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Pépinières Chombart : coller au plus près du marché des collectivités

Les vivaces sont dans l’air du temps. Mais Vincent Chombart n’a pas attendu qu’elles soient à la mode pour en faire son quotidien. Sa gamme, qu’il destine au paysage, a été adaptée aux nouvelles contraintes, comme la sécheresse.

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En pleine campagne picarde, à Hombleux (80), les pépi­nières Chombart se consacrent à la culture hors sol de plantes destinées au marché du fleurissement des espaces verts pour les collectivités locales et les paysagistes. Vivaces, graminées ou encore fougères composent l’assortiment de trois mille taxons, avec une centaine de nouveautés chaque année introduites au catalogue. Une stratégie commerciale choisie par Vincent Chombart en 1991, à la création de l’entreprise sur une partie des trente-cinq hectares que comptait alors l’exploitation agricole de son beau-père.

Il se lance seul pendant les premières années pour roder son modèle tant cultural que commercial, puis développe l’affaire en augmentant les surfaces et le personnel. Pendant vingt ans, le chiffre d’affaires va progresser de 10 à 15 % chaque année. Jusqu’en 2009, il investit dans les serres froides et un bassin de récupération des eaux quand la crise économique stoppe certains projets tout en ralentissant la croissance. Toutefois, l’outil de production est performant et répond aux exi­gences de développement durable.

Répondre aux préoccupations environnementales

Homme de conviction, il y cultive aujourd’hui, en zéro phyto depuis l’origine, pas moins d’un million trois cent mille plantes en conteneurs et godets par an.

Si Vincent Chombart ne s’interdit pas des décisions empiriques pour les produits qu’il met sur le marché, les plantes sont sélectionnées pour les besoins des collectivités et des paysagistes prescripteurs. Les marchés publics ne constituent pas moins de 60 % du chiffre d’affaires de l’entreprise­ !

Plus que des opportunités purement commerciales, éphémères par définition, ce sont les grandes questions environnementales qui importent au dirigeant, rejoignant en cela les préoccupations des élus en matière de gestion durable des espaces de nature. À la réglementation zéro phyto s’ajoutent les aléas climatiques, de plus en plus prégnants : sécheresses, îlots de chaleur et pollution dans les zones urbaines ou encore exigences d’attraction touristique. Des impératifs parfois inconciliables et toujours sous contraintes budgétaires.

Cependant, l’expertise de Vincent Chombart leur apporte des solutions. Il propose des plantes pour terrains secs et surtout résistantes aux étés très chauds, tout en assurant un agréable décor toute la saison. Les belles estivales et les végétaux de climats doux sont donc à l’honneur avec agapanthe, crocosmia, cordyline ou encore phormium. « Toutes les communes veulent du décor floral, du spectacle avant tout ! » affirme le pépiniériste. Et pour les fleuris de l’été, il y a aussi ce qu’il appelle ses « Trois Mousquetaires » : Gaura lindheimeri, Verbena bonariensis et Geranium ‘Rozanne’.

Les vivaces inratables suivent de près avec, entre autres, Nepeta x faassenii, Persicaria amplixicaulis et toutes les euphorbes. Si les graminées tiennent toujours l’affiche, avec les stipas ou les pennisetums classiques, « la tendance est aux végétaux à plus petit développement tels que Miscanthus adagio, compact et générant­ moins de déchets », note le professionnel­.

De plus en plus de plantes sauvages en gestion différenciée

Il relève aussi l’utilisation croissante de plantes sauvages pour les zones en gestion différenciée et pour la restauration des espaces naturels et des friches industrielles. Afin de répondre à cette demande, la pépinière propose des contrats de cultures programmées. Issus de semis de graines explosives, coquelicots ou bleuets sont par exemple cultivés en godet, ainsi que des plantes locales ou de complément aux prairies telles que gallia, Silene vulgaris, saponaire officinale...

De tels contrats, en évitant les pertes sèches au producteur, offrent 20 % de remise sur les prix de vente.

Autre marché avec le vent en poupe, les cimetières. Ici encore, la végétalisation va bon train. Alors que les mélanges de graines­ à semer sont indiqués pour leur faible coût, Vincent Chombart procure une expertise complète selon les conditions pédoclimatiques. D’ailleurs, pour toutes les situations difficiles, une solution de tapis de végétalisation (helxines, santolines, aromatiques…) est en cours d’étude, en concertation avec une société de développement.

Cependant, d’ores et déjà, ce sont les fougères qui constituent des produits de différenciation pour l’entreprise car il y a peu d’offres sur le marché, surtout en conteneurs, alors que ces plantes conviennent souvent aux nombreuses zones d’ombre en milieu urbain.

Des sessions de formation et de la pédagogie

Enfin, pour toutes les communes, les pépinières ont un rôle important de conseil mais aussi de formation. Au-delà des services­ directement liés aux ventes, Vincent Chombart développe donc des sessions pour les personnels des collectivités. À l’heure de la mise en œuvre du zéro phyto, il leur faut aussi faire œuvre de pédagogie par des panneaux d’identification des plantes ou de sensibilisation à la salubrité publique. Et de citer en exemple une idée non dénuée d’humour : « Ici désherbage à la main, ne faites pas crotter les chiens ! »

Quant aux journées portes ouvertes, elles accueillent chaque année des intervenants pour des sessions à thème. Au menu d’octobre dernier : « consommer les plantes de ses massifs » et « protéger et accueillir les oiseaux de nos jardins ».

Rencontres, échanges et savoirs, ce ne sont pas les idées qui manquent !

Isabelle Cordier

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