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Les buis sous la menace d’un papillon

Originaire d’Asie du Sud-Est, la pyrale du buis (Cydalima perspectalis) est une menace dans les parcs et jardins, mais aussi en forêt.

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Cydalima perspectalis a commencé à poser des problèmes en France dans les parcs et jardins à partir de 2008, puis il est ensuite passé dans le milieu forestier. Ce papillon est particulièrement prolifique, les femelles peuvent pondre jusqu’à 1 200 œufs et trois générations se succèdent dans l’année, si les températures sont suffisamment clémentes… Les chenilles dévorent feuilles et bourgeons, les jeunes pousses et tiges sont écorcées. Mais les conséquences vont au-delà de la survie incertaine des buxaies : risques d’incendies, diminution de la biodiversité, perte de « stabilité » des sols…

La surveillance

La pyrale du buis est surveillée au sein des réseaux d’épidémiosurveillance Jevi (Jardins, espaces verts et infrastructures) et pépinière à l’aide de pièges à phéromones. Ce dispositif permet de visualiser les périodes de vol et ainsi, de raisonner les interventions de biocontrôle.

Les informations sont transmises par l’intermédiaire des bulletins de santé du végétal (BSV). Toutefois, les réseaux Jevi risquent fort de pâtir de la baisse de budget alloué à l’épidémiosurveillance. Les sciences participatives, en ayant recours aux observations des amateurs, apportent des informations complémentaires, qui demeurent plus aléatoires (fréquence dépendant du bon vouloir des observateurs, répartition hétérogène…).

C’est par exemple le cas de l’application gratuite Agiir (1) développée en 2014 par l’Inra, ou encore l’application GeoInsecta®, lancée par Bioline AgroSciences (groupe InVivo Agriculture) en 2017.

Moyens de lutte actuels

En jardins et espaces verts, les solutions pour limiter la pression de la pyrale de buis sont diversifiées et complémentaires, comme l’atteste le programme de recherche SaveBuxus coordonné par Astredhor, l’Inra Paca et Plante & Cité. Ce dernier en a publié une synthèse fin 2018. La surveillance des vols par piégeage phéromonal, les traitements au Bacillus thuringiensis subsp. kurstaki, complétés par la pose de nichoirs pour favoriser la prédation des chenilles par les mésanges, voire l’emploi de trichogrammes (micro-hyménoptères parasitoïdes oophages), constituent les principaux outils de gestion adaptés aux petites parcelles où la pression est faible à moyenne.

Le piégeage phéromonal est utilisé pour le suivi biologique. La lutte par piégeage de masse ou confusion sexuelle n’est pas autorisée, sauf dérogation. Différents types de pièges existent : pièges à entonnoir ou Cameratrap (dont le bol doit être rempli d’eau), pièges Buxatrap (piège type entonnoir à sec). Les phéromones, spécifiques, ont des formes et des durées d’action différentes. Concernant les trichogrammes, les différentes expérimentations (dont des essais SaveBuxus) montrent que ces parasitoïdes oophages peuvent, en agissant sur les oeufs, diminuer la quantité de larves. Mais leur capacité de vol est faible et leur activité dépend de la température (favorisée entre 20 et 25 °C). À l’heure actuelle, seule l’association de différentes méthodes permet plus ou moins de gérer la pyrale du buis en espaces restreints. C’est pourquoi le Cetu Innophyt mène le programme Buis (2018-2020), qui a pour objectif de tester et de valider avec les acteurs des Jevi l’intérêt technique, économique, environnemental et sanitaire d’une stratégie de biocontrôle de la pyrale du buis. Elle repose sur la combinaison des modes d’actions de quatre produits : des sucres permettant de réduire la ponte par antixénose ; des trichogrammes sur les œufs ; du Btk sur les larves ; de la confusion sexuelle pour limiter la reproduction. Les zones d’expérimentations sont constituées des buis d’ornement du jardin botanique de la ville de Tours et du château de Villandry. Des suivis de la faune auxiliaire sont également menés afin d’observer les ennemis naturels présents dans les deux sites d’études. La méthode vise à diminuer au maximum les différents stades biologiques de la pyrale pour réduire les dégâts et les populations des années suivantes.

Valérie Vidril

(1) http://ephytia.inra.fr/fr/P/128/Agiir

© Maxime Guérin, Plante & Cité - Pyrales du buis adulte.Maxime Guérin, Plante & Cité

© Maxime Guérin, Plante & Cité - Les femelles de ce papillon peuvent pondre jusqu’à 1  200 œufs.Maxime Guérin, Plante & Cité

© Maxime Guérin, Plante & Cité - Buis ravagé par Cydalima perspectalisMaxime Guérin, Plante & Cité

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