Login

Par Pierre Aversenq, expert arboricole Quel est votre diagnostic ?

Le coupableCoraebus florentinus le bupreste des branches du chêne ou coroèbe florentin est un coléoptère appartenant à la famille des buprestidés. PHOTO PIERRE AVERSENQ

Le bupreste des branches du chêne

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

DÉTECTION

La brutalité du dessèchement de ces branches périphériques qui survient au moment du débourrement des chênes laisse envisager une interruption brutale du flux de sève ascendant au début du printemps. La présence de réitérats vigoureux à la base des branches desséchées montre bien que cette « coupure » des vaisseaux conducteurs est très localisée et se situe juste au-dessus de la zone où se développent les rejets. L'écorçage à la limite entre les tissus encore verts et ceux desséchés permet de mettre en évidence une galerie annulaire dont le profil est confirmé par le fait que ces axes se cassent à ce niveau. C'est une galerie occasionnée par un insecte xylophage spécifique des chênes : le bupreste des branches du chêne ou coroèbe florentin, Coraebus florentinus (Herbst 1801) (syn : Coraebus bifasciatus), un coléoptère appartenant à la famille des buprestidés.

CONFUSIONS POSSIBLES

Un chêne dépérissant peut également présenter des branches desséchées à la périphérie de sa couronne. Cependant, ce symptôme de « descente de cime » est généralisé ; les mortalités d'axes sont homogènes et la vigueur générale de l'arbre est faible. Avec le bupreste, les desséchements d'axes sont habituellement épars et ils contrastent nettement avec la bonne vitalité du reste du houppier. D'autre part, la présence de rejets vigoureux à la base des branches permet de confirmer la présence de l'insecte.

Sur les chênes à feuillage persistant, les axes desséchés conservent leurs feuilles qui prennent une teinte brune à rousse et apparaissent alors des « taches » caractéristiques dans les houppiers. Ces symptômes peuvent ressembler à ceux qui surviennent sur le chêne vert lors d'une importante attaque d'un insecte piqueur-suceur, le kermès des teinturiers (Kermes vermilio). Mais celui-ci sera identifié par la présence de petites coques sombres et bombées sur les écorces des branches.

DESCRIPTION DE L'INSECTE

Le coroèbe florentin est un bupreste au corps allongé et mesure entre 13 et 16 mm. De couleur vert doré brillant, il possède des élytres sombres qui prennent une teinte bleue dans leur partie apicale et qui sont ornés de 2 bandes transversales claires et arquées. La larve xylophage crème à jaunâtre, de 25 à 32 mm de long, a une forme circulaire.

ÉLÉMENTS DE BIOLOGIE

C'est un insecte méridional présent dans le sud de l'Europe (France, Italie, Espagne et Portugal). En France, il est commun dans le sud, y compris sur le littoral atlantique, mais sous l'effet du réchauffement climatique, il se répand aujourd'hui vers le nord (région parisienne et Est). Adulte, ce bupreste est difficile à observer car il vit en hauteur sur la canopée des chênes. Il émerge en juin et juillet et son existence est courte. Les femelles fécondées déposent un oeuf à la fois à l'extrémité d'une branche saine. La larve perfore l'écorce et creuse dans le bois une galerie descendante plus ou moins sinueuse de 1 à 1,50 m de longueur. En raison de ce comportement, l'insecte est parfois appelé « la couleuvre ». La durée du développement larvaire varie de 20 mois à 4 années en fonction des conditions de températures. En fin de cycle larvaire, au moment du débourrement des chênes, la larve creuse une galerie parfaitement annulaire dans l'aubier récent, gagne à nouveau la zone médullaire de la branche puis remonte de quelques centimètres dans la partie maintenant desséchée. Elle creuse une logette dans laquelle elle se nymphose (avril et mai). L'adulte émerge rapidement par un trou de sortie de forme ovale de 3 à 4 mm de diamètre. Il apparaît sur la partie desséchée de la branche à proximité de la galerie annulaire sous-corticale et se nourrit de feuilles de chênes sans occasionner de dégâts significatifs.

HÔTES POSSIBLES

Toutes les espèces européennes de chênes peuvent être colonisées par le bupreste, notamment le chêne pédonculé (Quercus robur), le chêne à glands sessiles (Quercus petraea) et le chêne pubescent (Quercus pubescens). Abondant en zone méridionale, l'insecte s'installe aussi sur le chêne vert (Quercus ilex) et le chêne-liège (Quercus suber). Il a été repéré de façon très occasionnelle sur des chênes rouges (Quercus rubra).

CONSÉQUENCES POUR LES ARBRES

Un arbre adulte bien développé ou un sujet vieillissant n'est pas inquiété par le coroèbe florentin qui, généralement, colonise peu de branches. En revanche, sa présence sur la flèche d'un jeune chêne peut fortement en perturber l'architecture et un suivi du refléchage doit être alors réalisé pour qu'il retrouve un axe dominant et bien orthotrope.

L'arbre peut garder les traces d'anciennes attaques dans sa silhouette avec la présence sur ses branches de courbures en forme de « baïonnette ».

Pierre Aversenq

Dessèchements de branchesUn vieux chêne pédonculé (Quercus robur) d'origine spontanée se trouve inclus dans un aménagement urbain au centre d'un îlot végétalisé. Son port trapu, son large houppier et son tronc imposant lui confèrent un statut d'arbre remarquable ; il marque fortement le paysage. Le sujet assez peu vigoureux ne présente aucun signe marqué de dépérissement. Pourtant, des dessèchements de branches apparaissent régulièrement et suscitent l'inquiétude des riverains...

Des rameaux dénudés en hauteurDes axes isolés dans le houppier se dessèchent. Au moment du débourrement printanier, ils n'émettent pas de feuilles alors qu'ils étaient parfaitement en végétation lors de la saison précédente. Ces rameaux impactés - de faible importance généralement et d'une longueur dépassant rarement 1,50 m - sont situés à la périphérie de la couronne et plutôt en hauteur.

Flétrissement rapide des jeunes poussesCertaines branches débourrent mais elles se dessèchent rapidement. Sur ces axes, les bourgeons gonflent normalement au début du printemps et des jeunes pousses ainsi que des fleurs apparaissent. Mais elles flétrissent rapidement et se dessèchent entièrement tout en restant accrochées au rameau.

Des rejets à la base des axes desséchésLes rameaux périphériques se retrouvent entièrement secs mais portent encore leurs bourgeons gonflés ou leurs ébauches foliaires desséchées. À leur base, de nombreux réitérats se développent à la fin du printemps. Ils bénéficient généralement d'une bonne vigueur et constituent un groupe de rejets denses.

Galerie sous-corticale garnie de sciureEn écorçant la base des branches desséchées, une galerie sous-corticale garnie de sciure est visible. Creusée dans l'aubier récent et les tissus cambiaux, elle forme un anneau régulier à la périphérie de la branche.

Rupture de branche au niveau de la galerieSi l'on tire énergiquement sur ces branches récemment desséchées, elles se rompent facilement au niveau de cette galerie circulaire.

PHOTOS PIERRE AVERSENQ

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement