BSV JEVI Risque de disparition de bulletins de santé du végétal
Suite à la baisse de 23% du budget alloué aux bulletins de santé du végétal (BSV) au niveau national (voir Lien Horticole n°1081 du 12 décembre 2018), les arbitrages en régions semblent préférer concentrer les moyens restants sur les BSV en milieux agricoles, au détriment de ceux en espaces verts.
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Suite à la baisse de 23% du budget alloué aux bulletins de santé du végétal (BSV) au niveau national (voir Lien Horticole n°1081 du 12 décembre 2018), les arbitrages en régions semblent préférer concentrer les moyens restants sur les BSV en milieux agricoles, au détriment de ceux en espaces verts.
Alors qu'ils existent depuis 2009 dans le cadre du plan Ecophyto, de nombreux BSV JEVI (Jardins, Espaces Végétalisés et Infrastructures) pourraient disparaître en 2019 suite à une baisse sans précédent du budget alloué aux bulletins de santé du végétal dans leur ensemble. Le souhait de l'Etat est pourtant de ne voir disparaître aucune filière et que la baisse de budget soit répartie équitablement entre les différents bulletins.
Défiance vis-à-vis de l'épidémiosurveillanceEn juillet dernier, les quatre ministères en charge d'Ecophyto (les ministères de la santé, de l'agriculture, de l'écologie et de la recherche) ont pris la décision de diminuer le budget attribué au comité national d'épidémiosurveillance (CNE) de 9 à 7 millions, soit une baisse d'environ 23% entre 2018 et 2019, alors que le budget était plutôt constant ces dernières années. « L'argent a été réalloué à la recherche en santé liée aux produits phytosanitaires » explique Olivier Pechamat, directeur de Fredon France(1), précisant qu'Ecophyto fonctionne en financement autonome grâce à la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). Il semblerait que, parmi les causes de la baisse du budget, il y ait une défiance au sein des ministères vis-à-vis de l'efficacité de l'épidémio-surveillance. « Il n'y a pas eu beaucoup de réduction de produits phytosanitaires alors que le plan Ecophyto était prévu pour ça au départ. Mais même s'il n'y a pas de baisse de volume, ce ne sont pas les mêmes produits que l'on utilise aujourd'hui. En plus, l'épidémiosurveillance ne sert pas uniquement à réduire l'utilisation des produits phytosanitaires » assène Olivier Pechamat.
Une lecture moins précise des pressions sanitaires sans les BSV JEVILa baisse au niveau national a été répartie à part égale dans chaque région. Ce sont ensuite les comités régionaux d'épidémiosurveillance, pilotés par les chambres régionales d'agriculture, qui décident de la marche à suivre. La plupart des comités régionaux ont eu des réunions préparatoires. « Il est difficile de donner une tendance précise mais ce qui se dégage c'est que les BSV JEVI tendent à être supprimés » souligne Olivier Pechamat. Et dans certaines régions, la disparition de ces BSV a déjà été décidée. Les chambres régionales d'agriculture ont proposé de supprimer les bulletins de santé dans les zones non agricoles afin de se concentrer, selon elles, sur les filières qui le nécessitent le plus. Un des arguments avancé est qu'il n'est plus nécessaire de faire de l'épidémiosurveillance en JEVI puisque les produits phytosanitaires sont désormais interdits en espaces verts et jardins individuels. Un argument qui ne tient pas du tout la route selon le directeur de Fredon France : « Non seulement les produits phytosanitaires sont encore autorisés dans les espaces verts non ouverts au public, mais en plus, les produits de biocontrôle, par exemple, nécessitent de très bien connaître la présence et le cycle de vie des pathogènes pour être efficaces », en soulignant que bon nombre de pathogènes sont communs aux zones cultivées et non cultivées, et que la suppression de la surveillance en JEVI va rendre partielle la lecture des pressions sanitaires. De plus, les jardins et espaces verts sont associés à des enjeux forts : des enjeux patrimoniaux, sociaux ou touristiques par exemple, avec des retombées économiques majeures.
La logique d'épidémiosurveillance requière une surveillance sur tout le territoire (métropole et dom) pour être efficace. La possible suppression des BSV JEVI inquiète donc. Les organismes comme les Fredon et les Fdgdon, qui pilotent l'animation des BSV régionaux en JEVI, espèrent que là où il y a des disparitions possibles de filière, l'Etat - par l'intermédiaire des Directions régionales de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draaf) - réagira. La consigne nationale étant de ne pas supprimer de filière et de répartir la baisse équitablement, les Draaf pourraient obliger les comités régionaux d'épidémio-surveillance à faire machine arrière. « On compte beaucoup sur la clairvoyance des Draaf » confie Olivier Pechamat. Pour Jérôme Jullien, Expert référent national en surveillance biologique du territoire (DGAL-Sous-direction chargée de la santé et protection des végétaux), « La voie de sortie éventuelle serait de bénéficier d'un financement autre qu'Ecophyto ». De cette façon, les réseaux BSV JEVI ne dépendraient plus uniquement des décisions du comité régional d'épidémiosurveillance, composé en majorité de professionnels des zones agricoles. Ces bulletins pourraient recevoir un budget habituellement dédié à la surveillance des parasites émergents et réglementés, dont beaucoup concernent les jardins et espaces verts. Cette épidémiosurveillance serait complémentaire des dispositifs existants. »
(1) Les Fredon (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) sont des structures opérationnelles chargées d'intervenir dans la surveillance, la prévention et la lutte contre les organismes nuisibles aux végétaux. Elles sont, entre autres, chargées d'animer les réseaux BSV JEVI en région.
Légende photo : Les BSV dans les espaces verts et jardins risquent de disparaître dans de nombreuses régions suite à une importante baisse de budget. ©Valérie Vidril
Léna Hespel
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