Fiche expert Fertilisation automnale pour des gazons sains en hiver

Selon le niveau d'exigence esthétique et le niveau de fertilité du sol, c'est-à-dire un taux d'humus suffisant (environ 3 %), un gazon d'ornement a des besoins nutritionnels annuels de l'ordre de 100 à 150 unités d'azote, 40 à 60 unités de phosphore et 70 à 150 unités de potasse.

Fertilisation automnale : double objectif

En automne, une fertilisation plus potassique permet de limiter les stress que peut connaître la plante à cette période, où le niveau d'ensoleillement est moindre. Il faut aussi appliquer des pratiques culturales de bon sens, contrôler et assurer un bon affûtage des lames des tondeuses et rehausser la hauteur de tonte afin d'avoir une surface foliaire des brins de gazon plus importante pour capter le maximum de luminosité.

La magnésie peut également être privilégiée pour favoriser la photosynthèse. Cet été, les gazons ont souffert de conditions climatiques difficiles, notamment de la sécheresse. C'est la raison pour laquelle il est important d'apporter une attention toute particulière à sa relance et à la mise en réserve de la plante. La fertilisation automnale aura donc un double objectif : préparer un bon comportement hivernal, maintenir la densité de la végétation et optimiser la mise en réserve sans décrochage de croissance et de couleur ; puis compenser la baisse de luminosité. Le premier se fera en régénérant le gazon grâce à un petit apport en azote, et le second par un apport d'oligo-éléments en particulier le fer sans oublier le magnésium.

Apports de potasse et fer

Il est recommandé de faire attention aux apports en azote afin d'éviter le redémarrage du métabolisme avant la période hivernale. Dans le cas où le sol est fortement déficitaire en K2O et/ou MgO et suffisamment pourvu en azote et phosphore, les équilibres d'engrais organiques ou organo-minéraux 2.1.3 seront à privilégier, idéalement un engrais NPK de type 5-2-12 + fer ou 1.0.15 + 6 MgO.

Pour avoir un effet de densité, de couleur et éviter que la végétation ne reparte, il faudra utiliser plus de potasse que d'azote. L'apport de fertilisants enrichis en fer sous forme solide ou liquide permettra de conserver une belle coloration. En effet, le raccourcissement des jours engendre une baisse de la photosynthèse, un phénomène dont les symptômes se traduisent par des jaunissements inesthétiques des gazons, d'où un besoin en fer. Cette perte de vigueur et les carences induites vont probablement favoriser le développement de la mousse. Le bénéfice de la fertilisation d'automne sur l'augmentation de la résistance aux maladies (fusariose, fil rouge, rouille) est un sujet majeur pour les responsables des collectivités publiques, soucieux de stopper l'utilisation des traitements phytosanitaires.

Répartition homogènede la fertilisation

Il est préférable d'utiliser des fertilisants dont les fractions possèdent une granulométrie comprise entre 2,5 et 4 mm afin d'assurer une répartition homogène et d'éviter ainsi les problèmes de tirages et de touffes (hétérogénéité de la pousse et de la couleur).

Nourrir et prépareravant l'entrée en dormance

C'est entre le 15 octobre et le 15 novembre, selon les régions, que l'on peut effectuer l'apport d'engrais organique à la dose de 40 à 50 g/m2. De préférence avant une pluie ou avant un arrosage. La fertilisation organique sur les sols encore en activité biologique active est tout à fait adaptée en période automnale car elle permet d'apporter les éléments nécessaires pour la mise en réserve dans les racines jusqu'à l'entrée en dormance hivernale du gazon. Pour un terrain de sport par exemple, la fertilisation automnale est un élément essentiel pour la résistance à l'arrachement et aussi pour la reprise de croissance au printemps.

Afin d'éviter la stagnation de l'eau en hiver, il faut surtout limiter le compactage en pratiquant une aération et contrôler aussi le niveau de feutre par une scarification. À réaliser entre mi-septembre et mi-octobre afin de pouvoir stimuler et redensifier le gazon. Il est conseillé de profiter de ces opérations mécaniques pour incorporer un amendement organique élaboré et composté de qualité afin de reconstituer le stock d'humus jeune souvent déficitaire. On évitera l'emploi de terreaux ou de composts issus des déchets verts dont la traçabilité et la sécurité sanitaire ne sont pas assurées. Cet apport essentiel pour l'équilibre physique, chimique et biologique des sols peut être associé à un sablage, en particulier si le sol est argilo-limoneux. On dispose également, si les niveaux de pH l'exigent, d'amendements organiques de correction contenant un enrichissement en calcium à forte solubilité carbonique (lithothamne) sur sol acide ou apportant un complément conséquent en soufre granulaire à haute valeur acidifiante sur sol calcaire. La quantité conseillée sera de l'ordre de 500 g/m2.

Pour les pelouses de prestige ou des gazons de parcs ouverts au public et étant soumis à des fréquentations ou des stress importants, il est intéressant d'utiliser, en compléments nutritionnels, des fertilisants solides et appliquer en pulvérisation foliaire des engrais riches en polyphénols végétaux reconnus pour leurs vertus antioxydantes qui permettent l'assimilation directe d'oligo-éléments (fer, bore, cuivre, zinc, molybdène, manganèse) ou de magnésium. La complémentarité de l'apport d'engrais solides et liquides apportera une réponse efficace face aux effets de jaunissement, et à la baisse de luminosité. L'intérêt de cette démarche est de contrecarrer les effets de carences et conserver une très bonne qualité esthétique.n

Par Christian Dambrune, référent marché espaces vert chez Frayssinet (81)