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Dans les Pays de la Loire, une filière « Végétal local » se structure pour les ligneux

Depuis 2015, la fédération régionale des chasseurs, soutenue par la Région, coordonne le développement d’une production de plantes locales labellisées. Si le contexte a favorisé sa mise en route, quelques freins subsistent encore pour la conforter...

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La fédération régionale des chasseurs (FRC) des Pays de la Loire, depuis 2015, a initié la structuration d’une filière « Vé­gétal local » pour les arbres et les arbustes. Une démarche bien engagée, même s’il reste des points de progression pour pérenniser le projet. « Depuis 2006, la Région nous a dési­gnés chefs de file sur les questions de bocage. Cette expertise nous a permis de con­naître une grande partie des acteurs potentiellement concernés par le déve­lop­pement de la marque Végétal local et nous a conduits à piloter ce dossier », précise Olivier Clément, de la FRC et secré­taire national de l’Afac-Agroforesteries.

Portées par l’Agence française pour la biodiversité­, les marques collectives Vé­gé­tal local et Vraies Messicoles ont été créées­ en 2015 afin d’offrir un cadre à la production et à la commercialisation des végétaux sauvages (herbacées, arbres et arbustes), garantissant l’origine des plantes­ mais aussi la diversité génétique. Les qua­lités d’adaptation et les bénéfices écosystémiques de ces espèces d’origine locale sont reconnus pour de multiples usages tels que la réhabilitation d’espaces naturels dégradés, la mise en place de réservoirs de biodiversité, la création de continuités écologiques, l’aménagement de milieux favorables aux auxiliaires ou aux insectes pollinisateurs.

Sensibiliser les acteurs

La première année de structuration, en 2015, a été consacrée à l’identification des acteurs potentiels de cette nouvelle filière et de préciser les missions qui leur incomberaient dans le respect du cahier des charges de Végétal local. Les collecteurs ont pour tâche de repérer les sites de récolte­, de prélever les graines dans le milieu­ naturel et de les préparer (net­toyage, tri, étiquetage). Les pépiniéristes assument la production (levée de dormance, germination, élevage) et la commercialisation des jeunes plants. Les pres­cripteurs et donneurs d’ordre, dont le rôle est de développer le marché, ont été sensibilisés sur les moyens d’intro­duire dans les projets les éléments permettant de garantir l’utilisation d’espèces sauvages locales, tout en respectant le code des marchés publics.

Dès le départ, des actions de sensibilisation et de formation ont été mises en place par la fédération régionale des chasseurs en partenariat avec le CFPPA d’Angers Le Fresne. En 2019, pas moins de six journées ont été proposées, rassemblant une trentaine de participants venus de toute la France. Dans le cadre de la mise en place d’une formation­ de technicien du génie écologique (cf. Le Lien horticole n° 1058), le centre de Sainte-Gemmes-sur-Loires’est impliqué dans le développement de la marque Végétal local dans la région, avec notamment la récolte et la mise en production de graines d’arbres et d’arbustes, ainsi que l’incubation successive de trois porteurs de projets sur cette thématique.

Un soutien qui les a aidés par la suite à commencer une activité profession­nelle de récolte et de production dans les meilleures conditions. Cette dynamique a élargi le réseau, pour aboutir aujourd’hui à une vingtaine de collecteurs et producteurs engagés dans la démarche.

« Le contexte favorable a porté le projet de filière sur le territoire mais plusieurs dif­ficultés devront être contournées pour conforter celle-ci à long terme », souligne Olivier Clément. Parmi les éléments moteurs, il faut citer la présence de multiples initiatives locales autour de la récolte et de la production en lien avec une demande d’espèces sauvages locales dans un nombre croissant de projets, principalement pour la plantation de haies boca­gères, mais aussi le renforcement de la trame verte et bleue ou la restauration de ripisylves soutenus par divers acteurs (Dé­partements, Région, agglomérations de Nantes, de Saumur, fondation Yves-Rocher…).

Des freins à lever pour pérenniser la filière

À titre d’exemple, le conseil départemental de Maine-et-Loire a établi une clause­ qui impose 30 % de végétaux certi­­fiés Végétal local dans ses cahiers des charges dans l’aménagement des contournements routiers, ainsi que pour sa poli­tique de plantation de haies bocagères. On peut également noter la présence dans les Pays de la Loire des acteurs nationaux et de correspondants­ de la marque Végétal local, Plante & Cité et l’Afac-Agroforesteries, le Conservatoire botanique national de Brest (29), ce qui renforce la sensibilisation du territoire.

Face aux difficultés de certains prescripteurs et donneurs d’ordre pour favoriser Végétal local dans les marchés publics, Damien Provendier, animateur technique­ de la marque pour le réseau des conservatoires botaniques nationaux, a rédigé en 2017 avec Plante & Cité un guide de re­com­mandations pour les « prescriptions techniques sur l’achat de végétaux sau­vages d’origine locale ». L’accroissement de la demande nécessite aussi de développer davantage le réseau de récolteurs, car cette tâche est peu rémunératrice, le prix de vente des graines compensant mal le temps passé pour la collecte et la préparation des semences. En outre, ce travail est saisonnier, de septembre à novembre.

Autre difficulté, faire coïncider l’offre et la demande en matière d’espèces proposées. « Les acteurs de l’aménagement urbain sont plus habitués à réserver leurs plantes à partir des catalogues des pépiniéristes lors de la phase de réalisation du projet qu’à anticiper dès la conception. Mettre en place un plus grand nombre de contrats de culture contribuerait à garantir un débouché pour les acteurs de la récolte et de la production. Un atout également pour le donneur d’ordre, qui ne ris­querait pas de se trouver avec un manque de disponibilité pour les espèces retenues, au moment de la plantation », sou­ligne Anne-Sophie Bruniau, d’Arbres et Territoires (à Nantes, 44), impliquée dans l’animation de la filière au sein de l’Afac-Agroforesteries.

Afin d’améliorer la relation entre l’offre et la demande, Olivier Clément, en tant que correspondant Végétal local pour l’Afac-Agroforesteries, veut organiser deux réunions annuelles, l’une en septembre, pour guider les collecteurs et les producteurs en fonction des besoins pressentis, et l’autre en juin, pour orienter les prescripteurs dans leurs choix.

Yaël Haddad

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