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Pierre Danelon, directeur de l’exploitation de production au lycée Terres d’horizon à Romans-sur-Isère (26). « Nous devons être des précurseurs »

À la fin de cette année scolaire, Pierre Danelon prend sa retraite. L’occasion d’un regard dans le rétroviseur sur les changements de fond qu’a subi l’horticulture ornementale, mais aussi sur les projets en cours et les multiples façons de rebondir face aux difficultés.Odile Maillard

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Lien horticole. En 43 ans d’activités professionnelles en horticulture, dont 35 au lycée de Romans, vous avez pu observer, vivre, subir ou devancer de multiples évolutions dans l’enseignement professionnel horticole et pour les serres du lycée. Lesquelles vous ont le plus marqué ?

Pierre Danelon. Je suis arrivé ici en 1984. Nous produisions surtout des plantes à massifs (annuelles/bisannuelles), et des chrysanthèmes, sur une petite exploitation horticole.

En 1995, le lycée déménage ; l’exploitation est reconstruite avec 6 000 m2 de serres Venlo… nous changeons d’échelle pour passer sur un modèle néerlandais.

À ce moment-là, nous nous spécialisons en culture de gerberas fleurs coupées et en production de jeunes plants de chrysanthèmes. L’idée était de développer un pôle de producteurs en fleurs coupées autour de Romans.

Malheureusement la crise du secteur fleurs coupées des années 2002-2004 nous a contraints à stopper cette production. Il a fallu repenser nos choix de productions.

Nous avions aussi une activité “jeunes plants bio en plantes aromatiques et médicinales” : nous avons décidé de la renforcer et fait le choix de développer la production de plantes vivaces pour remplacer les fleurs coupées.

Ce choix des vivaces n’a été que de courte durée. Et encore une fois, nous décidons de prendre une nouvelle orientation vers le maraîchage biologique, qui complète le secteur phare des plantes à massifs sur notre exploitation. Que de changements… mais c’est ce qui fait la richesse de notre profession.

L.H. Vous avez développé l’expérimentation. C’était un pari ?

P.D. C’est le propre d’une exploitation de lycée : l’expérimentation fait partie de nos gènes. Nous devons être précurseurs en matière de développement agricole.

Nos programmes d’expérimentations sont variés avec des essais sur la multiplication, sur les substrats, sur les paillages, sur les techniques culturales en agriculture biologique. Nous participons à des programmes d’expérimentations avec de nombreux partenaires publics et privés.

Nous avons pu créer un poste de chargée d’expérimentation sur l’exploitation, assuré par Caroline Baconnier. C’est une caractéristique de notre établissement.

Nous travaillons, par exemple, avec la chambre d’agriculture de la Drôme sur le développement des plantes aromatiques. En résumé, l’expérimentation nous permet de nouvelles productions sur notre exploitation. C’est aussi un support pédagogique pour notre établissement.

L.H. Comment accompagnez-vous les producteurs ?

P. D. Il y a quelques années, nous avions créé une pépinière d’entreprise et installé une quinzaine de producteurs. Aujourd’hui, nous développons de nouveaux partenariats avec les agriculteurs et horticulteurs. Nous montons des projets partagés. Nous travaillons sur la commercialisation des fruits et légumes en circuits courts. Nous avons aussi un projet de magasin collectif « Horizon fermiers », avec la particularité d’être agricole et horticole. Nous sommes associés à une trentaine de producteurs qui partagent notre aventure. L’ouverture du magasin est prévue pour décembre 2020 sur la ferme de notre exploitation.

Nous organisons aussi des journées techniques en partenariat — avec la station RATHO de Brindas (69), membre du réseau Astredhor — sur un thème qui nous est cher : « Horticultures de Demain » ; c’est notre marque de fabrique.

Il y a trois ans, une première édition portait sur « Produire autrement, Vendre autrement ». Avec Caroline Baconnier et Olivier Gros (du RATHO), nous avons édité un ouvrage qui résume cette journée. Le 7 mars dernier, c’était « Savoirs d’antan, Solutions d’avenir ». Ces journées sont à destination des professionnels de l’enseignement.

L.H. Quelle place pour l’enseignement dans ces actions ?

P.D. Par exemple, avec l’approche actuelle « par pédagogie de projet », nos BTS productions horticoles travaillent sur les techniques d’agroforesterie en agriculture biologique. Ils vont mettre en place des parcelles de démonstration de cultures associées et innovantes* : maraîchage, floriculture, pépinière, arboriculture, petits fruits, plants truffiers, aromatiques et médicinales.

L.H. Qui sera votre remplaçant et quand va-t-il arriver ?

P.D. En septembre, Olivier Roudil (à droite sur la photo), actuellement enseignant en agroéquipements à Hyères, poursuivra l’aventure… *en vente au lycée.

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