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Mais si, les producteurs savent travailler ensemble !

L’économie collective était le thème du dernier congrès de la FNPHP. Parmi les différentes initiatives de démarches groupées présentées, deux concernent la logistique. Angevines d’origine, elles sont à utiliser ou dupliquer ailleurs !

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­Christophe Thibault est président de Vegesupply SAS, société­ créée en 2013 par quatre­ fondateurs action­naires. Cette entreprise, commissionnaire en transport, mutua­lise et optimise la logistique horticole de ses adhérents­, dont Uni’T (qui regroupe quinze­ producteurs supplémentaires), et assure la récupération des rolls vides.

Vegesupply et Uni’T se sont associées pour exploiter une seule plateforme d’expédition­ de 6 000 m2 aux Ponts-de-Cé, au site de Floriloire, près d’Angers (49). « Nous centralisons les commandes des producteurs, assurons la gestion informatisée des rolls et les confions aux transporteurs­ », a expliqué Christophe Thibault aux participants du congrès de la FNPHP, les 9 et 10 septembre derniers à Nantes (44) (lire aussi en page 11).

Les rolls sont donc soit expédiés directement depuis les sites des adhérents, si les vo­lumes le permettent, soit regroupés physiquement sur la plateforme, via une navette, pour les petits volumes et soldes non pris sur place. Douze plateformes réparties sur le territoire français assurent la distribution, au quotidien, des produits avec des camions adaptés. Les tractions sont assurées au départ­ de chaque adhérent ou au départ de Floriloire vers cha­cune des plateformes.

« Les Angevins s’interrogent sur la logis­tique depuis vingt ans, a expliqué le pré­sident de la SAS. Avec, à la clé, des pro­blèmes de coûts et d’organisation. Or, à Angers, la concentration de la production se prêtait assez facilement à une logis­tique mutualisée. Il y a huit ans, un groupe d’une dizaine de producteurs animés par Végépolys a repris le dossier maintes fois repoussé, une étude ayant examiné si la mutualisation améliorait les coûts et si les données des différentes entreprises pouvaient être mutualisées. Le travail a duré deux ans. Et l’essai a finalement été transformé. »

Le projet Vegesupply a bénéficié d’aides nationales et de la Région Pays de la Loire. Seuls quatre acteurs d’origine sont encore là aujourd’hui « car il fallait plus de fonds et des moyens humains, précise Chris­tophe Thibault. La mise à niveau des entreprises pour l’alliance a été un vrai sujet. Elle impliquait des changements avec lesquels les équipes n’étaient pas toujours en phase. » Il aura fallu deux ans pour que toutes les entreprises soient au même niveau. Le projet a évolué, a bénéficié d’un FUI (fonds unique interministériel) de trois millions d’euros et un ingénieur spécialisé a été embauché.

« Un gros développement informatique a été nécessaire : quatre entreprises avaient des systèmes différents et il fallait faire communiquer les machines entre elles. En particulier, il fallait définir et cartographier les clients pour qu’ils soient identifiés de la même manière. »

320 000 rolls livrés depuis 2015 et des camions remplis à 83,5 %

Aujourd’hui, 35 producteurs utilisent les services de Vegesupply, surtout au printemps, pour une part plus ou moins importante de ce qu’ils produisent. Les transports mutualisés sont assurés en vingt-quatre heures franco pour presque toute la France. Dans l’Ouest, cette livraison à vingt-quatre heures est assurée pour une commande remise à midi. Pour des distances un peu plus longues, la région parisienne ou le centre de la France, par exemple, la commande doit rejoindre la plateforme de Vegesupply à 10 h 30.

Quant aux régions les plus éloignées, la commande doit être livrée la veille à 19 heures. « Nous sommes intransigeants sur les horaires, précise Christophe Thibault­, car si un producteur ralentit le système, il ralentit tout le monde. »

Chaque producteur reste concurrent mais tout le monde a intérêt à mutualiser les volumes. Le remplissage des camions limite les coûts, ainsi que la circulation et donc les émissions de polluants, CO2 en tête. Depuis octobre 2015, Vegesupply a assuré la livraison de 320 000 rolls, dont 105 000 en 2019 avec trois personnes dédiées à leur gestion. Le remplissage des unités de traction a été en moyenne de 83,5 %, le service assuré dans les délais prévus, à 98 %. L’économie générée par le service a été estimée à 8 %. Jardine­ries, fleuristes, mais aussi collectivités territoriales, 7 000 points sont distribués.

Le service, au départ assuré­ unique­ment dans l’Ouest, a été étendu à l’ensemble de l’Hexagone. Tous les opérateurs peuvent­ désormais livrer partout en France­, ce qui n’était pas le cas auparavant­. Tous les produits ne partent plus non plus seulement de l’Anjou. Des livraisons peuvent en effet être assurées depuis le Sud.

La commission logistique de Val’Hor réfléchit­ à d’autres développements, compte­ tenu de l’expérience accumulée. Il est à noter que le roll n’est pas l’unique moyen logistique utilisé. Six autres contenants­ peuvent être retenus : palettes ou rolls bois, etc. Seule limite, Vegesupply ne traite pas les plantes en vrac. Comme elles sont reprises à des points relais, leur gestion est problématique.

Pour tout producteur qui souhaiterait bénéficier du service, le ticket d’entrée est de 10 000 rolls par an pour adhérer en direct­. Il est possible de passer par Uni’T pour des volumes plus faibles dans la région d’Angers. Une dimension qui peut être atteinte­ en se regroupant entre producteurs, voire en mettant en place des Uni’T bis dans d’autres régions !

PEP’S, pour des échanges entre producteurs

Marc-Henri Doyon, président de la FNPHP de Vendée et dirigeant de Vé­gétal 85, a poursuivi la présentation d’initiatives­ concernant la logistique horticole­ lors du congrès. PEP’S, qui concerne­ plutôt les pépiniéristes et les petites­ commandes­, est une plateforme d’échanges­. Celle-ci étant basée à An­gers, l’initiative est surtout active dans les Pays de la Loire, mais aussi au-delà. Elle pourrait­ aussi créer­ des émules dans d’autres­ régions…

PEP’S s’appuie sur Végéstock, le site In­ternet de mise en réseau de l’offre de vé­gétaux d’ornement. « Il existait avant le lancement­ de PEP’S des échanges de plantes­ informels entre producteurs, mais souvent ils étaient peu pratiques, il fallait trouver un lieu, nous n’avions pas toujours d’élévateur à disposition, etc. », raconte­-t-il.

Le 1er octobre 2017, les établissements Ripoche­, Dauguet et lui-même ont souhaité mettre en place un système simple et peu coûteux pour échanger des plantes. Un système ouvert à tous les producteurs qui souhaitent l’utiliser, pour peu qu’ils soient à jour de la cotisation obligatoire.

Le principe est celui d’un hangar ouvert le mardi de 9 heures à 11 heures, où chaque­ adhérent dispose d’un casier. Chacun peut déposer dans le casier de son client et durant le créneau horaire d’ouverture les plantes qu’il doit lui li­vrer. Le producteur récupère dans le même temps les plantes que ses collègues ont dé­po­­sées dans son casier. Un élévateur est mis à la disposition de chacun pour charger son camion.

Aujourd’hui, seize producteurs utilisent PEP’S, à ce jour uniquement des pépi­niéristes, pour une cotisation annuelle de 500 euros, une somme qui comprend l’utilisation du chargeur sur place.

« Les adhérents reconduisent leur participation chaque année parce qu’ils savent qu’ils peuvent s’y procurer à peu près toutes­ les plantes qu’ils souhaitent », poursuit Marc-Henri Doyon. Le service d’élévateur est assuré par Uni’T contre rémunération, afin que les problèmes d’assurance soient résolus. Le créneau d’ouverture a volontairement été réduit à deux heures pour éviter que les chauffeurs attendent trop longtemps. Ils viennent à la plateforme, déposent les végétaux qu’ils ont à livrer dans les espaces réservés à leurs clients, récupèrent leurs plantes qui leur ont été livrées et rentrent chez eux, le tout dans une simple matinée.

Pascal Fayolle

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