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Production et distribution Des crispations exacerbées par les concentrations

Les rapports entre producteurs et distributeurs n’ont jamais été un long fleuve tranquille. Mais dans notre secteur, face au regroupement de quelques opérateurs, la tension semble plus forte que jamais. Ceux qui témoignent à visage découvert sont aussi ceux qui s’accommodent le mieux de la situation. Pendant ce temps, en off, nombre d’anonymes tirent la sonnette d’alarme…

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Disons-le clairement, les relations producteurs/distributeurs ne sont pas au beau fixe. Le constat est assez général et reste vrai dans la plupart des filières, mais s’affirme bien plus fort dans les métiers dont l’offre est très atomisée et qui ont du mal à se structurer. Il faut dire que face à ces multiples acteurs de l’offre, le commerce est un monde extrêmement concentré. L’agriculture est particulièrement concernée par ce constat, les crises successives dans les secteurs de la viande, entre autres, le met bien en exergue. Ces relations ont-elles un jour été plus saines ? Le débat mériterait sûrement d’être creusé, mais ce n’est peut-être pas le plus important. Le vrai sujet porte sur la situation aujourd’hui. Le commerce est en train de changer, le consommateur se détourne petit à petit des plus grandes surfaces. Si cela s’opère au profit de petites structures de proximité très médiatisées, cela se fait aussi au bénéfice de ventes dématérialisées gérées par les distributeurs eux-mêmes ou par des structures encore plus tentaculaires, capables d’imposer des règles tout aussi dures à leurs fournisseurs, voire plus. Dans ce contexte, les enseignes historiques se regroupent et choisissent souvent de rendre encore plus strictes leurs relations à leurs fournisseurs, au risque de détruire les filières de production dont elles auront besoin demain pour se relancer. L’avenir dira si cette stratégie permet à la distribution de redresser la barre. En attendant, pour les producteurs, elle est clairement vécue comme néfaste. L’horticulture n’échappe pas à la règle, que ce soit face à la distribution non spécialisée ou face à une distribution spécialisée qui est en train d’accélérer sa concentration, en partie pour les raisons d’évolution du marché évoquées plus haut et en partie suite à la crise subie par Jardiland ces dernières années.

Sans dialogue, pas de relance du marché

Dans ce contexte, nous avons enquêté auprès d’une centaine de producteurs commercialisant vers des distributeurs spécialisés pour évaluer leur état d’esprit vis-à-vis de cette clientèle. Et le résultat est édifiant : la plupart d’entre eux ont le sentiment de « subir » en permanence dans cette relation vécue comme inégale (voir page suivante). Leur témoignage ne peut se faire qu’en off, de peur de perdre leurs parts de marché si elles sont identifiées. Toutefois, l’ampleur du phénomène témoigne de la mauvaise santé des relations bilatérales. La situation est évidemment contrastée et nombre d’entreprises travaillent très bien avec les enseignes qui ont pignon sur rue et n’hésitent pas à en parler à visage découvert (pages 34 à 36). Mais globalement, l’ambiance n’est pas aujourd’hui celle qui pourrait augurer d’un bon travail en commun de la filière pour relancer le marché. Car c’est bien là qu’est l’enjeu. Travailler difficilement ensemble n’est pas seulement néfaste pour l’activité de chacun. Il rend plus compliquée la relance du marché des végétaux horticoles qui serait pourtant la bienvenue !

Pascal Fayolle

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