4è Rencontres du paysage urbain Soutenir une « Intelligence nature »

130 élus, représentants des collectivités et professionnels de la filière du paysage, ont pu réfléchir sur le thème : «Face au changement climatique et au déclin de la biodiversité, quelle végétalisation en ville ?». Ces 4è Rencontres du paysage urbain*, à l’Aquarium de La Rochelle, ont acté que « La ville doit être reconnectée à son écosystème naturel, et que la nature proposerait 90 fonctions utiles à aux humains**. Plus de nature dans nos aménagements apporterait des réponses techniques et financières, pertinentes et efficaces, à la plupart des dysfonctionnements urbains récents :

. limiter la pollution atmosphérique, améliorer la qualité de l’air ;

. créer des îlots de fraîcheur ;

. lutter contre les inondations… ».

Quels types de végétaux planter ?

Entourés des centres de recherche et de développement de la filière horticole, les pépiniéristes en amont de la filière, doivent anticiper à 3, 5 voire 15 ans les besoins des donneurs d’ordre en intégrant la R&D sur les variétés, partie intégrante du métier.

Les échanges ont porté sur les constats suivants, relevés par les organisateurs des rencontres : « Lorsque l’on évoque l’impact de l’évolution de climat sur les végétaux, on pense avant tout au réchauffement global moyen et en période estivale et les périodes de sécheresse impliquant un stress hydrique. Cependant, les écarts de température entre hiver et été sont encore plus à redouter et les impacts des phénomènes climatiques à ne pas négliger (tempêtes, inondations, pics de froid, grêle, neige). Les végétaux fragilisés seront plus sensibles aux pathogènes. De ce constat, les choix de gamme vont se porter sur des végétaux résistants, résilients dans le temps, favorables à la biodiversité et favorisant ou améliorant la santé humaine.

Planter des végétaux méditerranéens résistants au sec pourrait sembler une solution. Or, bien souvent, les plantes doivent également pouvoir supporter les excès d’eau ou des conditions asphyxiantes en hiver.

Le choix se portera donc sur des végétaux ayant une grande plasticité d’adaptation, en fonction du contexte pédoclimatique, puisque notre pays est très étendu avec une grande diversité de sols et de fortes disparités climatiques.

Il semble important de diversifier la palette végétale, afin de se donner plus de chances de trouver les végétaux qui s’adaptent aux changements climatiques, de réduire les risques sanitaires et d’éviter l’uniformisation des paysages (Nerium oleander, Quercus ilex etc.).

Lors de la phase de plantation, laissons la place aux jeunes sujets plus réactifs, avec des végétaux de qualité, plantés dans les règles de l’art et qui n’ont pas souffert pendant la phase logistique. Il est indispensable de garantir le suivi hydrique et le confortement des jeunes plantations.

Les végétaux locaux, produits localement en région, sont aussi gage de bonne reprise. Le label Végétal Local concerne les végétaux indigènes, produits à partir de graines ou de boutures récoltées dans leur région d’origine, en milieu naturel. Encore en phase de lancement, il concerne une piste intéressante pour répondre aux enjeux de biodiversité et d’adaptation climatique ».

4 propositions de l’Unep aux maires candidats

L’Unep a identifié 4 propositions de mesures concrètes aux candidats pour donner plus de place au végétal dans les villes et villages de France :

. à chaque révision d’un PLU***, confier une étude préalable à un paysagiste-concepteur ;

. dans les PLUs, imposer aux nouveaux projets un coefficient de biotope et fixer des obligations de végétalisation de toitures au-delà d’une certaine surface. Pour mémoire, le coefficient de biotope, c’est la part minimale de surface non imperméabilisable d’espace consacré à la nature qui permet d’encourager la végétalisation et la renaturation.

. dans le budget de la ville, consacrer au moins 50€ /habitant aux espaces verts ;

. engager une politique d’achats publics de qualité, en fixant des critères techniques, RSE (Responsabilité sociétale et environnementale) et environnementaux aux appels d’offres, en exigeant la présence d’un concepteur dans tous les projets d’aménagement de l’espace public.

Dotation « Intelligence nature »

Un fond de dotation «Intelligence Nature» dédié à la recherche, à la réflexion, au projet et au débat a été lancé en juin, présidé par Jean-Marc Bouillon. La FFP, l’Unep, la FNPHP font partie, entre autres, des membres fondateurs.

Les acteurs de cette démarche proposent « de renverser le rôle de la nature en ville. De complément ou d’accessoire, le paysage, grâce à ses fonctions écosystémiques, peut devenir le préalable du projet urbain, une opportunité formidable d’apporter de façon naturelle et pérenne des réponses à la ville qui déborde, qui surchauffe, à la pollution…

Parmi les pistes privilégiées, la perspective du véhicule autonome créerait une opportunité historique pour démontrer la multifonctionnalité du paysage : à la place d’une partie des surfaces imperméabilisées des routes, des infrastructures vertes offriront aux villes « des climatiseurs et des régulateurs hydrauliques » en même temps que des espaces de détente et de dépollution de l’air. Point de départ de la transition écologique des villes à laquelle aspirent tous les urbains ».

*organisées par Hortis-les responsables d’espaces nature en ville, Unep-les entreprises du paysage Nouvelle-Aquitaine, la Fédération Française du Paysage Nouvelle-Aquitaine et la Fédération Nationale des Producteurs de l’Horticulture et des Pépinières Nouvelle-Aquitaine

**D’après certains programmes de recherche européens (Nature for Cities)

*** PLU : plan local d’urbanisme, c’est-à-dire le projet global d’aménagement de la commune ou intercommunal

Analyses et compte-rendu des rencontres sur https://oxi90.com/NVHWWPU87/5EACE3DA7E7D45E5AC735A514D78ADC2.php

Odile Maillard