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Gazons Après la crise sanitaire, les tendances vont s’amplifier

Faute d’agents en nombre suffisant pour entretenir les espaces, beaucoup de sites ont vu l’herbe se développer à des niveaux auxquels les riverains n’étaient pas habitués. ©F. ARNOULD

De mars à mai 2020, les tondeuses n’ont quasiment pas été de sortie dans les villes de France. Cela pourrait modifier les habitudes des gestionnaires et le cadre de vie des habitants.

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Nous sommes dans une ville de l’ouest de la France, début mai. Les tondeuses reprennent lentement leur place dans les quartiers, avec un objectif, discipliner un peu des pelouses devenues hirsutes. Au service des espaces verts, on reçoit deux courriers d’habitants insatisfaits.

Le premier ne comprend pas que l’on n’ait pas compris les leçons du confinement : une pelouse non tondue est une pelouse plus riche de fleurs et d’insectes, et il faut moins entretenir ce type d’espace. Le second ne comprend pas que les gazons n’aient pas été tondus pendant cette période particulière : il n’était tout de même pas difficile de réaliser ce type d’intervention en respectant les règles de distanciation sociale, chaque agent étant seul au pilotage de sa machine…

La scène illustre bien le débat qui règne autour des pelouses depuis une trentaine d’années que la gestion différenciée des espaces verts est arrivée dans notre pays. Les campagnes de communication des villes, de plus en plus efficaces ont permis de mieux faire accepter des pratiques plus extensives, mais tout le monde n’est pas encore prêt à voir ses habitudes changer, ou à tolérer des herbes hautes autour des immeubles.

Changer le regard des citoyens et avoir le soutien des élus

En avril, Plante & Cité a mené une enquête pour mesurer l’impact de l’épidémie de Covid-19 sur les services des collectivités. Un compte rendu complet en a été proposé le 6 mai sous forme de « webinaire », séminaire rassemblant un public nombreux sur internet (compte rendu complet dans le Lien horticole 1096 de juin dernier, pages 32 et 33).

L’enquête montre que la gestion des couverts enherbés a été loin d’être négligée pendant le confinement : elle a été la seconde activité maintenue, après l’arrosage (mars et avril ont été des mois beaux et secs cette année).

Néanmoins, faute d’avoir un nombre d’agents suffisants pour entretenir les espaces, beaucoup de sites ont vu l’herbe se développer à des niveaux auxquels les riverains n’étaient pas habitués, d’où les réactions des habitants et le débat un peu philosophique qui s’ensuit.

En avril, un gestionnaire d’une grande ville du sud de la France nous confiait espérer que le confinement avait permis de changer le regard des gens et que de vraies fauches tardives pourraient être pratiquées les prochaines années, au bénéfice de la biodiversité. Mais il n’y avait aucune certitude dans le ton qu’il utilisait, sachant que les élus ne sont pas toujours assez aguerris pour tenir bon face aux revendications des citoyens les plus revendicatifs qui veulent parfois des parcs et jardins tenus au cordeau.

Moins de pression des citoyens

Le contexte particulier de l’année 2020 fera-t-il accélérer les changements de pratiques d’entretien que l’on constate depuis les années 1990, à savoir extensification de la gestion des espaces verts, fauches plus tardives, utilisation d’animaux pour réguler le développement de l’herbe… ?

On peut penser que oui. Parce que la mentalité des urbains évolue, et que la pression sur les élus pour des espaces entretenus de manière très intensive sera moins forte.

L’offre des fournisseurs de graines pour engazonner ces espèces devra évoluer en conséquence, mais la tendance a déjà été largement anticipée !

Pascal Fayolle.

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