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Orius, punaise prédatrice

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Spectre d’efficacité et cultures envisageables

Proies : prédateur généraliste au régime alimentaire diversifié, la punaise Orius est opportuniste et se nourrit des proies disponibles. Elle consomme aussi bien du pollen que des arthropodes de petite taille (acariens, aleurodes, pucerons, œufs de lépidoptères, jeunes chenilles…), mais sa ressource alimentaire de prédilection reste les thrips.

Principales cultures concernées : végétaux herbacés (plantes florales, fraisier, espèces potagères, engrais verts, aubergine, chrysanthème, concombre, courgette, haricot, melon, poivron, luzerne, trèfle…), cultures ligneuses (pépinières de jeunes plants, arbres et arbustes d’ornement, fruitiers). La tomate est mal colonisée à cause de ses poils glandulaires.

Prédation : la punaise adulte vole et peut prospecter l’ensemble d’une culture sous abri. Dotée d’un appareil buccal piqueur-suceur avec lequel elle perfore les tissus corporels de ses proies pour en aspirer le contenu, elle consomme des thrips adultes, tandis que la jeune larve se nourrit uniquement des stades immatures de thrips.

Comportement : mobilité importante. Les adultes fréquentent surtout les fleurs, tandis que les larves colonisent habituellement le feuillage. Ce sont des prédateurs de ravageurs à tous les stades. Pour se nourrir, Orius perfore ses proies à l’aide de son rostre et en aspire le contenu. Elle a également besoin de pollen. Dans plusieurs cultures, cela lui permet de s’installer avant l’arrivée des parasites. Mais si cela n’est pas possible en présence de végétaux dépourvus ou pauvres en pollen, il convient de la nourrir avec des œufs de pyrale de la farine (Ephestia kuehniella) pour permettre son installation préventive.

Facteurs d’efficacité :

• Biocontrôle par conservation : il existe une forte corrélation entre la densité de proies et le niveau des populations des punaises Orius. Des espèces indigènes comme O. niger peuvent s’installer dans les cultures et réguler naturellement des ravageurs, à condition de proscrire toute utilisation d’insecticides polyvalents à large spectre, ainsi que divers fongicides toxiques.

• Biocontrôle par importation : O. insidiosus, O. majusculus et O. laevigatus sont vendues seules ou en mélange, en bouteilles ou flacons, sous forme d’adultes ou de larves dans des akènes de sarrasin avec de la vermiculite, utilisables sous abris sur toutes cultures ornementales ou légumières. Effectuer le lâcher inondatif en début de floraison, dès l’apparition des premiers thrips.

• Disette : lorsque les proies animales et le pollen viennent à manquer, Orius s’attaque parfois aux tissus végétaux pour se nourrir de la sève, mais sans réels dégâts. D’ailleurs, elle ne peut survivre uniquement avec cette pitance.

• Défense : les adultes d’Orius peuvent piquer l’homme et entraîner une sensation de brûlure.

Substances actives toxiques à très toxiques : Abamectine, Deltaméthrine, Lambda-cyhalothrine, Spinosad, Tébufenpyrad, Soufre, Pymétrozine.Privilégier les traitements ponctuels et localisés avec des produits compatibles en PBI, sans effets secondaires indésirables sur l’entomofaune auxiliaire. Le cas échéant, respecter un délai suffisant entre l’application d’un produit phytosanitaire et l’introduction des punaises Orius dans la culture. En cas de doute, consulter son technicien.

Sources : http://e-phy.agriculture.gouv.fr https ://www.koppert.com/side-effects http://biobestv2.firstsite.be/en/side-effect-manual

Cycle et conditions de développement

Conditions optimales d’utilisation : en lutte biologique par importation, le lâcher doit être fait rapidement. Les punaises se conservent 1 à 2 jours maximum après réception, à 8-10 °C et à l’obscurité (bouteille à l’horizontale). Les adultes d’Orius sont inactifs en dessous de 11 °C, mais prospèrent par températures élevées, y compris en serre.

Cycle biologique : Orius effectue son cycle sur 20 jours environ, en 7 stades successifs : œuf, 5 stades larvaires, imago. La larve à métamorphose incomplète ressemble à l’adulte. Elle évolue progressivement pour atteindre le stade adulte ailé, apte à se reproduire. Ce développement est dit hétérométabole. On compte 2 à 3 générations annuelles. L’hivernation est assurée par des femelles adultes dans les endroits protégés au sein des cultures ou dans leur environnement : tiges creuses, dessous d’écorces, débris végétaux. La jeune larve juste éclose est incolore, puis jaunit après quelques heures et devient de plus en plus foncée au fur et à mesure de son évolution. Les 4 premiers stades larvaires durent chacun 2 à 3 jours à 25 °C, tandis que le cinquième dure 4 à 5 jours. La durée de vie d’un adulte est de 3 à 4 semaines. En zones tempérées, l’insecte effectue une diapause hivernale. Il est inactif d’octobre à avril à l’extérieur, mais pas dans les serres.

Morphologie

• Adulte : 1,4 à 3 mm de long suivant l’espèce, corps marron à noir, avec sur les ailes des zones plus claires blanc grisâtre ou marron, yeux rouges, pattes et antennes jaune orangé, 2 articles antennaires, écusson court, cunéus nettement séparé du reste de l’hémélytre (ailes antérieures), avec lequel il forme souvent un angle vers le bas, ailes postérieures membraneuses claires avec peu ou pas de nervures.

• Œuf : incolore, puis blanc laiteux, 0,4 mm de long et 0,13 mm de large.

• Larve : d’abord brillante et incolore, puis jaune orangé à marron, rostre à 3 segments dans le prolongement de la tête.

Ne pas confondre Orius (Anthocorides) avec des punaises phytophages strictes, comme celles du genre Lygus (Mirides), nuisibles sur certaines plantes herbacées. Cette espèce injecte une enzyme salivaire dans les tissus végétaux des feuilles, les fruits et les bourgeons, provoque leur avortement, les déforme, les nécrose et/ou en altère le goût.

Reproduction : L’accouplement a lieu à maturité sexuelle et la ponte débute 2 à 3 jours après. La femelle Orius dépose ses œufs dans les tissus des plantes. Il ne faut donc pas tailler trop rapidement les végétaux après les lâchers ou laisser les déchets d’effeuillage sécher sur place pendant quelques jours.

Jérôme Jullien

Efficacité potentielle Prédateur efficace. Durant son développement, une larve peut consommer entre 300 et 600 acariens par jour. Un adulte prédate quotidiennement jusqu’à 100 acariens. Orius consomme des thrips (Frankliniella occidentalis, Thrips tabaci…) à tous les stades mobiles de son développement. Une larve dévore facilement 50 larves de thrips par jour et une femelle adulte jusqu’à 20.
Stades attaqués Différents stades (œufs, larves, nymphes, adultes) d’acariens, aleurodes, thrips…, principalement des arthropodes à corps mous.
Dispersion Bonne, notamment sous abri. En revanche, lorsque les serres et tunnels sont ouverts par beau temps, Orius peut quitter la culture dans laquelle elle a été lâchée pour s’aventurer à l’extérieur sur la végétation environnante.

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