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Changement climatique Anticiper les conséquences d’un réchauffement.

La nouvelle serre abiophen du Cirad à Montpellier est une plateforme ultramoderne qui permettra d’étudier l’adaptation des plantes au changement climatique. ©Léna Hespel

Augmentation de la température, stress hydrique plus important, arrivée de nouveaux ravageurs et maladies… le changement climatique va rapidement modifier l’environnement des plantes. D’où l’importance de se préparer aux conséquences de ces changements.

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Le pôle de compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation organisait jeudi 10 octobre une journée consacrée aux plantes et le changement climatiques sur le site du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) à Montpellier.

Environ 80 participants, des chercheurs du Cirad, de l’IRD (Institut de recherche pour le développement), de l’Inra ou de Météo France, mais aussi des entreprises du secteur agronomique, étaient présents.

La journée était organisée en deux temps. La matinée, très dense, était consacrée aux présentations de travaux des chercheurs. L’après-midi des ateliers et des visites de la nouvelle serre ultramoderne du Cirad étaient organisés.

Le Cirad est un organisme de recherche qui s’intéresse essentiellement aux cultures tropicales et méditerranéennes. Les travaux présentés durant la matinée étaient par conséquent souvent effectués sur des plantes modèles comme le sorgho, le riz ou le maïs, cultivées dans des pays d’Afrique, d’Amérique du Sud ou d’Asie du Sud-est.

Cette expertise particulière est pertinente au sujet du changement climatique puisque les chercheurs sont déjà confrontés aux problèmes de sécheresse et stress hydrique, ce qui permet d’anticiper la situation future en France. D’autre part, de nombreux ravageurs invasifs dans nos régions proviennent de ces zones. Ils profitent d’un climat plus favorable et des échanges internationaux pour s’installer chez nous.

Une potentielle augmentation des rendements… mais aussi des maladies

Si on laisse de côté la température et qu’on ne raisonne qu’en matière de gaz à effet de serre, l’augmentation dans l’atmosphère devrait plutôt favoriser les plantes. Les plantes, contrairement aux animaux, utilisent le CO2 pour produire de la biomasse et rejettent du dioxygène. Donc, plus de CO2 signifie plus de biomasse. Et le réchauffement climatique devrait aboutir à une augmentation du rendement des plantes.

Mais les gains en photosynthèse et en productivité sont moins importants qu’attendu, à cause d’un mécanisme de retro-inhibition (la plante s’acclimate à la concentration plus importante de CO2).

Il semblerait également que les plantes cultivées sous un fort taux de CO2 soient plus pauvres en minéraux avec par exemple 5 à 10 % de zinc et de fer (1).

Mais il n’y a pas uniquement une augmentation de la concentration en CO2 qui est à prévoir. L’augmentation de la température combinée avec une perturbation des précipitations, les épisodes de sécheresse devraient devenir plus fréquents et durer plus longtemps. Or, le système immunitaire de la plante est mis à mal en cas de stress hydrique. Lors des épisodes de sécheresse, les plantes seront donc plus sensibles aux pathogènes.

Lutte contre les nouveaux agresseurs

Avec le changement climatique, la répartition des bioagresseurs dans le monde va être modifiée, et les risques évoluent pour les végétaux. Plusieurs équipes de recherche travaillent à prédire les zones à risque en identifiant les conditions favorables aux bioagresseurs.

Les solutions à mettre en œuvre sont :

-L’amélioration de la détection (mise en place de plans d’épidémiosurveillance) ;

-Modifier les conditions microclimatiques afin de défavoriser le pathogène ou le ravageur ;

-Mettre en place des technologies basées sur une connaissance fine de la biologie du ravageur ou pathogène (piège à phéromone par exemple)

Léna Hespel

(1)Source : expériences FACE (Free-Air CO2 Enrichment)

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