercus ilex). Mais l'arbre a été très largement planté dans le Sud-Ouest et sur la côte atlantique jusqu'à la Bretagne. Selon la tradition orale, dans le Sud-Ouest, ce serait un marqueur de la religion protestante et notamment de la liberté du culte retrouvé après l'édit de tolérance en 1787.Son bois est utilisé en menuiserie et pour la confection de charpentes. Il est également réputé pour la production de cellulose. La récolte de sa résine permet de fabriquer la térébenthine.

SENSIBILITÉS ENVIRONNEMENTALES

Le pin parasol est une essence thermophile et héliophile. Il exige des températures élevées pour son développement, ce qui limite son aire de plantation au sud de la France et aux régions à climat doux. Malgré tout, il présente une assez bonne rusticité et un sujet adulte supporte même des gelées hivernales de forte intensité (- 15 à - 20 °C). Il a également besoin de lumière et va fortement déformer son houppier pour la trouver ou bien il dépérira. Sous un pin parasol, l'ombre est par contre épaisse et le sous-étage demeure pauvre en végétation. C'est un arbre qui supporte les sécheresses prolongées mais lorsque la pénurie d'eau est importante, il enclenche une chute prématurée de ses aiguilles anciennes. Ce symptôme est fréquent sur les jeunes sujets lors de leur première année de plantation. Le pin pignon résiste modérément aux embruns salés, notamment lorsque ceux-ci comportent des polluants organiques et des tensioactifs. En raison de son architecture, il est très vulnérable aux chutes de neige qui entraînent des ruptures de branches et une désarticulation du houppier.

Côté sol, il apprécie les terres sablonneuses à limono-sableuse et caillouteuses à condition qu'elles soient bien alimentées en eau (proximité de la nappe phréatique). Il peut être en difficulté dans les terrains compacts, argileux et hydromorphes. Mais il s'adapte à une large amplitude de pH (de 4 à 9) et accepte de fortes teneurs en calcaire actif. Cette tolérance est en partie fonction de la qualité de la mycorhization sur ses racines.

GRANDES AFFECTIONS PARASITAIRES

Contrairement aux autres espèces de pins, Pinus pinea est relativement épargné par les parasites et les ravageurs. Même les chenilles processionnaires (Thaumetopoea pityocampa) très communes maintenant se montrent moins virulentes envers lui. Quant aux scolytes, capables de coloniser tous les pins sans distinction et avec la même intensité, ils ne s'installent que sur les arbres préalablement affaiblis.

Les affections des aiguilles

Les chenilles processionnaires du pin (Thaumetopoea pityocampa) se repèrent dans toute l'aire de plantation du pin parasol. Même si l'insecte exprime une préférence assez marquée pour le pin sylvestre (Pinus sylvestris) et le pin noir (Pinus nigra), ses attaques sont fréquentes actuellement. Sa présence se remarque au début de l'hiver avec l'apparition de bourses soyeuses blanches tissées en bout de branches. Ces nids d'hiver hébergent les chenilles qui s'alimentent régulièrement des aiguilles de l'arbre. Elles le quittent en procession au début du printemps et s'enterrent pour se chrysalider. Comme elles sont urticantes, une lutte est indispensable dans les lieux publics.

Sur la face interne des doubles aiguilles, peut s'installer la cochenille blanche des aiguilles du pin (Leucaspis pini). Des boucliers blancs aplatis et allongés protègent le corps des femelles. Sous l'effet des prélèvements de l'insecte, les aiguilles jaunissent et tombent prématurément.

Ces dernières années, la maladie du rougissement des pins pignons (Thyriopsis halepensis) a également été très remarquée. Favorisée par un printemps humide, elle entraîne une importante chute d'aiguilles anciennes et seules les jeunes pousses restent épargnées. Sur les aiguilles jaunissantes, les fructifications caractéristiques du champignon s'observent.

Les atteintes des pousses

Le chermès du pin (Pineus pini) s'installe parfois sur les jeunes pousses et à la base des aiguilles. Cet insecte piqueur-suceur peu dommageable pour les arbres se détecte aisément car il secrète des filaments cireux blancs.

Le gros puceron du pin (Cinara pinea) gris à brun-foncé peut également prendre place sur les jeunes pousses en croissance et former de denses colonies. C'est un insecte phloephage qui génère et répand sous l'arbre d'importants écoulements de miellat lorsque ses populations grossissent.

Certaines années, une chenille brune, la tordeuse des pousses terminales du pin (Rhyacionia buoliana) se fait remarquer en évidant les pousses de l'année. Le plus souvent, celles-ci se déforment et se dessèchent mais parfois elles poursuivent leur développement tout en conservant leur courbure. Mais la présence de cet insecte sur cette espèce reste très occasionnelle.

Particulièrement redouté en ce moment sur le pin noir et le pin sylvestre, le sphaeropsis du pin (Sphaeropsis sapinea) semble pouvoir se déclarer aussi sur le pin parasol. Cette maladie a pu être effectivement identifiée sur les cônes ouverts mais à ce jour, elle n'entraîne pas le dessèchement des jeunes pousses et des mortalités de branches comme sur les autres espèces.

Parasites et ravageursdes branches et du tronc

Ce sont essentiellement des scolytes qui colonisent les parties lignifiées des pins ; il s'agit de ravageurs secondaires qui ne peuvent s'installer que sur des sujets affaiblis dont la pression d'exsudation de résine est inférieure à celle d'arbres vigoureux. Lepin parasol héberge plusieurs espèces dont le sténographe (Ips sexdentatus) et l'hylésine du pin (Tomicus piniperda). Cette dernière a la particularité de creuser une galerie de maturation dans la partie médullaire des jeunes pousses d'un sujet en bon état physiologique. Elle fragilise les pousses qui se cassent et tombent au sol encore vertes. Sur un arbre affaibli par contre, ce scolyte fore dans le tronc et les branches des galeries sous-corticales aux dessins étoilés qui provoquent le dessèchement rapide de son hôte. De petits orifices ronds garnis de résine séchée d'où s'échappe de la sciure sont alors visibles sur les écorces.

Un autre insecte xylophage, la pyrale du tronc (Diorychtria sylvestrella) investit parfois le fût d'un pin parasol affaibli ou blessé. Elle se détecte par la présence de « bougies » de résine séchée mélangée à de la sciure qui restent accrochées sur l'écorce.

Les pathologies des racineset du collet

Le pourridié racinaire le plus commun sur Pinus pinea est le pourridié à armillaire (Armillaria mellea). Il infecte aussi bien un sujet affaibli qu'un arbre vigoureux, et notamment lorsque la pression d'inoculum dans le sol est très importante. La maladie du rond occasionnée par Heterobasidion annosum peut également faire son apparition. Et plus rarement et systématiquement après un brûlage de rémanents ou un incendie, le pourridié rhizinéen (Rhizina undulata) parvient à se développer sur le pin parasol.

Les champignons lignivores

Quelques espèces de champignons lignivores sont capables de coloniser des sujets vivants à partir de blessures accidentelles. La plus commune sur la partie aérienne des arbres est le phellin des pins (Daedaleopsis pini). Le champignon provoque une pourriture tubulaire dans le bois profond, généralement peu active et bien compartimentée. Dans la base des troncs et les mâts racinaires, le pheole de schweinitz (Phaeolus schweinitzii) déclenche une pourriture rouge cubique très active qui peut fragiliser les arbres. n

Pierre Aversenq

C'est la tordeuse des pousses terminales du pin, une chenille brune, qui est responsable de cette forme caractéristique des pousses de l'année.

La sciure s'échappant de petits orifices ronds garnis de résine révèle la présence de l'hylésine du pin sur un arbre affaibli.

La formation caractéristique d'une "bougie" de résine séchée atteste de la présence de la pyrale du tronc.

Les arbresélevés en conteneurs sont fragilisés du fait du développement d'un chignonracinaire.

Planté en bord de voirie, les racines superficielles de l'arbre se développent et des déformations apparaissent.

PHOTOS : PIERRE AVERSENQ

Ces bourses soyeuses blanches sont les nids d'hiver des chenilles processionnaires du pin.

La cochenille blanche des aiguilles de pin peut s'installer sur la face interne des doubles aiguilles.

Lors de pénurie d'eau importante, l'arbre enclenche une chute prématurée des aiguilles anciennes.

Un printemps humide favorise la fructification de ce champignon responsable de la maladie du rougissement des pins pignons.

Des enfourchements à écorce incluse, fréquents chez le pin parasol, constituent des points de fragilité de l'arbre.

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