Aménagement urbain Concilier la densification du bâti et la biodiversité

Un élément de réponse peut être amené par le travail de Morgane Flegeau, docteure en géographie et aménagement à la Fondation de la recherche pour la biodiversité (FRB), qui a réalisé une revue systématique sur les liens entre densité, formes urbaines et biodiversité. Ce travail a été présenté lors du colloque « Biodiversité, aménagement urbain et morphologie » organisé au muséum d’histoire naturelle de Paris le 29 janvier 2020. La chercheuse a collecté 109 études sur la biodiversité à l’échelle du quartier dans la ville (uniquement Europe, Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande). La biodiversité y est essentiellement représentée par les espèces animales, et notamment les oiseaux (donc peu représentative de la biodiversité réelle).

Il en ressort une faible performance écologique dans l’urbain dense. En cause, l’homogénéité de l’occupation du sol, les zones d’habitats réduites (taille et nombre)… Mais certaines caractéristiques propres au milieu urbain peuvent convenir à certaines espèces (par exemple des oiseaux qui nichent haut sont favorisés par la hauteur des bâtiments). De plus, malgré les surfaces réduites, si les espaces de nature sont reliés entre eux, il peut il y avoir une biodiversité (par exemple les chauves souris).

Dans l’urbain moins dense (notamment les maisons individuelles avec jardins), la biodiversité est plus importante qu’ailleurs, dans l’espace urbain mais aussi parfois dans l’espace rural. Il y a une moindre imperméabilisation du sol, une grande diversité d’habitats et de l’hétérogénéité dans l’occupation du sol. La biodiversité dépend fortement des choix de gestion des espaces de nature, composés en majorité de jardins privés.

Les espaces verts privés, une composante majeure de la biodiversité en ville

Qu’ils appartiennent à des particuliers ou des entreprises, les espaces verts privés représentent bien souvent une grande part des espaces de nature en ville. Ils sont pourtant peu étudiés. Hortense Serret, docteure en écologie, a consacré sa thèse à l’évaluation de la contribution des espaces verts d’entreprise aux connectivités écologiques d’Île-de-France (thèse soutenue en 2014)*. A condition d’opter pour des modes de gestion adaptés, ces espaces peuvent accueillir une biodiversité urbaine. Sur deux zones prospectées, la chercheuse a constaté la présence d’espèces d’oiseaux dont les populations sont en déclin à l’échelle nationale et de nombreuses espèces de plantes indigènes (94%). Mais il faudrait mieux insérer ces espaces aux trames vertes et bleues.

Durant le colloque, deux projets d’insertion de la biodiversité dans le milieu urbain ont été présentés : les rives de la Haute-Deûle (Lille-Lomme, 59) et un éco quartier aux Mureaux (78). Pour le premier, un aménagement paysager prenant en compte la collecte des eaux pluviales s’est installé sur une ancienne friche industrielle. La zone urbaine des Mureaux, labélisée Ecoquartier niveau 4, a elle été réaménagée avec des jardins familiaux sur 4 000m², des parcs de plusieurs hectares et le cours du Rû d’Orgeval, petit affluent de la Seine, entre les immeubles.

Le colloque s’est clôturé avec un appel à projet de recherche, sur la base des résultats de l’état des connaissances présentés lors de cette rencontre, financé par le Plan urbanisme construction architecture (Puca) et l’Office français de la biodiversité (OFB)**.

*Retrouvez sa thèse sur : https://docplayer.fr/56638024-These-hortense-serret-espaces-verts-d-entreprise-en-ile-de-france-quels-enjeux-pour-la-biodiversite-urbaine.html

**Ouverture consultation 17 février 2020.

Date limite de remise du projet : 30 avril 2020.

http://www.urbanisme-puca.gouv.fr/biodiversite-amenagement-urbain-et-morphologie-a1586.html