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Lyon Quand le toit du parking devient havre de verdure

Un jardin-terrasse a été aménagé dans le 7e arrondissement lyonnais, dans le cadre de la réhabilitation du parking des Halles.

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Depuis 1970, date de sa construction, le parking des Halles, de forme hélicoïdale, est un ouvrage emblématique du quartier de la Part-Dieu. Le parc de stationnement jouxte le parvis Renée-Richard et la rue Garibaldi­, tous deux récemment réaménagés et fortement végétalisés.

La rénovation du parking des Halles s’inscrit dans cette dynamique, avec en point de mire la transformation de la toiture-terrasse en un nouvel­ espace­ paysager de 1 825 m2 ouvert au public­. Le jardin, conçu par la paysagiste Anne-Laure Giroud, est aménagé autour d’une œuvre d’art centrale, dessinée par l’artiste lyonnais Mengzhi Zheng. Deux cent soixante-huit pots souples plantés de végétaux, arbres, arbustes, vivaces­, graminées, constituent l’architecture du jardin. Des chemins en platelage bois créent un parcours au travers des végétaux et des dif­férentes œuvres artistiques.

« Les contraintes techniques sont très impor­tantes (limites de portance, arrosage spécifique, gestion du vent et des fortes chaleurs estivales…), indique la paysagiste, mais celles concernant la gestion ultérieure ne sont pas moindres. C’est pourquoi il était fondamental de concevoir un projet modulable, évolutif et réversible qui nous permette de nous adapter à l’évolution du projet tant d’un point de vue technique que de gestion ultérieure. La conception s’est structurée autour de questions très pratiques : comment limiter et moduler le poids de l’installation végétale et éviter sa prise au vent. Cette contrainte a limité le projet et conduit à positionner chaque pot en fonction des capacités de portance de la dalle. Un plan très précis a déterminé la position de chaque composition végétale. »

Le choix des plantes s’est effectué évidemment en fonction de cette contrainte principale de portance, mais également selon plusieurs critères : adaptation à la culture en bacs, résistance aux conditions climatiques et en particulier au vent, rusticité pour une maintenance raisonnée, tout comme leur capacité à mettre en valeur les œuvres artistiques.

L’entreprise Terideal (ex-Tarvel) a réalisé l’ensemble de l’aménagement paysager : mise en place­ des végétaux, paillage au sol, allées en pla­telage bois, arrosage automatique. Les défis à relever­ étaient importants.

Un substrat adapté aux multiples contraintes

« En plein centre-ville, les contraintes techniques pour l’entreprise de paysage sont multiples, explique Mathieu Desbat, conducteur de travaux : l’accessibilité, avec la proximité de grands axes de circulation, le manque­ d’espace au sol et la hauteur du chan­tier, les contraintes de charge comme tout jardin en terrasse, la gestion des eaux d’arrosage et de drainage. »

La conception du substrat de plantation a été guidée­ par ces contraintes : matériaux allégés, avec une bonne capacité de rétention en eau mais néanmoins limitée. La composition (15 % de compost 0/10, 20 % d’écorce compostée 0/15, 20 % de fibre de bois, 15 % de pouzzolane rouge 7/15, 20 % de terre végétale criblée 0/15, 10 % de tourbe brune 0/20) présente une densité de 600 kg/m3, avec une capacité de rétention en eau de 500 kg/m3, soit un poids maximum – une fois chargée en eau – de 1 100 kg/m3.

Les 74 arbres en cépées 200/250 à 250/300 sont issus­ de pépinières de pleine terre (Pépinières Soupe) ou de cultures hors sol (conteneurs de 50 à 150 litres). Ces végétaux ont été livrés en mars au siège de l’entreprise Terideal et plantés directement dans les Bacsacs de 480 et 720 litres, avec un système d’arrosage provisoire. Transportés sur le chantier en mai, les bacs plantés ont été mis en place à la grue au fur et à mesure de leur arrivée. « Vu la hauteur de l’édifice et les difficultés d’accès, nous n’avions qu’un seul endroit pour poser la grue près du parking, à l’opposé de la partie jardin. Cela a nécessité la location d’une grue de 35 m de hauteur et 50 m de déport », précise Mathieu Desbat. Les bacs n’accueillant pas d’arbres ont simplement été remplis de substrat. La plantation des arbustes, vivaces et graminées s’est effectuée une fois qu’ils ont été en place.

Un arrosage au goutte à goutte

L’arrosage des plants est primordial et doit tenir compte de la disponibilité en eau – ici celle du réseau­ – et de sa bonne gestion. Il fallait aussi évaluer­ les besoins des plantes, vu l’exposition très forte au soleil et au vent, et la plutôt faible capacité­ de rétention en eau du substrat. Un réseau de goutte-à-goutte a été installé sous le paillage en pouzzolane. Son réglage est précis pour apporter la stricte quantité nécessaire sans dépasser la capacité de rétention en eau du substrat : arrosage par courtes périodes de trois minutes jusqu’à six fois par jour durant l’été, selon les besoins (deux sondes d’humidité sont placées dans les pots). À de telles séquences, il faut s’assurer que tous les goutteurs arrosent de la même façon et fonctionnent simultanément dix à quinze secondes après l’ouverture de la vanne­. Ce point technique a été résolu d’une part en segmentant le réseau en cinq secteurs et, d’autre part, via l’intégration de clapets dans les tuyaux et l’utilisation de goutteurs autorégulants. Ceux-ci ne se déclenchent qu’une fois l’ensemble du secteur mis en pression (entre 2 et 4 bars).

Enfin, le suivi du chantier implique un passage sur place au moins une fois par semaine en pé­riode de végétation, afin de s’assurer de la bonne santé des plantes, de surveiller la reprise et l’enracinement, voire de redresser les plantes si besoin (absence de tuteurage), de vérifier l’arrosage et la fertilisation.

Claude Thiery

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