Salon du végétal : entre satisfactions et questions
Dans un format très ramassé, le Salon du végétal a fermé ses portes le 12 septembre avec des améliorations, mais aussi avec des questions cruciales qui devront être résolues.
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L’apocalypse annoncée par certains n’a pas eu lieu, mais l’édition 2019 du Salon du végétal ne restera pas non plus celle du grand rebond. C’est au final à une édition plutôt correcte à laquelle on a assisté, du moins pour une majeure partie des exposants. Une édition particulière, puisque le salon se tenait pour la première fois en septembre, et parce que l’offre présentée était réduite, avec à peine plus de 200 exposants. Concernant les visiteurs, le premier jour n’étant ouvert que l’après-midi et le jeudi étant considéré comme tronqué par une ouverture assumée au grand public, c’est surtout le mercredi qui a tiré son épingle du jeu. La donne était donc difficile, pourtant les personnes présentes se sont généralement montrées plutôt satisfaites.
Parmi les points positifs, le congrès de la FNPHP, qui s’est tenu le mardi matin, a rassemblé un bon nombre d’adhérents selon les responsables de la fédération, et les débats ont été de qualité. Ces participants se sont ensuite dispersés sur le salon, assurant une fréquentation certes feutrée, mais réelle, le premier après-midi.
Autre point de satisfaction, si le nombre de visiteurs s’est encore réduit, la montée en qualité est reconnue par la majorité des exposants. La plupart des enseignes de la distribution ont arpenté les allées du salon. Et le mercredi tout particulièrement, la plupart des exposants affirmaient avoir eu un nombre limité de contacts, mais de qualité.
À mettre aussi au rang des satisfactions, le travail des organisateurs pour créer des animations inédites. Le jardin Pixel, au cœur du Grand Palais, a été apprécié, même s’il aurait mérité davantage d’explications sur les possibilités offertes de valoriser les gammes végétales. Le concours de merchandising, avec les présentations de cinq professionnels de mises en scène végétales afin de donner des idées pour mieux commercialiser auprès des jeunes publics, a également véhiculé de belles idées.
Enfin, on ne peut oublier de citer la soirée en extérieur, inaugurée l’an dernier et qui, cette année, a rassemblé quelque 800 participants, d’après les organisateurs. Le beau temps ayant été au rendez-vous, cette soirée festive a encore été un réel moment de partage et d’échanges complétant parfaitement le rôle du salon.
Des avis partagés
Entre ces satisfactions et les insatisfactions qui vont suivre, certains points restent clairement des zones intermédiaires. C’est le cas de la date du salon, début septembre. Bien située au moment où les producteurs ont dressé leur bilan et savent ce qu’ils vont pouvoir investir et quelle stratégie ils vont adopter pour les uns, période peu propice car intervenant dans une période déjà trop active pour les autres, elle a souvent été traduite par « moins pire que juin ». Pas parfait, mais pas catastrophique non plus. Le choix de Nantes pour organiser le salon peut être classé aussi dans cet « entre-deux ». La qualité d’accueil du parc des expositions, le fait de pouvoir organiser une soirée en extérieur dans un espace bien adapté, ne fait guère reculer le nombre de nostalgiques qui militent ardemment pour un retour à Angers. Un avis qu’ils n’ont pas hésité à faire entendre, alors que le fameux bail de trois ans qui liait les organisateurs à la structure nantaise arrive cette année à expiration.
Enfin, dans l’entre-deux se retrouve l’ouverture au grand public du salon le jeudi après 13 heures. L’avis des exposants était partagé entre réticence à mélanger les milieux professionnel et amateur et la curiosité de savoir ce qu’une telle démarche pouvait donner. Les visiteurs ont répondu présent. Plutôt pour acheter des végétaux et faire des affaires, semble-t-il, mais ils ont été nombreux à se prêter au jeu des tests de choix de végétaux et de plantation prévus par l’UMT STRATège. Reste à mesurer les retombées pour nos métiers, ce qui est difficile !
De nombreux points à encore améliorer
Reste le moment douloureux de lister les problèmes qui restent à résoudre. Les rares exposants de matériel et fournitures pour les espaces verts semblant avoir fait le deuil de leur participation, ils n’ont pas rencontré les visiteurs qu’ils attendaient dans ce rendez-vous assumé comme étant orienté vers la distribution. La possibilité offerte aux exposants d’organiser des événements privés le mardi matin est aussi un échec, rares sont ceux qui en avaient noté la possibilité. Peut-être faut-il un peu de temps pour que cela s’inscrive dans les habitudes. D’autres salons la pratiquent pourtant avec succès.
Le fait que le salon soit organisé dans trois halls, mais que l’un d’entre eux soit excentré par rapport aux deux autres, a souvent été critiqué par des personnes surprises de devoir, sur un salon finalement devenu assez petit, arpenter une longue allée pour rejoindre le pôle distribution. Dans les halls, ce sentiment de vide, souvent comblé par des espaces de convivialité donnant accès à des boissons et des snackings, a été aussi souligné.
Mais évidemment, c’est surtout le fait de voir une manifestation de l’ampleur de ce qu’était le Salon du végétal il n’y a ne serait-ce que cinq ans qui génère le plus de regrets. Beaucoup semblent avoir acté que l’on ne reviendra pas à cet âge d’or. Et voir la manifestation se réduire tant et constater que certains exposants « historiques » sont venus faire salon dans les allées sans débourser un centime a été parfois mal vécu. Mais cela pose au final le problème de l’avenir des salons, qui sont nombreux à souffrir partout en Europe. Au-delà du fait d’adapter le concept de salon pur aux contraintes du moment pour retrouver des bases économiques viables, ces rendez-vous doivent aussi trouver de nouvelles formes d’existence et d’organisation et proposer de nouveaux services pour dégager de nouvelles sources de revenus. La réflexion sur l’avenir du Salon du végétal est une question cruciale pour la filière depuis maintenant au moins cinq ans, pourtant elle ne fait que commencer !
Pascal FayolleUne version plus complète a été publiée le 13 septembre dernier sur notre site internet www.lienhorticole.fr
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