L’arbre urbain (3/5) Protection et soins à apporter aux arbres

L’arbre est l’une des principales expressions de la nature en ville. Mais entre les travaux, les contraintes du milieu urbain… les arbres ne poussent pas dans les meilleures conditions possibles en ville. Il est nécessaire de soigner et protéger les arbres, à la fois pour protéger les personnes et les biens (haubanage ou étayage pour éviter les chutes par exemple) mais aussi pour préserver les arbres eux-mêmes.

Côté législatif, « la protection légale n’est pas toujours suffisante pour éviter les interventions négatives » expliquait Bruno Campanella, de la direction des monuments et sites de Bruxelles lors du colloque « Histoire d’arbres » à Mons le 22 novembre 2019. Les deux leviers d’action majeurs pour préserver le patrimoine arboré le plus efficacement possible sont la communication et les actions préventives.

Tailler les arbres tôt pour éviter les interventions lourdes

Le milieu urbain est très contraignant pour les arbres : le volume aérien est limité par les réseaux ou les bâtiments, le feuillage ne doit pas cacher l’éclairage public, les véhicules doivent pouvoir circuler… A cause de ces contraintes, il n’est souvent pas possible de laisser les jeunes arbres se développer naturellement. « La taille de formation est indispensable pour les jeunes arbres, pour les préparer aux futures tailles d’entretien qu’ils devront subir » affirmait à Mons Jac Boutaud, responsable de la gestion du patrimoine arboré de la ville de Tours.

Si elles sont bien faites, et au bon rythme, les tailles de formations sont généralement simples et rapides, ce qui en limite le coût. L’investissement est très rentable pour le gestionnaire du patrimoine arboré car cela permet de limiter les interventions tardives (pénalisantes sur les plans mécaniques et physiologiques) et désamorce certaines fragilités structurales (fourches à inclusion d’écorce par exemple). Faire un plan de gestion est indispensable pour programmer les interventions sur le patrimoine arboré.

La forme de l’arbre doit donc être choisie tôt, lorsque l’arbre est encore jeune, en fonction des contraintes qu’il subira une fois adulte. Tout en privilégiant au maximum la forme la moins contraignante.

Cas particulier des travaux

Dans le cas de travaux, l’arbre peut être un « obstacle ». Des dommages, parfois importants, sont alors occasionnés lors de chantiers. Parmi les dommages subis, ceux au système racinaire sont les plus insidieux mais aussi les plus préjudiciables*.

Selon Luc Nadeau, arboriculteur et président de la Nadeau Foresterie Urbaine Inc. (Québec), dans le cas de travaux, la première chose à faire est l’inventaire des arbres existants, puis l’évaluation des arbres et leur classement (en termes de valeur de conservation).

Et, pour éviter les dommages aux arbres, il est possible d’associer plusieurs actions/techniques comme :

-Travaux d’élagage de chantier ;

-Installation de boucliers de protection contre les blessures mécaniques ;

-Mise en place de clôtures de protection ;

-Installation de pancartes d’avertissement ;

-Travaux d’aération des sols compactés ;

-Excavation avec jet d’air ou d’eau pour préserver des racines et/ou effectuer une coupe sélective des racines ; etc.

Les mesures préventives sont généralement moins onéreuses et plus efficaces que les mesures curatives.

A savoir que souvent, les premiers symptômes des stress subis lors des travaux se manifestent 3 à 7 ans après (seuls les stress extrêmes engendrent une réaction rapide de l’arbre).

Léna Hespel

*Au-delà de 30% environ de perte en racines, la stabilité et la survie d’un arbre sont menacées, sachant que 90% des racines se retrouvent généralement dans les 30 à 40 premiers centimètres de sol.

Retrouvez les deux autres articles de notre série sur l’arbre urbain :

- Les allées d’arbres, dangereuses pour les voitures ?

- Gérer la canopée en ville

A venir : le prochain article de cette série portera sur l’aménagement, la revitalisation et la transplantation des arbres remarquables.