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Pépinière Dialogue autour des arbres du XXIe siècle

Une quarantaine de personnes se sont réunies le 13 octobre 2020 aux pépinières Imbert, près de Lyon, pour évoquer une thématique très actuelle : « quels arbres pour demain ? ». © P. Darmet, Ferme de Gally

Le 13 octobre 2020, les pépinières Imbert ont proposé un dialogue de filière sur une thématique devenue incontournable : en ville, quels arbres résisteront au climat de demain ?

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Reprises par Les Jardins de Gally (Bailly, 78) il y a 9 mois, les pépinières Imbert (Les Chères, 69) ont invité des professionnels à se retrouver le 13 octobre, dans le respect des gestes barrière, pour débattre d’un des grands sujets du moment : quels arbres pour demain ? Une rencontre organisée autour d’un débat et d’une visite des cultures de l’entreprise.

Xavier Laureau, qui dirige Les Fermes de Gally, a ouvert la discussion du matin en expliquant pourquoi son entreprise, qui avait abandonné la pépinière il y a des années y était revenue en rachetant une unité de production en région lyonnaise : « nous sommes préoccupés par la raréfaction de l’offre végétale à venir, alors que l’arbre en ville est de plus en plus reconnu pour ses rôles fonctionnels. La pépinière s’inscrit dans le temps long, et une grande agilité est nécessaire pour adapter l’offre à la demande ». Et pour bien mettre en accord cette offre et cette demande, Xavier Laureau en est persuadé, il faut se parler, trouver des moments de partage entre producteurs, concepteurs et gestionnaires de collectivités.

Vers un paysage moins accessoire et plus serviciel

La journée du 13 octobre s’inscrivait donc dans cette logique de dialogue horizontal et Jean-Marc Bouillon, paysagiste, Frédéric Ségur, gestionnaire, Thomas Bur, créateur de l’entreprise Urbansense ainsi que Michel Leborgne, qui dirigent les pépinières Drappier, dans le Nord, ont échangé leur point de vue.
Jean-Marc Bouillon, qui dirige Takahé Conseil, a été président de la FFP et qui préside Intelligence Nature a présenté la manière dont il perçoit l’avenir des villes. L’obsolescence programmée de leurs infrastructures doit faire place à des espaces de nature multiserviciels, capables de mieux gérer l’eau tout en offrant plus de services écologique, ombrage pour supporter le réchauffement climatique, dépollution, apport de bien être, etc. « Le paysage va quitter le champ de l’accessoire », estime-t-il, pour devenir central dans des villes qui sans lui vont devenir invivables. Les plantes, choisies aujourd’hui pour leur aspect esthétique, le seront demain pour leurs rôles fonctionnels.
Pour Michel Leborgne, président du Pôle Paysage de la FNPHP, cette notion de « caractère fonctionnel de la plante » est le mot le plus important. « Le fait que l’arbre pompe de l’eau grâce à l’énergie solaire est simple mais n’a pas été assez pris en compte. Nous sommes confrontés à deux choses : mettre en culture des arbres qui résistent au soleil et qui apportent un maximum d’ombre et donc de rafraîchissement en été ». Or, ce qui résiste au soleil aujourd’hui, alors que le réchauffement climatique s’emballe, n’est plus forcément évident. Il faut donc que la palette évolue, « car on ne plantera que ce qui est disponible en pépinière », euphémise le pépiniériste qui plaide par ailleurs pour une réécriture du code des marchés, car si une plante parfaitement adaptée est choisie sur un chantier mais qu’elle n’est pas arrosée, le résultat sera catastrophique.

Le climat change très vite

Frédéric Ségur, qui responsable ingénierie arbres et paysage à la métropole de Lyon, se souvient être arrivé dans son service il y a une trentaine d’année et avoir considérablement diversifié une palette alors axée aux trois quarts sur le platane. Et ce grâce à un dialogue avec les concepteurs et les producteurs. « Les gens demandent parfois des arbres qui n’existent pas en pépinière et les pépinières qui parfois prennent des risques à la plantation ne vendent pas leurs arbres : seul le dialogue permet de mettre en adéquation l’offre et la demande ».
Or, on n’a pas conscience de la vitesse à laquelle le climat est en train de changer. La question de l’habitabilité des villes est posée, comment pourra-t-on supporter les 50 ou 55 °C prévus dans certaines cités ? « Nous avons travaillé sur le sujet après 2003, explique Frédéric Ségur, en agissant sur différents leviers. L’arbre en est un qui est efficace, surtout s’il est correctement alimenté en eau ».
Thomas Bur est co-fondateur d’Urbasense, une entreprise qui « aide les végétaux à s’installer en ville ». Dans un milieu de plus en plus hostile. Une méthode fiable de mesure de l’appareil racinaire a été mise au point, avec des capteurs, pour rendre l’eau la plus efficace possible. Ces mêmes capteurs permettent de valider la reprise effective de l’arbre, une méthode a aussi été mise au point pour mesurer le stress des arbres.

Planter au bon endroit et dans de bonnes conditions les bonnes espèces en se donnant les moyens de bien les arroser, la bonne recette pour verdir la ville de demain ? Certains points qui semblent simples seront peut-être plus compliqués à mettre en œuvre, comme le choix des espèces, par exemple, alors que les maladies et ravageurs sont de plus en plus invasifs. Mais si le dialogue interprofessionnel est efficace, au moins la profession se donne-t-elle les moyens d’avancer efficacement vers l’objectif !

Pascal Fayolle.

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