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Optimiser la tonte et la fauche

L’entretien des couverts enherbés représente 15 à 25 % de l’activité totale des services des espaces verts, la tonte se révélant généralement la tâche la plus importante. Son optimisation peut aider à réduire sensiblement les temps de travaux.

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Une étude sur la gestion des couverts enherbés, coordonnée par Plante&Cité, a été réalisée entre 2015 et 2018. Une période de plus d’un an (2016 à 2017) a été consacrée­ à de nombreux relevés sur le terrain et d’observations auprès de différents partenaires. La finalité de ce travail était de produire des réfé­rences sur les pratiques et les temps de tonte ou de fauche, mais aussi d’identifier des leviers d’action pour leur optimisation et dégager des éléments­ d’aide à la décision.

Au total, 45 contributeurs dans tout­ l’Hexagone ont participé à cette étude­ : des collectivités pour la plupart, quelques entreprises de pay­sage, des bailleurs sociaux et des centres de formation. Des contacts réguliers ont été établis avec 70 personnes, 219 sites ont été étudiés, 2 295 relevés ont été effectués, soit 10 630 heures de travail sur le terrain comptabilisées. Les temps de déplacement et de transport n’ont pas été pris en compte.

Approche technico-économique

L’approche de cette étude est uniquement technico-économique : description des sites observés et leurs caractéristiques, nature des tâches­ réalisées, les pratiques et le matériel utilisé, les temps de travaux annuels par site, par type de matériel et les différents facteurs de variabilité.

Les sites observés reflètent un large éventail des différents types d’enherbement, du gazon prestige à la pelouse rustique, des terrains de sports de compétition et de loisirs, des prairies extensives broyées ou fauchées.

Les résultats ont été analysés et restitués par Plante&Cité sous forme de dix fiches synthétiques (1). Elles abordent d’abord la question des matériels employés et de leur mise en œuvre. Elles présentent ensuite les résultats clés pour les pelouses, les terrains de sport et les prairies en termes de matériels, fréquences d’intervention, temps de travaux, hauteurs et largeurs de coupe. Elles proposent aussi une comparaison entre pelouses et prairies afin d’aider le gestionnaire à choisir. Enfin, les trois dernières fiches présentent les leviers d’action pour optimiser les temps de travaux et abordent le sujet des finitions et celui de la gestion des déchets de tonte.

Ces fiches offrent ainsi aux gestionnaires publics et privés des points de repère issus d’un travail collectif, permettant de situer et d’optimiser leurs propres pratiques et de mieux anticiper les changements de mode de gestion ou d’organisation.

Les pelouses tondues

Tondeuses tractées et autoportées, débroussailleuses à fil et souffleurs ont été étudiés selon différentes modalités. Pour l’ensemble des sites observés, une cartographie précise permet de visualiser les zones où chaque type de matériel est utilisé.

L’analyse des temps de travaux selon chaque mode opératoire durant la période d’observation a sans surprise montré que les sites dont l’attente en terme de rendu esthétique est la plus importante (jardin historique, en centre-ville, pelouses arrosées) sont ceux qui exigent le plus de temps pour la tonte. Cela s’explique par plusieurs raisons : des interventions fréquentes (souvent plus de vingt par an) avec ramassage ou mulching et le recours à plusieurs types de matériels pour un même site : autoportée, autotractée, débroussailleuse à fil, souffleur.

A contrario, les sites les moins chronophages sont les pelouses rustiques de vaste étendue, tondues uniquement à l’autoportée et au fil, sans ramassage la plupart du temps, avec un maximum de dix interventions par an. Entre ces deux cas de figure de pelouses tondues, les temps de travaux annuels par mètre carré peuvent varier de 1 à 5.

La configuration du site est le second facteur important qui entre en ligne de compte : grandes surfaces, ou morceaux de gazon éparpillés, présence d’obstacles (arbres, zones en pente, bordures...), etc. Ainsi, un jardin avec pelouse de prestige bien conçue et tondue uniquement à l’autoportée, n’exigeant pas de finitions au fil à chaque passage de tondeuse, peut être économe en temps.

Certaines configurations sont particulièrement chronophages :

- les espaces autour des habitations très morcelés, les abords de ronds-points ou de voirie de faible largeur : utilisation difficile des tondeuses autoportées, nombreuses finitions au fil et au souffleur ;

- les espaces jouxtant les parkings, avec des voitures garées en partie au-dessus du gazon : gêne pour le passage des tondeuses, risque d’endommager les véhicules ;

- au pied des clôtures, des murs, des mobiliers urbains, les bordures plus hautes que le gazon : nombreuses finitions­ à réaliser ;

- les bordures exigeant une découpe (zones de prestige) ;

- les contraintes liées à la configuration du terrain : surtout les zones en pente, qui doivent être gérées­ avec un matériel différent (débroussail­leuse ou tondeuse adaptée).

La part des finitions à la débroussailleuse et au souffleur peut aller de 10 à 20 % du temps de travail dans des sites classiques à plus de 60 % du temps de travail annuel pour des sites contraignants et dont l’objectif d’entretien est élevé. Sur ce point, des pistes d’optimisation des temps de travaux sont proposées :

- adapter la fréquence des finitions. Dans certaines collectivités, une équipe est dédiée à la tonte et une autre se voit chargée des finitions à la débroussailleuse, les deux n’in­tervenant­ pas à la même fré­quence. Cette organisation est plus facile à mettre en œuvre pour les collectivités que pour les en­tre­prises de paysage, qui doivent tenir compte des temps de déplacement et du respect des contrats d’entretien sur le nombre de passages annuels ;

- gérer différemment les obstacles : zones en pente gérées en fauchage avec seulement deux ou trois interventions annuelles, pieds d’arbres ou de clôtures végétalisés ou paillés ;

- réaménagements partiels : supprimer certains obstacles, revoir les bords de pelouse pour permettre le passage de la tondeuse, plantations des espaces trop étroits…

Ces pistes concernent aussi bien les gestionnaires des espaces existants que les concepteurs lors des projets d’aménagement.

Les prairies fauchées ou broyées

Transformer une pelouse en prairie est aussi une piste intéressante d’un point de vue technique et économique, même sans aborder les atouts esthétiques, sociétaux et en termes de biodiversité.

En moyenne, la gestion d’une prairie, c’est trois fois moins de temps de travail qu’une pelouse tondue, mais tout dépend là aussi du type de gestion : prairie broyée, prairie fauchée sans production de foin, prairie fauchée avec production de foin, du nombre d’interventions dans l’année et de la configuration du site, qui détermine le type de matériel employé : broyeur ou barre de coupe attelée­ au tracteur, motofaucheuse, voire la débroussailleuse pour les sites les plus contraignants et les finitions éventuelles.

Les prairies broyées et fauchées sans ramassage sont les plus économes en temps de travaux : la moyenne est de 0,2 à 0,5 min/m²/an. En re­vanche, une prairie fauchée avec production de foin demande des temps de travaux annuels nettement plus importants qu’une pelouse rustique (plus de 1 min/m²/an contre 0,8 min/m²/an), mais les interventions sont concentrées dans une période plus restreinte.

Claude Thiery

(1) P. Laïlle, H. Cheval, 2019. Optimisation de la tonte et de la fauche. Résultats de l’observatoire des pratiques : itinéraires tech­niques, temps de travaux. Plante&Cité, Angers­, 28 p.

Les fiches sont téléchargeables en libre accès­ sur le site Plante&Cité : https://www.plante-et-cite.fr/ressource/fiche/529/

© PLANTE&CITÉ - Un exemple de prairie fauchée : le bassin Baderot, à Rennes (35). PLANTE&CITÉ

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