Les estivales à l’essai
Colmar, Lyon, Bordeaux, Angers, Paris… Dans les espaces verts, en stations ou jardins d’essais, bégonias, lavandes, géraniums, dahlias, pétunias, rudbeckias ont fait leurs preuves. De plus en plus, les avis de consommateurs comptent pour faire évoluer le fleurissement futur, en plus des notations d’élèves, de techniciens et de « pros ».
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
«Le climat s’est montré atypique cet été dans la région de Colmar. » Gilles Cloître, responsable de l’exploitation Les Jardins du Pflixbourg, au lycée horticole de Wintzenheim (68), plante tout de suite le décor : « Si on note de fortes chaleurs, normales en Alsace, avec deux canicules fin juin et fin juillet, les températures sont restées presque fraîches en août, avec une couverture nuageuse souvent notable. Ce n’est qu’à la fin août qu’elles ont franchement remonté. La pluviométrie a été également importante et inhabituelle pour la zone : 78 mm en juin, 88 mm en juillet et 86 mm en août, soit 42 % de la pluviométrie théorique annuelle ! Certes, quelques orages, aux cumuls importants, mais heureusement sans grêle, ont bien aidé l’environnement. Avec quelques rares arrosages entre les pluies, les plantes de nos nouveaux jardins d’essais (gérés avec des élèves de bac pro productions horticoles) se sont très bien comportées. »
Potentiel pour le fleurissement urbain
Dans de nombreuses régions, il a surtout fait chaud et très sec. En conséquence, tout a-t-il péri ?
Gilles Baron, responsable d’Horti-Fleurissement Conseils (www.horti-fleurissement.fr), a visité des essais pleine terre et des massifs de villes, dans le nord de la France et en Belgique cet été. « En cette saison estivale compliquée, où les plantes horticoles ont eu à subir des conditions climatiques particulièrement difficiles, certaines espèces et sélections variétales ont affiché tous leurs potentiels génétiques (voir ses coups de cœur en encadré page ci-contre) sur le critère “performances-jardin”, essentiel pour leur usage dans le fleurissement », constate-t-il. Mais il s’inquiète « de la réduction drastique des moyens budgétaires alloués au fleurissement horticole urbain, plus importante que jamais. Avec un détachement total des élus communaux, déconsidérant l’utilité du fleurissement. D’où un manque de moyens humains. Il est dommageable que la situation des producteurs ne soit pas, elle aussi, au centre du débat et des préoccupations des collectivités… Le rôle des techniciens devient majeur. »
Au-delà de la météo, quid des plantes qui ont marqué cet été ?
Au jardin botanique-parc floral de Paris, des BTSA production horticole du lycée de Coutances, dans la Manche, et leur enseignant, Bruno Louisy, ont obtenu un troisième prix au Concours international du dahlia pour l’une de leurs huit obtentions. La création variétale reprend dans une école !
Begonia boliviensis et euphorbes ont démontré leurs atouts face à la sécheresse à la station Astredhor de Villenave-d’Ornon, près de Bordeaux.
La station Ratho Astredhor AURA a mis en observation 474 variétés et cultivars. Sur son site d’essais à Brindas (69), un espace innovation met en avant 263 variétés et cultivars et un espace de plantes comestibles, avec 57 variétés cette année. En 2019, les producteurs adhérents à la station avaient demandé notamment des démonstrations en bégonias (145 cultivars testés) et en lavande (37 variétés observées) afin de comparer le comportement de ces diverses génétiques de différents fournisseurs.
Les adhérents ont eu la possibilité de venir juger à la station, notamment lors d’une opération portes ouvertes début juillet, en pleine floraison, mais aussi tout l’été.
L’avis des potentiels consommateurs devient incontournable
Grâce à un système de jardinières connectées, la station Ratho et, à travers elle, les producteurs, peut savoir, tout au long de l’été, quelles associations végétales et quels minijardins ont plu aux visiteurs du célèbre parc de la Tête d’Or à Lyon (69). Pour orienter les futurs choix de production, un week-end d’échanges y est organisé (depuis 2018). Des représentants de maisons d’obtention, des producteurs et les jardiniers du parc peuvent discuter patrimoine horticole et nouveautés avec le public de toute génération.
Côté jardins de test en vue du label rouge, à mi-septembre, il était encore trop tôt pour avoir les résultats de comportement et surtout les nouveautés agréées pour 2019-2020. Au sujet des « géraniums », les jurys techniques se sont déplacés en début et fin d’été, cette année chez Benoist Horticulture à Faremoutiers (77), Selecta One à Nuaillé (49), et, pour les dahlias, chez Ernest Turc, à Angers (49). « L’un des critères déterminants pour obtenir le label, c’est la structure du cultivar : la forme doit être homogène et le feuillage coloré », explique Solenn Le Gall, responsable de certification. En 2018, les jurys avaient retenu Pelargonium interspecific CALLIOPE® M Rose Splash, P TOSCANA® ‘Big 5’ Néon Pink et P. ‘Tumbao’, et trois dahlias : D. ‘Cointreaupolitain’, D. ‘Sienna and Black’ et D. ‘Héroïne’. L’annonce des cultivars retenus pour le label 2020 est attendue pour fin 2019.
Que pensent les potentiels acheteurs des futurs labellisés ? En complément des essais pour les jurys professionnels, Excellence végétale développe des jugements, sur le terrain eux aussi, recueillant les avis de jardiniers amateurs.
Cette année, le parc Terra Botanica à Angers (49) a dédié un espace et organisé des « jurys consommateurs » en « géraniums » (250 participants rien que début août, et aussi début septembre), de même en tomates cet été. Le parc du végétal a déjà des jardins d’essais et de démonstration en rhododendrons et framboisiers. À terme, il souhaite « devenir le lieu de certification label rouge de tous les cultivars concernés ».
Gilles Carcassès, chargé de mission biodiversité à la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise (95), recommande le travail de l’école du Breuil (Parc floral de Vincennes, à Paris). Chacun, professionnel ou public, peut y trouver des inspirations de fleurissement et observer ce qui a bien – ou pas – passé l’été. Selon lui, les jardiniers « y mettent en scène avec beaucoup de passion et de talent une extraordinaire collection de plantes à massifs pour le fleurissement estival ». Il publie ses coups de cœur dans son blog (https://natureenvilleacergypontoise.wordpress.com/ ).
Pour accéder à l'ensembles nos offres :