Ailante Un champignon vasculaire en biocontrôle

Depuis que la loi Labbé a interdit l’utilisation des produits chimiques de synthèse aux personnes publiques pour l’entretien des espaces verts, forêts, promenades et voiries accessibles ou ouverts au public (1er janvier 2017) et aux particuliers ou jardiniers amateurs (1er janvier 2019), il est devenu plus difficile de maîtriser le développement de certains végétaux envahissants d’origine exotique, ou de dévitaliser leurs souches fraîches, lorsqu’il s’agit d’arbres.

C’est le cas avec l’ailante glanduleux ou faux vernis du Japon (Ailanthus altissima), un ligneux invasif à la ville comme à la campagne.

Cette plante de croissance rapide colonise les moindres fissures et coins de terre avec ses graines (reproduction sexuée), ou se démultiplie de manière clonale en émettant une multitude de rejets (reproduction végétative).

Verticillium nonalfalfae agit uniquement sur ailante

Face à ce sérieux problème rencontré dans plusieurs pays européens, l’équipe du professeur Halmschlager de l’université d’agriculture de Vienne (département entomologie, pathologie et protection forestière), a mis au point un moyen de biocontrôle vraiment efficace contre l’ailante. Il s’agit d’un champignon très spécifique (Verticillium nonalfalfae) qui agit uniquement sur cette plante, sans menacer les autres espèces végétales.

Ce microorganisme a été extrait d’ailantes montrant des signes de flétrissement et de dépérissement.

Ailantex, champignon auxiliaire

Toutes les bornes de sécurité de propagation à d’autres espèces ont été testées en 8 années de recherche avant de proposer un produit à la vente - nommé Ailantex - contenant le champignon auxiliaire.

L’application de ce produit est simple et ses effets rapides.

La propagation du champignon se fait par les tissus vasculaires au niveau des racines. Un exemple typique a montré qu’une injection dans 20 sujets d’ailante a fait mourir 700 spécimens de la même espèce en l’espace de 2 ans dans une forêt près de Vienne

Patience pour la vente en France

Depuis 2017, cette méthode de lutte biologique a fait ses preuves dans divers Länders d’Autriche, sous couvert d’une autorisation exceptionnelle d’urgence délivrée par le ministère chargé des forêts.

Cet accord est actuellement valable pour 120 jours/an, mais les Autrichiens visent l’inscription de la substance de biocontrôle sur la liste positive de l’Union européenne, l’objectif final étant d’obtenir une autorisation de mise sur le marché du produit commercial.

À ce jour, aucun achat n’est possible en dehors de l’Autriche, ni des Länders ayant reçu une autorisation. Patience donc pour la France !

Jérôme Jullien