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Baromètre du paysage Du beau temps, mais des nuages à l’horizon

L’Unep, Union nationale des entrepreneurs du paysage, vient de publier les résultats économiques de la profession pour l’année qui vient de s’achever. La tendance est à la hausse, mais…

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Deux fois par an, l’Unep dévoile les résultats de son baromètre Unep-Val’hor-Agrica. Comme nous l’avions pressenti lors dans notre dossier sur l’état de la filière en fin d’année dernière (Lien horticole 1081 du 12 décembre 2018), les indicateurs du second semestre 2018 sont corrects. Toutefois, les entrepreneurs du paysage notent une inflexion de certaines courbes : « 2018 a été marquée par de belles performances pour les entreprises du paysage malgré un ralentissement au second semestre. La tendance annuelle à la fin du premier semestre était à +5,5 % et s’établit finalement à +4 %. Ces bons résultats ont notamment été portés par le dynamisme du marché des particuliers (+5,5 %). Le marché privé professionnel s’est également renforcé (+2,5 %) et le marché public, malgré un essoufflement en fin d’année, a continué à tirer les résultats du secteur vers le haut (+2,5 %). Ces performances n’arrivent toutefois pas à atténuer les préoccupations des chefs d’entreprises sur les difficultés de recrutement, le ralentissement confirmé dans le secteur de la construction résidentielle et plus largement le contexte socio-économique qui impacte directement leur confiance en l’avenir ».

Un marché des particuliers très dynamique en 2018

Ce marché, qui est le segment le mieux orienté de l’année (+5,5 %), a connu deux progressions consécutives sur les deux derniers trimestres de l’année 2018 (+5 % au T3 et +7 % au T4 2018). L’activité de création dépasse désormais celle de l’entretien, avec une hausse très importante de +9 % au dernier trimestre, lissée à +5 % sur l’année, contre +3,5 % pour l’entretien. « Il est de bon augure de constater que le marché des particuliers – qui représente 44 % du chiffre d’affaires de la profession – se révèle particulièrement dynamique. Gageons que l’extension de l’interdiction de l’usage des produits phytopharmaceutiques dans les jardins privés contribuera à favoriser encore davantage le recours aux entreprises du paysage : nos professionnels sont en effet les mieux formés pour accompagner les particuliers vers des techniques d’entretien plus respectueuses de l’environnement », a commenté Catherine Muller, présidente de l’Unep.

Les marchés privés se sont repris

Malgré un début d’année en demi-teinte, le marché privé (regroupant les entreprises, acteurs de l’immobilier, syndic, HLM…) a connu une très belle progression sur les deux derniers trimestres. Avec un prix moyen des prestations et un taux de transformation des devis en hausse, ce segment a vu son chiffre d’affaires progresser de +4,5 % sur le 3e trimestre, et même de +6 % sur le 4e par rapport à l’année précédente.

« La végétalisation et ses bienfaits semblent s’inviter dans les débats autour de la transformation de l’entreprise. De nombreuses expertises sont à développer. Que les entreprises voient dans la végétalisation un gage de qualité et de valeur ajoutée pour leurs collaborateurs participent à nos efforts consistant notamment à faire reconnaître le rôle central que doit tenir le végétal dans notre quotidien, dans nos villes, dans nos maisons et dans nos entreprises » ajoute Catherine Muller.

Des marchés publics en demi-teinte

Le chiffre d’affaires des marchés publics s’est dégradé de 1 % au T3 et de 1,5 % au T4, alors qu’il représentait le segment le plus prometteur en début d’année 2018 – il devançait alors le marché particulier. Lissée sur l’année, sa performance reste toutefois positive (+2,5 %) mais les perspectives, elles, s’assombrissent.

« Ces indicateurs sont un mauvais signe dans la perspective des élections municipales de 2020. Les citoyens appellent de leurs vœux à l’intégration et au développement du vert en ville. Or, les collectivités ne semblent pas prendre les dispositions nécessaires pour répondre à ces attentes, avec les conséquences économiques, écologiques et sociales que ce manquement peut engendrer » analyse Catherine Muller.

Des investissements conséquents

Les investissements consentis par les entreprises se sont accélérés : 61 % des entreprises déclarent en avoir réalisé sur le second semestre (+5 points sur le S2 par rapport au S1), pour l’essentiel en matériel de production (48 %) et de transport (41 %).

Toutefois, le taux d’entrepreneurs prévoyant une dégradation de leur marge augmente de 9 points sur le 2nd semestre (12 % contre seulement 3 % au S1) ce qui laisse présager que les investissements ont été réalisés en prévision des difficultés à venir pour l’année 2019. Ces difficultés se ressentent déjà sur l’état des carnets de commandes pour le S1 2019 qui atteint un niveau assez faible, équivalent à celui du début d’année 2017 (132 jours, contre 141 au S2 2018). Par ailleurs, le secteur des travaux publics, très dynamique en 2018, devrait voir son activité ralentir et impacter les résultats des entreprises du paysage fin 2019.

Des embauches à la baisse et un contexte social compliqué

Malgré les difficultés annoncées, le secteur est toujours créateur d’emplois : plus de la moitié (53 %) des entreprises prévoit de recruter durant le premier semestre 2019 ! Pourtant, le tiers des entrepreneurs ayant cherché à embaucher l’an passé n’y est pas parvenu, faute de profils correspondants à leurs attentes (+7 points sur le S2 2018).

Enfin, si les entrepreneurs placent en inquiétude première les difficultés à recruter, le mouvement des gilets jaunes fait son apparition dans le classement de leurs 10 préoccupations majeures (12 %), avant même l’état de leur carnet de commandes (11 %) et le maintien des marges (+4 points, à 10 %). Signe d’un contexte socio-économique bouleversé, quatre autres préoccupations font leur apparition dans ce classement au cours du second semestre 2018 : le pouvoir d’achat des clients, la fiscalité, la formation et la transmission de l’entreprise.

Pascal Fayolle

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