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Terrains synthétiques. Ces billes noires qui préoccupent malgré tout !

Alors que le débat est récurrent, l'Anses estime le risque « peu préoccupant ».

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Le 31 octobre dernier, la RTBF, groupe de radio et télévision belge, s'est émue des risques qui, selon une étude menée par ses journalistes, pèsent sur les usagers des terrains synthétiques de sport, composés entre autres de billes de caoutchouc issues du recyclage des pneus. En cause, ces particules peuvent s'immiscer dans les plaies, voire être ingérées de manière non intentionnelle par des joueurs ou de jeunes enfants se rendant sur le bord de la pelouse lors des rencontres. Or, elles contiennent, toujours selon la RTBF, des teneurs importantes en métaux lourds et en substances dangereuses (https://www.rtbf.be/info/societe/onpdp/detail_enquete-exclusive-d-un-an-terrain-synthetique-gazon-maudit?id=10061416). Le sujet n'est guère nouveau et pas besoin d'aller en Belgique pour y être confronté. En France, il a occupé l'espace médiatique il y a quelques mois, et nous nous en sommes fait l'écho (Lien horticole n° 1037 du 29 novembre, et le n° 1038 du 8 décembre 2017, par exemple).

Un avis optimiste mais avec des réserves

Dans notre pays, l'Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, s'est d'ailleurs penchée sur le problème et a rendu un avis dans le courant de l'automne. Pour l'organisme, l'analyse des « études et expertises actuellement disponibles sur le sujet », permettent de conclure que « le risque est peu préoccupant pour la santé » mais elles « évoquent des risques potentiels pour l'environnement ». L'Anses souligne cependant « des incertitudes liées à des limites méthodologiques et à un manque de données ». Elle propose « des axes de recherche prioritaires qui permettront de consolider les données et de compléter ainsi les évaluations de risque déjà disponibles au niveau international ». Enfin, elle note que « les données disponibles évoquent l'existence de risques potentiels pour l'environnement, liés au transfert de substances chimiques dans les milieux (zinc, phénols...) et recommande l'élaboration d'éléments méthodologiques en vue de la conduite d'évaluation des risques environnementaux, à réaliser localement avant toute mise en place de ce type de revêtement ». Enfin, l'Agence « soutient également la proposition de restreindre la teneur en HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) dans les granulats de caoutchouc, en cours d'instruction dans le cadre du règlement européen REACH, afin de garantir une teneur aussi faible que possible à ces composés très préoccupants ». Bref, au vu de ces conclusions couplées aux limites des méthodes citées en référence (prise en compte insuffisante des différentes compositions des terrains synthétiques, incertitudes sur les composés volatils...), on ne peut que se réjouir que l'Anses admette que les priorités de recherche qu'elle recommande puissent être réévaluées à la lumière des travaux menés actuellement en Europe et aux États-Unis. Le sujet est loin d'être clos

Pascal Fayolle

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