Sérignan (34) Une palette végétalede bord de mer au bord du fleuve
La commune s’étend jusqu’au littoral méditerranéen, mais c’est dans les terres que se trouve son centre urbain. Ce dernier nécessitait un aménagement pour faciliter la circulation des jours d’affluence.
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Les projets de création paysagère démarrent forcément à un moment sur une page blanche. Celui-ci a débuté sur une grande surface de terre blanchâtre. Une étendue rendue quasiment stérile par la surfréquentation. « Des micocouliers présents sur place ne poussaient quasiment pas, ils ont pris une vigueur impressionnante depuis que nous avons aménagé l’espace », observe Christine Munoz, paysagiste de l’agence de Montpellier Atelier Sites, qui a travaillé sur le projet avec son associé Hervé Piquard, architecte urbaniste.
À Sérignan, à quelques kilomètres au sud de Béziers (34), le long de l’Orb, le cours d’eau local, l’aménagement en question devait répondre à différentes problématiques. Il fallait créer un parking permettant, via une nouvelle passerelle enjambant l’Orb, de rationaliser le stationnement les jours de forte affluence, pour le marché, par exemple, un classique à la belle saison dans les communes littorales méditerranéennes, dont Sérignan fait partie. Il fallait aussi remailler la piste cyclable venant des plages : elle s’arrêtait auparavant avant l’entrée de la commune et les nombreux cyclistes venus des campings alentour devaient emprunter le réseau routier saturé pour terminer leur parcours. Il fallait enfin, côté ville, assurer la liaison entre le centre-ville et la nouvelle passerelle.
Un parking noyé dans la végétation
La passerelle construite en 2015, les travaux paysagers autour de cet élément structurant ont pu démarrer en avril 2016, pour se terminer un an plus tard. Un premier travail de nivellement a permis de poser délicatement la passerelle au sol sur les berges afin qu’elle soit accessible à tous, évitant une rampe spécifique pour les personnes à mobilité réduite comme c’était prévu au départ d’après les études d’ouvrage par le département.
Le projet paysager accompagne l’ouvrage et travaille aussi sur l’épaisseur de la berge. Ainsi, côté nord, le parking est constitué de plusieurs alcôves séparées par de volumineuses cloisons végétales, des « noues », permettant de gérer les eaux de ruissellement. Ces alcôves sont reliées à la voie verte réservée aux circulations douces, via des passerelles en platelage bois. Cette piste mène ensuite directement à la passerelle et donc au village. « Notre idée initiale était de réaliser les alvéoles de stationnement en mélange terre-pierre engazonnés, explique Christine Munoz. Mais le budget ne le permettait pas. Nous avons donc opté pour un tout venant stabilisé, car nous tenions à un sol perméable. Par contre, certaines poches végétales au sein du parking ont été réalisées en mélange terre-pierre, sur une épaisseur d’un mètre cinquante. Les arbres qui y sont plantés, des tamaris, entre autres, s’y développent très bien ». Une analyse de terre réalisée en début de chantier a permis de mettre en évidence des carences, en particulier en matière organique et de mettre en place un plan de fumure adaptée. D’où une bonne tenue de la végétation installée, qui a aujourd’hui, en à peine deux ans, complètement noyé les places de stationnement.
Un nouveau point d’entrée
Côté village, l’arrivée de la passerelle devient une nouvelle brèche depuis la ville vers la rivière. C’était l’occasion de créer un événement avec un belvédère en platelage bois de part et d’autre de la passerelle et un accès direct à la berge.
L’arrivée sur la passerelle depuis le centre est une ouverture traitée comme un palier d’accès avec une calade de galets sciés au sol perforée par de grandes cépées d’érables. Leurs pieds ont été plantés de différentes tapissantes, les Muehlenbeckia l’ont emporté sur la plupart des autres essences.
Le long de la maison d’un riverain, un peu effrayé de voir de nouveaux usages se développer, un plessage d’osier végétalisé a été installé derrière une haie de 4 m de large. Cet osier, très esthétique, est aujourd’hui entièrement noyé dans la végétation. D’autres murs ont été habillés de résilles métalliques dont les décorations ont été réalisées par un artiste (Lionel Laussedat) : elles représentent des scènes de femmes au travail au XIXe et XXe siècle. C’est en partie pour des raisons techniques que ces résilles ont été installées : il s’agissait de cacher une machinerie destinée à évacuer l’eau en cas d’inondation. Le bord de la Méditerranée est très ensoleillé, mais les pluies, surtout en automne, peuvent y être violentes. Lorsque l’Orb est en crue, le niveau de l’eau peut être supérieur à celui du cœur ancien de la ville. Une vis sans fin actionnée par un tracteur permettait, il y a encore quelque temps, d’évacuer l’eau en excès vers le fleuve. Bucolique mais contraignant. Un système automatique de stockage et d’évacuation de l’eau par des pompes a été créé, faisant entrer la gestion des crues dans une nouvelle ère, à l’image de son nouvel aménagement paysager !
Pascal FayollePour accéder à l'ensembles nos offres :